Le sourcing est donc la seconde étape du processus de recrutement.
Il ne peut fonctionner que si des offres d'emplois existent et si des candidats sont en recherche d'emploi ou prêts à changer de job.
La rencontre de l'offre et de la demande d'emploi s'appuie sur un marché du travail propice et dynamique !
L'époque est complexe pour de multiples raisons que nous allons examiner.
Nous découvrirons les cartes que vous avez en main pour jouer la partie, vos atouts, mais aussi les cartes difficiles à placer qui nécessiteront toute votre attention !
Des chômeurs en grand nombre
Malgré une légère baisse enclenchée au second trimestre 2015, le taux de chômage reste élevé en France, toujours voisin des 9% de la population active. Il touche principalement les jeunes, les seniors, les travailleurs peu qualifiés.
Concernant le sourcing, peut-on parler d'opportunités pour trouver plus facilement des candidats ? La réponse est à nuancer.
L'emploi des jeunes
Le taux de chômage des 20-24 ans s'est emballé dans les années 80 pour ne plus descendre en-dessous des 20% depuis 2010. Au sein de l'Union Européenne, en 2017, la France est dans la seconde moitié du classement devant l'Espagne, la Grèce, l'Italie et la Croatie.
De nombreuses mesures ont été mises en place par les différents gouvernements afin de favoriser l'insertion dans les entreprises : stages, alternance, contrats aidés. À ce jour, rien n'y fait ! Beaucoup d'espoirs sont placés dans l'apprentissage, notamment pour les moins diplômés. Malheureusement, trop de contrats d'apprentissage ne débouchent pas sur une embauche ; par ailleurs, environ 1 contrat sur 3 est rompu en cours de formation.
L'entrée sur le marché du travail reste compliquée, malgré une augmentation de la durée des études supérieures. On constate que plusieurs facteurs se cumulent pour ces jeunes, notamment une absence de mobilité géographique ; très peu jouent la carte du changement de région ou, pire 
, du changement de pays au sein de l'UE.
L'emploi des seniors, encore fragile
Démographiquement, de plus en plus de seniors (tranche d'âge de 50 à 64 ans) sont sur le marché du travail ; en partie issus du baby-boom et dépendants d'un âge de départ à la retraite qui recule périodiquement, certains continuent à travailler même à temps partiel en tant que retraités !
On constate une évolution positive des mentalités et du marché du travail, puisque le taux d'emploi des 55/64 ans est passé de 37,9% début 2008 à 50,3% en 2017.
Le taux d'emploi représente le nombre de personnes d'une tranche d'âge en emploi, rapporté au nombre total de personnes de cette même catégorie d'âge, chômeurs et inactifs inclus.
Le marché du travail des seniors est caractérisé par la précarité :
des embauches en entreprise environ 50% inférieures aux 30-49 ans ;
une grande vulnérabilité à la conjoncture économique ;
une mobilité entre employeurs très faible ;
une grande difficulté à retrouver un emploi en cas de chômage pour les plus de 55 ans.
Des emplois peu qualifiés, les travailleurs précaires
En France, on constate que plus de 3 emplois sur 4 sont dans le secteur tertiaire ; en parallèle, la destruction des emplois dans l'industrie et l'agriculture se poursuit.
Une partie importante de la population active se trouve donc écartée du marché du travail par absence de compétences adaptées aux métiers du service. Un fort enjeu de formation et de requalification repose sur les épaules du gouvernement et des entreprises.
L'observatoire des inégalités évalue à plus de 6 millions le nombre de personnes fragilisées face à l’emploi, en regroupant : les chômeurs et les travailleurs précaires (intérim, CDD).
Observatoire des inégalités - inegalites.fr
Les inégalités régionales s'accentuent
Faire du sourcing dans certaines régions peut s'avérer compliqué.
Soit parce que les entreprises n'embauchent pas, la région étant sinistrée en tant que "bassin d'emplois" ; soit les candidats sont rares, ils n'ont pas envie de venir travailler dans ces régions ou localités.
Les disparités s'accentuent. Aujourd'hui, les bassins d'emplois dynamiques sont devenus évidents. Ils drainent les emplois, les logements, les infrastructures de transport, d'enseignement, d'infrastructures de santé, culturelles… Bref, pour beaucoup de gens, ce sont les endroits où il fait bon vivre.
Bien évidemment, l'Ile de France représente une grande partie de l'activité économique et a offert plus de 50000 emplois en 2016. Les sièges de nombreuses grandes entreprises y sont installés et les infrastructures sont là pour faciliter les échanges nationaux et internationaux.
En région, les villes bien desservies par les transports (le TGV notamment) tirent plutôt bien leur épingle du jeu, surtout si elles sont proches de la mer ; elles offrent une qualité de vie alliée à un coût de la vie qui tente de nombreuses familles.
En top du classement, Bordeaux, Strasbourg, Toulouse et Rennes sont les villes les plus généreuses en offres d'emplois.
L'essor du digital peut changer la donne en offrant de plus en plus d'emplois "on line", où la seule condition est d'avoir les compétences, une bonne connexion web et de venir sur site régulièrement.
Baromètre : découvrez les secteurs et les villes qui recrutent le plus en France - regionsjob.com
Des métiers en tension
Certains métiers, et pas seulement dans le secteur informatique, peinent à trouver des candidats. Vous aurez du mal à sourcer des postes dans l'hôtellerie et la restauration, notamment dans l'encadrement.
