Je suppose que vous avez déjà entendu parler "d'auto-entrepreneur" ? Peut-être que vous rêvez de vous mettre à votre compte, de devenir entrepreneur, mais vous ne savez pas comment vous y prendre.
Comme je vous comprends ! 😁
Il faut avouer que l'entrepreneuriat fait autant rêver qu'il ne fait peur. C'est la liberté, oui : on n'a plus de boss. Le boss, c'est vous. Mais qui dit liberté dit aussi responsabilité. Vous ne pouvez pas avoir l'un sans l'autre. Et c'est ça, je pense, qui peut faire peur : de quoi allez-vous être responsables lorsque vous serez auto-entrepreneurs ? Que se passe-t-il si vous oubliez de transmettre des documents ? (réponse : on vous coupe la tête 🙃 )
... Mais non ne partez pas comme ça, je plaisante !
Pour devenir entrepreneur, il n'y a pas 150 façons de faire : il faut se lancer. Ce cours va vous servir de guide sur tous les aspects administratifs. A la fin, nous aurons créé notre auto-entreprise. Et vous allez voir que ce n'est pas si monstrueux que vous voulez bien le croire !
Dans ce premier chapitre, nous allons faire un tour d'horizon des choix auxquels l'entrepreneur est confronté. Nous ne parlerons pas vraiment d'auto-entrepreneur pour le moment (ce sera l'objet du chapitre suivant), mais ça va beaucoup nous aider à comprendre la suite !
Les choix que doit faire un entrepreneur
Partons de la base. Partons de vous. Je ne sais pas comment vous vous appelez, alors je vais prendre un nom générique bien français... vous vous appelez Jeanne Dupont. 🇫🇷
Jeanne souhaite créer une entreprise car elle veut vendre le développement d'applications mobiles.
Et Jeanne, surtout, se demande comment ça marche. Il y a tellement de choix à faire qu'on peut vite s'y perdre.
Voici tous les choix que Jeanne va avoir à faire lorsqu'elle va créer son entreprise :
Oh mon dieu ! Je ne comprends pas UN mot de tout ça et je dois faire tous ces choix quand je crée une entreprise ?! Je ne vais jamais y arriver au secouuurs ! 😱
Pas de panique. Pourquoi ? Tout d'abord parce que j'étais comme vous il n'y a pas si longtemps, et qu'après un peu de recherche j'ai compris. Pas tout dans le détail, mais suffisamment pour vous résumer l'essentiel qu'il faut savoir.
Tout d'abord, il y a des options fiscales et sociales :
Options fiscales : c'est, en gros, tout ce qui vous lie aux impôts. Vous savez, ceux qui vous demandent de payer l'impôt sur le revenu une fois par an ? Oui, c'est les mêmes. 😉
Options sociales : ce sont les cotisations que vous devez payer pour financer l'assurance maladie, la formation, les retraites... Bref, c'est de l'argent que vous allez mettre dans un "pot commun".
Laissez-moi vous décrire brièvement ces options.
Forme juridique
C'est la forme de l'entreprise sur le plan juridique. Quoi, ça ne vous avance pas beaucoup ? Je suis sûr que vous avez déjà entendu parler de SARL, SAS, SA... Ce sont des types d'entreprises différentes.
L'EI, par exemple, signifie "Entreprise Individuelle". C'est une des formes les plus simples. Si Jeanne crée une EI, celle-ci portera obligatoirement son nom (Jeanne Dupont) car sous cette forme l'entrepreneur et son entreprise sont indissociables.
L'EIRL (Entreprise Individuelle à Responsabilité Limitée) est identique, à la différence près que l'entrepreneur crée une sorte de mur entre lui et l'entreprise, pour éviter qu'il soit personnellement responsable des dettes de son entreprise.
Les autres formes sont généralement utilisées pour des entreprises un peu plus grosses. Beaucoup d'entreprises de taille moyenne avec plusieurs associés sont des SARL. Quant à l'EURL, c'est une SARL avec un seul associé.
