Maintenant que nous sommes au clair sur l’horizon de projection et sur le choix des hypothèses, il ne nous reste plus qu’à construire un modèle.
Qu’est-ce qu’un modèle ? En fait, c’est très simple : c’est un outil, généralement un classeur Excel, qui calcule et présente des projections à partir d’un jeu d’hypothèses.
Il répond aux exigences déjà vues pour tous les fichiers Excel. En particulier, il demande de distinguer, de la manière la plus claire possible, des onglets d’hypothèses, des onglets de calculs et des onglets de résultats.
La cohérence du modèle
Cela va vous demander une certaine rigueur :
Vous devrez veiller à ce que toutes les conséquences significatives de la modification d’une hypothèse soient répercutées dans votre modèle.
Par exemple, si vous modifiez votre hypothèse de nombre de produits vendus, il faut que votre modèle recalcule automatiquement les coûts de production et les coûts d’achat, les coûts d’expédition, les commissions versées aux distributeurs, etc.
Vous devrez également veiller à ce que tout ce que vous présentez comme les résultats du modèle découle bien de ses hypothèses. Cela veut dire concrètement éviter toute entrée à la main dans vos onglets de calcul.
Si vos hypothèses présentent le prix unitaire de vente et le coût unitaire d’achat d’un produit comme des drivers du modèle, alors la marge brute que vous présentez en output ne peut pas provenir d’un taux de marge que vous auriez déterminé par ailleurs et saisi dans les onglets de calcul. La logique de votre modèle, si vous présentez comme drivers un prix de vente et un coût unitaires, c’est que la marge brute résulte de la différence entre les deux. Si vous voulez calculer la marge brute à partir d’un taux de marge par produit, alors vous devez prendre ce taux de marge comme driver.
Si vous respectez ces règles de cohérence, votre modèle aura deux avantages majeurs :
il sera gérable parce qu’en suivant sa logique, vous pourrez le faire évoluer et le maintenir dans le temps ;
il sera communicable parce que vos interlocuteurs pourront comprendre cette logique et se rassurer sur sa construction.
Le choix des unités de temps
J’aimerais finir ce chapitre par une remarque pratique sur le choix des unités de temps dans vos modèles. Est-ce que vous faites des prévisions par semaine, par mois, par trimestre ou par an ? Cela revient à choisir ce que représentent les colonnes de vos tableaux.
Sur le choix des drivers, je vous avais recommandé de simplifier au maximum et de ne détailler que si c’est pertinent. Sur le choix des unités de temps, c’est un peu le contraire : je vous conseille vivement d’aller au plus fin. Pardon si cela a l’air contradictoire.
C’est que, d’expérience, il est assez simple de diviser des lignes quand cela devient pertinent, et de remplacer « ventes totales » par « ventes famille de produits A » et « ventes famille de produits B ». Mais au contraire, il est très difficile de diviser des colonnes et de passer de calculs annuels ou trimestriels en calculs mensuels.
Dans les onglets de calcul, vous aurez donc le plus souvent intérêt à travailler au mois. Dans les onglets de restitution, bien sûr, vous pourrez agréger et présenter des synthèses par période.
Une fois le modèle construit, l’élaboration de scénarios est un jeu d’enfant : on duplique le fichier Excel du modèle de base, on entre les différents jeux d’hypothèses envisagés… et il n’y a plus qu’à comparer les résultats !
En résumé
La construction du budget s’effectue généralement via des maquettes automatisées sur Excel.
Distinguez clairement les onglets d'hypothèses, de calculs et de résultats
Au-delà du budget annuel, il est utile de modéliser le budget trimestriel, voire mensuel, afin de pouvoir effectuer des analyses comparatives lors des reportings.
Sachant cela, nous pourrons aborder, au chapitre suivant, le dernier de ce cours, un point particulier et particulièrement vital de vos projections : la trésorerie.