Nos ingénieurs sont aussi très recherchés, leur formation est appréciée à l'étranger et ils s'exportent très bien ! L'électronique, les réseaux et les télécoms, l'informatique, le BTP, l'hydraulique, bref presque tous les secteurs manquent de candidats et rencontrent des problèmes de sourcing.
En RH, les experts de SIRH et de datas RH sont réclamés et ce n'est qu'un début…
L'augmentation de l'espérance de vie crée et continuera à créer de nombreux besoins dans les métiers de la "silver-economy" (l'économie des cheveux blancs) : les loisirs, la santé, les services de soin et d'aide aux personnes.
On trouvera aussi des tensions dans les métiers commerciaux, où le sourcing peut s'avérer complexe, s'appuyant sur des "tempéraments" autant que sur des diplômes.
Le secteur du bâtiment, que l'on estime être le baromètre de la santé économique, peut lui aussi avoir des difficultés à recruter ; la pénibilité du travail en est une raison.
Le marché se transforme de plus en plus vite
En matière de marché du travail, tout change très vite à différents niveaux !
Et ceci est d'autant plus vrai que le marché se mondialise, amenant des flux de transformation encore plus puissants ; ce qui se passe aux USA, en Chine ou ailleurs ne met plus 10 ans à se déployer en France !
Les métiers apparaissent et disparaissent
Tout d'abord, les métiers se transforment très rapidement. Certains disparaissent, d'autres apparaissent.
La plupart des métiers du digital étaient inexistants voilà 10 ans ; aujourd'hui, ils sont porteurs de nombreuses offres d'emploi et se développent très rapidement.
Métiers du digital à suivre - pole-emploi.fr
La délocalisation de certains métiers a amené leur quasi disparition en France. Un exemple : les centres d'appels délocalisés au Maroc, en Inde ou ailleurs.
Les référentiels métiers sont obsolètes de plus en plus rapidement et posent un vrai problème de mise à jour pour maintenir leur crédibilité. D'ici 2030, il est dit que 50% des métiers sont appelés à se transformer en profondeur ou à disparaitre en raison de l'automatisation des tâches.
Quelques exemples de métier appelés à se transformer, notamment avec l'arrivée des robots : le pharmacien, l'agent de sécurité, le chauffeur de taxi, le magasinier, le médecin et le chirurgien, le serveur, l'ouvrier de production, le professeur…
Le métier de recruteur est concerné ; de nombreux logiciels prennent déjà en charge des phases de sourcing et de sélection.
Le digital bouleverse les modes de travail
De nombreux métiers ont été transformés, en l'espace de quelques années, par l'automatisation des tâches ; un gain de temps et de productivité est évident, même si l'adaptation des compétences peut s'avérer complexe dans certains environnements de travailleurs peu qualifiés.
Nous l'avons vu, des métiers disparaissent, tels que les rédacteurs de contrats d'assurances ou certains métiers comptables et bancaires. Dans l'industrie, ce sont les métiers ouvriers qui ont le plus souffert.
En RH, les gestionnaires de paie n'ont plus à calculer la paie, ils se contentent de fournir les éléments variables, puis de contrôler qu'ils ont bien été pris en compte.
Nous sommes à l'aube de l'utilisation massive des datas et de l'intelligence artificielle. Une révolution de l'organisation du travail est en train de s'organiser.
Le digital permet aussi de travailler de là où l'on est, décloisonnant ainsi de nombreuses régions et développant de nouveaux modes de travail. Le "home office" est désormais intégré dans de nombreuses entreprises et favorise l'essor des free-lances.
Les jeunes talents sont volatiles et difficiles à séduire
Les grandes entreprises ne séduisent plus autant qu'avant ! Les jeunes talents sont plus exigeants quant à la qualité de leur cadre de travail, le style de management, l'agilité des modes de fonctionnement ou l'équilibre vie professionnelle et vie privée.
Ils sont plus volatiles, n'hésitant pas à changer de job quand ils s'ennuient ou que leur style de vie ne leur convient pas.
Ils ont de plus en plus souvent intégré des entreprises à l'autre bout du monde lors de stages ou de voyages. S'expatrier est plus fréquent, même si les français restent encore souvent attachés à leur pays ou à leur région.
Le CDI est un "graal" difficile à décrocher ; on voit émerger dans les nouvelles entreprises du digital des offres nombreuses, un peu moins bien payées mais séduisantes par l'aventure qu'elles proposent.
Plusieurs alternatives séduisent ces jeunes talents souvent bien formés :
la création de sa startup et souvent l'intégration dans un co-working ou un incubateur ;
la micro-entreprise pour travailler en mode collaboratif et indépendant ;
la multi-activité, c'est-à-dire occuper plusieurs jobs à temps partiel.
Ce qui les intéresse, c'est apprendre, rencontrer, expérimenter, s'adapter… Un vrai défi pour les DRH et les dirigeants d'entreprises !
En résumé
Le marché du travail est en évolution constante et c'est l'univers du sourcing.
L'offre et la demande d'emplois seront très différentes et parfois difficiles à gérer selon les régions, les métiers et même les générations.
Avant de sourcer, vous devrez analyser attentivement le marché qui vous intéresse : les tendances, la concurrence, les salaires pratiqués.
Plus vous serez dans l’anticipation de ces évolutions et plus vous serez perspicace et pertinent dans votre stratégie de sourcing.
