Dans ce chapitre, je vous présente les mesures de sécurité physique à appliquer, en cohérence avec les mesures de sécurité logique (cyber).
Assurez la cohérence entre les mesures cyber et physiques
Le RSSI reste souvent dans le monde cyber et se focalise sur les mesures organisationnelles, d'architectures ou de durcissement des systèmes. Il oublie parfois que l'attaquant peut rechercher un accès physique pour compromettre un systèmes. Une attaque physique peut mener soit à un impact ponctuel (dénis de service, vol de données), soit être le premier maillon d'un APT : dans ce dernier cas, l'attaquant mène une première attaque physique (rentrant dans l'étape de compromission initiale) pour continuer ensuite dans le monde cyber (étapes de propagation latérale et suivantes).
Les trois types de mesures de sécurité
Tout comme dans le monde cyber, les mesures de sécurité peuvent être catégorisées entre mesures de protection (ex : cloisonnement et filtrage au travers d'un pare-feu), détection (ex : traitement des journaux cybersécurité) et réaction (ex : traitement d'incident), les mesures de sécurité physique peuvent suivre les mêmes étapes. Voici des exemples de mesures pouvant être mises en œuvre :
Protection
Protection du périmètre du site ou du bâtiment, limitation des zones d'entrée et sortie
Contrôle d'accès par badge, accès plus restreints à certains locaux
Barreaudage de fenêtres ou utilisation de verre sécurité
Utilisation d'armoires fortes pour stocker certains documents ou supports de données (ex : sauvegardes)
Détection
Agents de sécurité contrôlant les accès, vérifiant le port du badge apparent avec photo, rondes
Vidéosurveillance
Détecteurs de bris de glace ou d'ouverture de porte
Détecteurs volumétriques, de franchissement de clôtures
Réaction
Déroulement de procédures en cas de détection (ex : déclenchement de détecteur volumétrique en heure fermée dans une salle serveur).
Définissez des zones de sécurité
Tout comme les principes cyber d'architecture ont mené à définir des zones logiques avec un cloisonnement et un filtrage adapté, des zones de sécurité physique peuvent être définies pour graduer les mesures appliquées en fonction de l'impact potentiel de l'accès physique à certains systèmes. Ensuite, en fonction de la zone, des mesures de sécurité plus ou moins restrictives peuvent être associées. Par exemple :
Zone jaune - Poste informatique lambda : l'accès à la zone de travail où se situe le poste de travail est restreint par badge.
Zone orange - Répartiteur réseau, serveur d'application métier non critique : L'équipement est hébergé dans une zone dont l'accès est restreint uniquement aux administrateurs de ces systèmes et dont le passage unitaire des personnes est contrôlé.
Zone rouge – Serveurs d'infrastructure ou métier critiques, équipements de sécurité : En complément des mesures de la zone orange, une surveillance vidéo en temps réel doit être assurée.
Protégez-vous des sinistres
En effet, ils peuvent créer un impact important en matière de disponibilité ! Les sinistres peuvent avoir des causes très diverses, allant de l'incendie, le dégât des eaux, jusqu'au coup de pelleteuse dans l'arrivée électrique de votre salle serveur ou la fibre qui vous relie à Internet...
Protection contre les incendies : détection et extinction automatique
Protection contre les dégâts des eaux : détection d'eau ou d'humidité, localisation de locaux (en particulier, les salles serveurs) hors de zones exposées à une inondation naturelle
Alimentation électrique : diversification (source et chemin de raccordement) des arrivées électriques, onduleur et groupe électrogène
Chaleur : climatisation, détection de passage de seuil de température
Sécurité des câblages : protection des chemins de câble, diversification des raccordements, choix de zones non exposées à des travaux publics
Foudre : paratonnerre, coupes circuits.
...
Ces différentes mesures peuvent bien sûr être complétées par des locaux redondants pour héberger une réplication des systèmes les plus critiques, ainsi que le définition et mise en œuvre de plans de reprise ou de continuité d'activité.
En résumé
La sécurité physique repose sur des mesures de protection, détection et réaction.
Des zones de sécurité physique doivent être définies, en cohérence avec la sécurité logique et l'impact potentiel d'une compromission.
Les zones de sécurité physique permettent d'appliquer des mesures de manière graduée et proportionnelle à l'impact potentiel d'un acte de malveillance ou d'un sinistre.
Il ne faut pas oublier les sinistres (causes non malveillantes) : incendie, dégât des eaux, alimentation électrique, chaleur, foudre.