Pratiquer une simulation ou un jeu de rôle, c’est mettre les apprenants dans une situation qui se rapproche de conditions réelles, avec un environnement plus sécurisé. C’est un modèle simplifié mais juste de la réalité.
Une simulation va proposer à l’apprenant de jouer son propre rôle. Par exemple, un futur pilote d’avion va effectuer un certain nombre d’heures en simulateur pour travailler les procédures de décollage.
Un jeu de rôle propose à l’apprenant de prendre le rôle d’un autre. En général, le jeu se déroule sous forme de saynètes jouées par deux ou trois participants.
La phase d’analyse qui suivra le jeu est, comme dans toute activité ludopédagogique, capitale. Pour la mener à bien, vous vous appuierez sur le ressenti des acteurs et les observations des participants qui ne jouent pas.
Intérêt des mises en situation
Observer les gestes et attitudes liés à la compétence travaillée.
Prévoir les conséquences d’une situation (exemples : mise à pied, gestion de conflit…).
Développer l’interaction, la spontanéité
Intérêt de simuler son propre rôle
Être en situation est un moyen efficace de travailler les attitudes ou savoir-être.
C’est donc un très bon moyen de travailler une compétence et toutes ses composantes à la fois techniques (savoir-faire simples) et émotionnelles (savoir-être).
On peut simuler un point précis, pas forcément l’ensemble de la situation : par exemple, uniquement la phase de décollage de l’avion.
Cela permet enfin de faire des erreurs pas forcément identifiables à priori, dans un cadre sécurisé, et de les analyser. Par exemple pour apprendre à faire face à un conflit avec un de vos apprenants, faire une simulation de formation peut vous être profitable pour analyser votre réaction spontanée.
Intérêt de jouer un autre rôle
Jouer le rôle d’un autre peut permettre de ressentir et de mesurer les effets d’une parole ou d’un comportement en se situant “de l’autre côté de la barrière”. Jouer le rôle d’un apprenant en situation d'examen, pour un enseignant, est très révélateur de ce que peut ressentir l'étudiant dans cette situation.
Jouer le rôle d’un autre peut permettre de challenger d’autres apprenants en train de simuler leur propre rôle. Jouer le rôle d’un client pour votre collègue apprenti commercial va vous permettre d’imaginer les questions qu’un client pourrait poser, et ainsi permettre à votre collègue de puiser dans ses ressources face à l’inattendu.
Filmer le jeu de rôle
En faisant une captation vidéo de l'activité, vous pourrez rediffuser certains passages qui vous semblent pertinents à analyser.
De plus, certains participants ayant une faible estime d’eux-mêmes pourront prendre confiance en eux en mesurant la différence entre leur ressenti (négatif) et leur prestation réelle.
Descriptif général
TITRE | MISE EN SITUATION : | SIMULATION ET JEU DE RÔLE |
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Nombre de participants | Minimum : 4 Maximum : 16 Optimum : 10-12 | 10-12 personnes, pas plus car c'est chronophage. Et au-delà, vous risquez une certaine lassitude à voir s'enchaîner les mise en situation. |
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Objectifs envisageables
| Nature de l'objectif Application d'une compétence complexe | Niveau de Bloom d'entrée
| Moment dans la séance
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Comment préparer :
Définir l’objectif pédagogique.
Définir une situation crédible, un scénario, une consigne qui permette d'atteindre l'objectif, à la fois cadrée, mais pas trop fermée.
Définir, dans une fiche descriptive, les contours, les rôles, le timing :
le contexte : le lieu, la période de l'année, l'heure, l'historique du dossier... ;
le sujet évoqué, ainsi que son degré de complexité ;
les caractéristiques, le caractère, la fonction de l'acteur ;
pour chaque acteur, définir :
les éléments de contexte connus exclusivement par le personnage,
le comportement à adopter.
Définir les missions d’observation : on ne peut pas tout observer :
privilégiez des axes d'observation : "observez surtout tel rôle" ;
envisagez des axes d'interprétation en l'assumant : "Que pense un tel quand il fait ses gestes professionnels ?"...
Vérifier la cohérence et la faisabilité : jouez la scène dans votre tête, ou discutez-la avec un collègue et vérifiez si elle permet d'atteindre l'objectif pédagogique.
Préparer le matériel : préparez un rapide diaporama présentant les règles, la situation. Remplissez votre plan de séance détaillé, prévoyez une fiche descriptive par équipe ou par acteur.
