Apprendre à échouer, cela n’est pas une matière à l’école, et pourtant, c’est indispensable pour… réussir. Dans notre société où l’on voue un culte à la performance, valoriser l’échec n’est pas une chose facile. La plupart des gens ont peur de faire des erreurs et de laisser paraître leurs faiblesses.
Pour comprendre la résilience, la première étape est donc d’apprendre à changer de point de vue sur nos échecs. Cet état d’esprit est illustré par cette citation de Michael Jordan :
« J’ai raté 9 000 tirs dans ma carrière. 26 fois, on m’a fait confiance pour prendre le tir de la victoire et j’ai raté. J’ai échoué encore et encore dans ma vie. Et c’est pourquoi j’ai réussi. »
D’autres exemples tirés de la vie de personnages célèbres nous rappellent qu’il faut échouer pour pouvoir réussir :
Albert Einstein, génie de la physique moderne, soupçonné de déficience mentale pendant l’enfance à cause de son retard de parole et de lecture, est renvoyé de l’école normale et refusé à polytechnique. Grâce à sa persévérance, il découvre E=mc2 et décroche un prix Nobel.
J. K. Rowling, l’auteure de la saga Harry Potter, mère célibataire sans revenus, dépressive, divorcée, voit ses romans refusés partout jusqu’à ce qu’elle trouve un éditeur qui en a fait l’une des auteurs les plus lues et les plus riches au monde.
Quand on analyse le parcours de personnes célèbres, on se rend compte qu’elles ont essuyé des humiliations et des échecs, qu’elles ont toutes connu des passages à vide et des déceptions. Et pourtant, cela ne les a pas empêchés d’avancer !
Assumez votre vulnérabilité
Comprenez le pouvoir de la vulnérabilité
Alors, pourquoi avons-nous si peur de nos échecs ?
Peut-être parce que nous avons la hantise de la vulnérabilité. Nous voudrions être parfaits, puissants, sûrs de nous. Nous pensons que la distance, la froideur et la maîtrise de nous-mêmes nous font paraître plus forts. Nous pensons que si nous laissons transparaître nos faiblesses, les autres nous mépriseront.
Ce que nous ne voyons pas, c’est que le verrouillage de cette partie de nous juger « faible » nous coûte beaucoup d’énergie, ce qui se manifeste par une anxiété sourde. Pour masquer notre sentiment d’insuffisance, nous nous cachons derrière une armure, ce qui nous coupe des autres et nous fait passer à côté de relations et d’opportunités qui ne reviendront jamais.
La vulnérabilité permet de faire preuve de résilience. Pourquoi ? Tout simplement parce que, selon les neurosciences, nous avons besoin, pour être des individus épanouis, de laisser s'exprimer harmonieusement le cortex frontal en charge des décisions et des actions et le système limbique, en charge des émotions. Lorsque l’on a peur de laisser transparaître sa part de fragilité, nous étouffons notre cerveau limbique, émotionnel, et nous en souffrons.
Admettre que l'on est vulnérable, c’est pour elle sortir de sa honte ou de sa culpabilité de ne pas être ou de ne pas avoir toujours été à la hauteur. C’est avoir confiance en soi et en les autres, être en mesure de lâcher prise (au lieu de vouloir toujours garder le contrôle), oser exposer ses blessures et ses échecs.
En ce sens, assumer sa vulnérabilité peut être perçu comme un parcours vers la résilience.
Devenez résilient à la honte
La honte est une émotion universelle et primitive. À un niveau chimique, ses effets sont les mêmes qu’une douleur physique.
Pour les femmes, les deux premiers déclencheurs de la honte seraient l’apparence (pas assez mince, belle, sexy) et l’évaluation de leur rôle de mère (si elles ont des enfants ou pas, et si oui, si elles arrivent à concilier leur vie de famille et leur vie professionnelle ou pas).
Les hommes, eux, vivent sous l’injonction de ne jamais paraître comme faibles ni apeurés dans leur vie personnelle et professionnelle.
Devenir résilient à la honte devient la clef de la résilience tout court. Une seule manière : oser…
Apprenez à ressentir vos émotions
Restez conscient de vos comportements de fuite ou d’anesthésie
Apprenez à affronter le malaise des émotions négatives
Évitez de vous comparer aux autres
Reconnaissez votre propre valeur
Reconnaissez honnêtement ce que vous êtes capable de faire et de ne pas faire
Faites preuve de bienveillance envers vous-même
Exercice : relisez un événement honteux
Pensez à quelque chose dans votre vie dont vous n’êtes pas fier, voire qui vous fait honte. Notez-le sur une feuille de papier. Essayez d’identifier les jugements que vous faites à propos de vous-même, relatifs à cet événement.