Si vous ne savez pas quoi choisir, pas de panique. La solution arrive un peu plus loin. 😊
Types de revenus
Vous avez le choix entre :
BIC : Bénéfices Industriels et Commerciaux. A sélectionner si vous comptez vendre des biens matériels, comme ce superbe vase que vous avez conçu de vos mains. 🏺
BNC : Bénéfices Non Commerciaux. A sélectionner si vous comptez vendre du conseil, des prestations de service, etc. C'est ce que va choisir Jeanne qui veut développer des applications mobiles ! 📱
Régime fiscal
Vous avez le choix entre :
Déclaration contrôlée : c'est le cas "normal" classique de la plupart des entreprises. Vous paierez des impôts sur vos bénéfices. Cela signifie que vous devez calculer vos recettes (votre chiffre d'affaires) mais aussi vos dépenses. S'il vous reste de l'argent à la fin (des bénéfices), vous en devrez une partie aux impôts.
Mine de rien, ce régime fiscal demande du travail car il faut tenir une vraie comptabilité. Vous êtes comptable ? Non parce que moi pas du tout. 😶
C'est pour ça qu'il existe une autre option plus simple...Régime spécial (de la micro-entreprise) : dans ce régime simplifié, vous n'avez pas besoin de calculer vos bénéfices. On vous fera payer des impôts sur une partie de votre chiffre d'affaires. Avantage : c'est très simple à calculer, pas besoin de tenir une comptabilité. Défaut : ce n'est valable que pour les entreprises qui ne font pas beaucoup de chiffre d'affaires.
Si vous débutez et que vous hésitez, je vous recommande le régime spécial "simplifié", car il y a beaucoup moins de paperasse. Sachez que vous ne devez pas dépasser un plafond de chiffre d'affaires, qui dépend de vos types de revenus :
BIC (le vendeur de vases) : 170 000 €
BNC (le vendeur d'applications mobiles) : 70 000 €
TVA
Vous connaissez la TVA ? C'est une taxe que l'on paie sur tout ce qu'on achète. Elle est de 20% pour la plupart des objets (oui, 20% du prix de votre voiture part à l'Etat), et elle est réduite dans certains cas (restauration par exemple).
En tant qu'entrepreneur, devrez-vous faire payer la TVA à vos clients ? Et donc calculer un prix HT (Hors Taxes) et un prix TTC (Toutes Taxes Comprises) ? La réponse peut être :
Non (franchise de TVA) : vous ne facturez pas la TVA à vos clients. Si vous vendez votre application mobile 1000€, votre client vous paiera 1000€, vous ne reverserez pas de TVA à l'Etat. Ce choix est automatique lorsque vous êtes en régime spécial (de la micro-entreprise).
Oui (simplifié) : vous facturez la TVA à vos clients, qu'il faudra reverser à l'Etat. Mais ce n'est pas tout : quand vous faites des achats pour les besoins de votre entreprise (un ordinateur de travail par exemple), vous pouvez déduire cette TVA de la TVA que vous avez facturée. Au final, vous ne payez pas la TVA sur vos achats ! 😀
Le problème, c'est qu'il faut calculer la différence entre la TVA que vous facturez et celle que vous payez sur vos achats. Ca demande du travail. En version simplifiée, vous ferez des acomptes tous les trimestres.Oui (normal) : même chose, sauf que vous devrez faire le calcul de TVA chaque mois. C'est beaucoup plus de travail et ça ne concerne que les entreprises les plus grosses qui font plusieurs centaines de milliers d'euros de chiffre d'affaires annuel.
Cotisations sociales
Comme je vous le disais, vous devrez payer des cotisations sociales (en plus des impôts) pour financer le "pot commun", c'est-à-dire les retraites, les formations, l'assurance maladie, etc.
Dans la quasi-totalité des cas, l'URSSAF est l'interlocuteur qui s'en charge. C'est lui qui récolte vos cotisations sociales.
Dans certains cas, vous pouvez avoir affaire à :
La MDA (Maison des Artistes) : si vous êtes un auteur d'oeuvres plastiques et graphiques. Ce sera votre interlocuteur si vous êtes peintre, sculpteur, graphiste...
L'AGESSA (Association pour la Gestion de la Sécurité Sociale des Auteurs) : si vous êtes musicien, écrivain, cinéaste...
La MDA et l'AGESSA peuvent être plus avantageuses que l'URSSAF (vous payez moins de cotisations).
Et l'auto-entrepreneur dans tout ça ?
L'auto-entrepreneur ? Ah oui, j'allais oublier, c'est pour ça que vous êtes là ! 😁
En fait, si je vous ai expliqué tout ça, c'est parce que ça va beaucoup vous aider à comprendre ce que signifie "être auto-entrepreneur".
Allez suivez-moi, on parle de l'auto-entrepreneur dans le prochain chapitre ! ➡