Évitez la malédiction de la connaissance
Dans le domaine de la cuisine, savez-vous ce que signifie “cuire à l'anglaise" ? Non ? Cela consiste à cuire quelque chose dans l'eau bouillante salée. Si vous ne le saviez pas, vous voilà potentiellement largué dans une formation de cuisine où vous allez être vite débordé par le contenu pédagogique.
Mais, dans une formation, comment éviter de saturer nos apprenants dans leur capacité à traiter de nouvelles informations ?
En tant que formateurs ou concepteurs, nous sommes confrontés à la malédiction de la connaissance. Nous sommes victimes de notre propre illusion selon laquelle nous pouvons transmettre toute notre expertise, et que les apprenants vont tout comprendre et mémoriser.
Dans les situations d’apprentissage, la malédiction de la connaissance pousse les experts à adopter des approches pédagogiques centrées sur les expertises, plutôt qu’une approche centrée sur les apprenants et leurs capacités d’apprentissage.
Par exemple, nous rencontrons des difficultés à enseigner à des novices, car nous ne nous souvenons plus, ou difficilement, des difficultés que nous avons éprouvées lorsque nous étions nous-mêmes débutants.
Typiquement, nous simplifions les contenus de formation en les tronquant et en faisant l’impasse sur certaines notions. Cela relève encore d’une approche centrée sur les expertises.
Alors que selon une approche centrée sur les capacités d’apprentissage, simplifier le contenu consiste surtout à le rendre plus digeste pour le cerveau, et plus mémorable pour les apprenants.
Illustrons ces erreurs commises couramment, avec notre exemple de formation de cuisine :
Pour expliquer comment préparer la sauce béchamel, indispensable au plat de lasagnes, un chef cuisinier pourra utiliser l’expression jargonneuse : “Prenez une maryse pour travailler le beurre en pommade". Cela signifie : prendre une spatule pour malaxer et ramollir le beurre.
Si les apprenants commencent à se sentir perdus à cause d’informations peu familières, leur sauce béchamel risque de se figer ou de faire des grumeaux.
Pour simplifier le contenu pédagogique, le chef cuisinier est susceptible de conseiller aux apprenants d’acheter la sauce béchamel ou la sauce tomate déjà préparée dans le commerce. Et voilà comment une étape clé de l’apprentissage peut être tronquée !
Stimulez l’encodage profond des informations
Les souvenirs et les connaissances acquis dans les situations d’apprentissage sont représentés dans le cerveau par des traces créées en mémoire.
Vous allez apprendre, dans ce chapitre, à :
Structurer le contenu pédagogique pour stimuler l’encodage profond ;
Aider les apprenants à créer des traces fortes en mémoire.
Il existe 2 répertoires de méthodes neuropédagogiques pour stimuler l’encodage en mémoire lorsque les apprenants découvrent un contenu pédagogique :
Structurer le contenu pour réguler les capacités limitées à manipuler de nouvelles informations ;
Organiser le contenu pour guider l’attention et aider les apprenants à rester concentrés et focalisés sur les informations clés.
Déployez la neuropédagogie dans tous vos contenus pédagogiques
Les méthodes pour stimuler l’encodage profond peuvent être appliquées dans toutes les situations d’apprentissage où il y a du contenu pédagogique à fournir aux apprenants : les cours, les capsules vidéo, des livrets, des fiches récapitulatives, et même les instructions des activités pédagogiques.
Ces méthodes neuropédagogiques sont indispensables pour appliquer la pédagogie descendante, en particulier pour les experts qui transmettent du contenu pédagogique dense.
Qu'est-ce qu'une capsule vidéo ?
Bonne question ! C'est tout simplement une vidéo intégrée dans le contenu, comme celle où je m'adresse à vous au début de ce chapitre.
À vous de jouer !
Mettez-vous un instant à la place des apprenants dans une formation de cuisine sur la préparation des lasagnes.
À votre avis, à quel moment les apprenants sont-ils susceptibles de se sentir surchargés par de nouvelles informations ? Au début, au milieu ou à la fin de la formation ? À quel(s) moment(s) leur attention est-elle susceptible de décrocher ?
En résumé
En tant que formateurs ou concepteurs, nous sommes victimes de la “malédiction des connaissances”, et nous créons des formations centrées sur notre expertise.
Les apprentissages sont facilités par la stimulation de l’encodage profond.
Les méthodes neuropédagogiques vous aident à structurer votre contenu pédagogique pour stimuler l’encodage profond.
Rendons, dans le prochain chapitre, votre contenu pédagogique digeste pour le cerveau, et aussi onctueux qu’un plat de lasagnes réussi !