Maintenant, mettez-vous à la place de quelqu’un (imaginaire ou réel), qui serait un ami authentique et bienveillant, et répondez à ces questions comme si vous voyiez la situation de son point de vue :
Vu de l’extérieur, qu’est-ce que je vois de la situation ?
Qu’est-ce que je pense de mon ami(e) face à cette situation ?
Adoptez un état d'esprit de croissance
Distinguez un état d’esprit fixe et un état d’esprit de croissance
Ce n’est pas la quantité d’échecs ou de difficultés qui définissent notre capacité ou non à résister au stress et aux difficultés, mais notre état d’esprit.
Certains d’entre nous sont persuadés que nos facultés sont inscrites dans le marbre une fois pour toutes, alors que d’autres pensent que ces mêmes facultés peuvent être cultivées et se développer. Dans le premier cas, on dit de ces personnes qu'elles ont un état d’esprit fixe ("fixed mindset"), les secondes un état d’esprit de croissance ("growth mindset").
Si vous avez des difficultés à oser vous lancer et persévérer, c’est le signe que votre état d’esprit est « fixe ». Les personnes qui adoptent un état d’esprit « fixe » :
Considèrent les nouvelles expériences comme un risque d’échec, elles préfèrent s’en tenir à ce qu’elles maîtrisent d’ores et déjà et s’autolimitent.
Confrontées à un mauvais résultat, elles cherchent des excuses ou à blâmer les autres, sans se demander quelle est leur propre part de responsabilité.
Elles considèrent que les personnes douées doivent parvenir à de bons résultats immédiatement et évitent l’effort (vu comme une preuve manifeste d’un manque) ou abandonnent rapidement les activités lorsque celles-ci deviennent plus difficiles.
Parfois, elles préfèrent tricher plutôt que risquer un échec.
À l’opposé, les personnes présentant un état d’esprit de croissance :
voient l’effort comme une nécessité pour parvenir à un meilleur résultat,
acceptent leurs erreurs comme un moyen d’apprendre,
se laissent moins abattre par un échec,
sont en général plus tenaces dans leurs apprentissages.
Le rôle de l’école et de notre éducation est particulièrement fort. Notre système scolaire en particulier a plutôt tendance à répandre l’état d’esprit fixe.
Les notes sont présentées comme une fin en soi, certains commentaires de professeurs classent les élèves entre “bons” et “mauvais”, etc. Dans les familles, certaines phrases favorisent l’état d’esprit fixe par des réflexions négatives, telles que : “Tu as encore cassé un verre, tu es vraiment maladroit.”
La bonne nouvelle, c’est que ces états d’esprit peuvent être changés !
Transformez votre mindset
La première étape, lorsque vous rencontrez un challenge ou une difficulté, est d'être capable de reconnaître si vous êtes en train d'adopter un état d'esprit défaitiste, limitant, "fixe".
Si c'est le cas, l'idée est de vous demander comment vous pouvez cultiver un état d'esprit plus ouvert, confiant, apte à favoriser votre "croissance". Il s'agit ensuite de transformer votre façon de parler et de penser vos difficultés. Exemples :
Remplacer : | Par : |
Je suis nul. | Qu’est-ce que je ne comprends pas ? |
Je laisse tomber. | Je vais tenter une stratégie différente. |
C’est pas mal. | Est-ce vraiment tout ce dont je suis capable de faire ? |
Je ne peux pas faire plus. | Je peux toujours m’améliorer. |
C’est trop difficile ! | J'ai besoin d'un peu de temps. |
J’ai fait une erreur. | Les erreurs m’aident à apprendre et à grandir. |
Je ne peux pas. | Je vais m’entraîner. |
Cela n’a pas marché… | Il y a toujours un plan B. |
Je ne serais jamais aussi intelligent ! | J’apprendrai comment faire cela. |
Exercice : changez de point de vue sur un échec
Pensez à une situation dans laquelle vous avez l’impression d’avoir vécu un échec et dans laquelle vous avez fait preuve d’un état d’esprit « fixe ».
Répondez aux questions suivantes :
Que pourriez-vous apprendre de cet échec qui vous soit utile pour l’avenir ?
Si vous aviez adopté un état d’esprit de croissance, quelles sont les stratégies différentes que vous pourriez avoir utilisées ?
Adopter cet état d'esprit plus ouvert vous permettra de mieux accepter l'échec... Et ainsi de développer directement votre résilience !