Vous pouvez opter pour une société (EURL ou SASU) pour votre activité de travailleur indépendant si vous nourrissez de grandes ambitions, ou si votre entreprise est déjà devenue prospère.
Il y a de nombreux avantages dans une création de société. La responsabilité est limitée aux apports (capital social) et les charges sont déductibles du chiffre d’affaires. Cela peut aussi se retrouver dans l’EIRL. Cependant, à la différence des entreprises individuelles, les sociétés permettent :
de faire évoluer son activité de freelance en cas de croissance ou de nouveaux projets,
de réaliser des opérations de capital plus facilement,
et de se rémunérer généreusement lorsque le chiffre d’affaires est élevé, en optimisant l’imposition et les charges.
Faites évoluer votre activité de travailleur indépendant avec une société
Peut-être débutez-vous votre entreprise avec l’ambition de la faire grandir en dehors du versement de votre salaire, c’est-à-dire en recrutant des collaborateurs, en ayant des associés, et en changeant le modèle économique de votre entreprise.
En effet, être freelance est une excellente façon de tester un marché avant d’y développer des services plus larges. Voici les différentes façon d’appréhender la croissance de votre société :
Créez une agence
Vous pouvez créer une agence. Celle-ci proposera des services dans votre domaine d’activité à l’aide de salariés ou de freelances auxquels vous externaliserez des missions.
À ce titre, votre entreprise sera rémunérée pour sa recherche de clients, la gestion de projet, la tenue administrative, et le service client. En général, les agences conservent 40 à 60 % du budget d’une mission, et rémunèrent les salariés ou freelances 40 à 60 % du montant global facturé au client final.
Par exemple, si vous êtes attaché de presse en freelance, vous pourrez faire grandir votre activité en agence de relations presse.
Transformez votre activité en entreprise de production
Vous avez également l’option de faire évoluer votre activité en entreprise de production de services ou de biens, dans votre secteur d’activité.
Par exemple, vous pourriez ouvrir un commerce, développer des logiciels en ligne, ou faire de l’achat-revente de produits.
Associez-vous
Vous pouvez vous associer avec d’autres entrepreneurs et freelances afin de joindre vos forces (et vos ressources). Cela permet notamment d'agrandir votre liste de services pour éventuellement atteindre des clients plus importants, tels que les entreprises du CAC40 ou des institutions publiques.
Réalisez des opérations de capital
Les opérations de capital sont toutes les opérations qui concernent la répartition et la valeur des parts sociales de la société (le capital social).
L’opération de capital la plus fréquente est l’entrée d’associés dans la société, mais il peut aussi s’agir de la vente de cette société. En entreprise individuelle, vous ne pouvez pas “partager” l’entreprise ou la vendre puisqu’elle fait partie de vous (personne physique). Les patrimoines ne sont pas distincts. En revanche, vous pouvez céder une partie ou la totalité des parts sociales de votre société à des tiers.
Pour l’EURL, c’est le Code de Commerce qui fixe les conditions de transmission des actions.
Cependant, pour la SASU, des règles spécifiques peuvent être écrites dans les statuts. Les parts sociales peuvent également être cédées très facilement (changer de propriétaire, partiellement ou totalement) par assemblée générale, puis enregistrement aux impôts et inscription sur le registre de mouvements de titres.
C’est l’idéal si, par exemple, vous souhaitez constituer une startup ou une agence dans laquelle vous aimeriez associer vos salariés et leur racheter leurs parts s'ils partent de l’entreprise.
La vente de ces actions peut correspondre à plusieurs réalités :
départ à la retraite,
ajout d’associés à l’entreprise (partenaires, salariés…),
levée de fonds (vente de parts sociales à des investisseurs pour avoir des ressources financières pour développer l’entreprise).
Ces opérations de capital peuvent permettre d’augmenter le capital social de votre entreprise (si vous décidez de créer de nouvelles actions, ce qui est possible avec une société). Vous pouvez donc commencer “petit” et grossir au fil des années en faisant entrer des personnes tierces selon les besoins de votre activité.
Optimisez votre rémunération et votre imposition
En société, tous les paiements des factures que vous émettrez à vos clients constitueront votre chiffre d’affaires.
Que vous soyez en EURL ou en SASU, votre chiffre d’affaires ne sera pas considéré comme votre rémunération. Pour vous rémunérer, vous devrez vous verser des salaires. Ils seront considérés comme des charges (dépenses) pour l’entreprise. Vos salaires feront l’objet de cotisations sociales qui s’ajoutent aussi aux charges.
Ces salaires chargés seront donc ajoutés à la liste de toutes les dépenses de l’entreprise. Ce montant total sera déduit du chiffre d’affaires pour évaluer le bénéfice.
Avec un statut de société, vous bénéficierez d’une grande souplesse pour optimiser vos revenus.
Votre bénéfice peut être positif ou négatif (pertes). Vous n’êtes pas obligé de vous verser ce bénéfice (il peut être gardé en réserve dans votre entreprise). Cependant, vous pouvez aussi choisir de vous le verser en dividendes (à la fin de votre année d’exercice comptable, quand vous réalisez le bilan). Enfin, vous pouvez opter pour l’imposition de ces bénéfices selon l’impôt sur les sociétés (15 % jusqu’à 38 120 €, 28 % jusqu’à 75 000 € puis 33 %).
Avec l’EURL et la SASU, vous avez aussi l’option de payer l’impôt sur ces bénéfices au titre de votre impôt sur le revenu. Si vous avez un bénéfice négatif (une perte), vous pouvez ajouter cette perte aux revenus de votre foyer fiscal et diminuer vos impôts.
Vous avez découvert, dans ce chapitre, pourquoi certains travailleurs indépendants choisissent un statut de société. Dans les prochains chapitre, nous explorerons les deux options les plus pertinentes pour un freelance : l’EURL et la SASU.