Plan détaillé de l'activité
Le plan détaillé analysé est accessible dans ce document en ligne. Voici le plan détaillé d'activité que vous pourriez intégrer dans votre plan de séance :
TEMPORALITÉ | APPRENANT | FORMATEUR | MATÉRIEL ET RESSOURCES |
Ici, le timing est très dépendant de la scène à jouer ! | Tâche prescrite (consigne) | Rôle |
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1 minute | Phase 1 : présentation | Annoncer l'objectif : "Cela vous permettra de vous entraîner à...) | Diaporama + vidéoprojecteur |
2 minutes | Phase 2 : règles du jeu Improvisation : "impossible d'être naturel, ne cherchez pas à l'être". Bienveillance : "un jeu sans enjeux", "pas de jugement". Confidentialité : "rien ne sort d'ici". | S'assurer de l'adhésion Rassurer | Diaporama
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5 minutes Chaque équipe se prépare en même temps. | Phase 3 : préparation Préparez-vous en équipe : discutez de vos rôles, définissez le déroulement de votre scène. | Garantir l'implication des observateurs en leur donnant des axes d'observation, éventuellement différenciés. | Fiche descriptive de la situation et des rôles
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Les saynètes doivent être courtes. Si elles ne peuvent pas l'être (comme animer une réunion par exemple), il faudra prévoir des pauses "pédagogiques". | Phase 4 : jeu et observation
| Observer, et n'intervenir que : 1. Pour donner un coup de pouce si un acteur est en difficulté ; 2. Suspendre si ça tourne mal. Cadrer le timing. | Caméra éventuellement |
2-3 minutes | Phase 5 : la déclusion | Faire sortir les apprenants de leu rôle ! |
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| Phase 6 : débriefing / synthèse Là, tout type de débriefing est envisageable : à tour de rôle, sur des panneaux en équipe, prise de notes par le formateur... | Commencer par donner la parole à l'acteur le plus impliqué, puis aux autres acteurs, puis aux observateurs, "n restant dans la peau du personnage"... | Diaporama à compléter OU Paper board Éventuellement des Post-it selon le type de synthèse |
Pourquoi c’est engageant
Idées naissantes : par essence, les simulations font appel à une dose de spontanéité impliquant intuition, imagination, créativité.
Motivation : jouer son propre rôle donne utilité, sens et sentiment de compétence si cela fonctionne : l'apprenant repart de la formation avec l'impression d'avoir "déjà fait".
Implication : on y est acteur, l’implication peut être très forte. L’apprenant construit son savoir de plusieurs façons : il propose puis met en pratique une compétence, il analyse des situations, il synthétise.
Niveau de maîtrise : application en situation. Il est des savoirs qu’on ne peut intégrer par une méthode transmissive, et des compétences qu’on ne peut entraîner qu’en situation. Ce sont des activités impliquantes émotionnellement mais d’accès simple, et sans limite du point de vue du niveau de compétence montré.
Niveau d’interaction : c’est en équipe, avec des phases de jeu d’acteurs.
Risques et points de vigilance
Environnement : prévoyez suffisamment d'espace pour jouer les saynettes. Faites en sorte que l'observation soit facilitée. Une disposition de salle en U est une bonne option.
La mise en situation est très impliquante pour la personne au-delà de l’apprenant. Il faut qu’il y ait adhésion des apprenants.
L’importance des règles : soyez rigoureux, faites en sorte que vos apprenants le soient, rappelez les règles dès que nécessaire. Appuyez-vous sur la fiche descriptive des rôles.
L’animation sera fondamentale : vous ne pouvez pas être intrusif au risque de fausser la situation, mais il vous faudra sentir le moment où il faudra stopper la mise en situation si elle devient embarrassante ou conflictuelle.
La "déclusion" : l’implication émotionnelle des stagiaires peut être si forte qu’il faut absolument faire sortir les stagiaires de la situation avant de passer à autre chose (même une pause).
Il est important que tous les participants jouent au moins une fois. Mais pour certains, c’est trop impliquant, ils vont refuser. Prévoyez-leur un poste d’observation et d’analyste.
Prévoyez un plan de secours si vous sentez que votre groupe ne va pas vous suivre et s’engager dans une telle activité.
Enfin, n’oubliez pas le temps de débriefing, sans lequel l’activité perd beaucoup de son intérêt !