Vous connaissez le sens et la structure générale du tableau de cash-flow. Nous allons voir dans ce chapitre comment le construire.
Il existe deux méthodes pour construire le cash-flow, selon les données dont vous disposez :
Une méthode directe, à utiliser si vous connaissez tous les flux de décaissement et d’encaissement. Cette méthode sert le plus souvent à construire des prévisions de trésorerie ; elle vous sera présentée dans la 3e partie du cours.
Une méthode indirecte, qui vous permet de bâtir un cash-flow à partir du compte de résultat et des bilans de l’entreprise. Elle est en général plus facile à mettre en œuvre que la méthode directe. C’est de celle-ci que je vais vous parler dans ce chapitre.
Construisez le cash-flow opérationnel
Commençons par construire la partie opérationnelle du tableau de cash-flow, en partant du compte de résultat.
Pour ce faire, il faut corriger le compte de résultat des éléments non cash pour ne garder que les produits et les charges qui ont un impact en trésorerie.
On a vu que ces éléments non cash du compte de résultat sont principalement les dotations et reprises aux amortissements et provisions. Pour annuler l’effet de ces postes, on va donc ajouter au résultat net les charges non cash, donc les dotations, et retrancher du résultat net les produits non cash, donc les reprises.
Par exemple, la dépréciation d’une créance client (si la créance est devenue irrécouvrable) est une charge non cash du compte de résultat. Son impact est pris en compte dans le tableau de cash-flow à travers la variation du BFR : la dépréciation diminue le poste client final, donc elle augmente l'impact négatif de la variation de BFR. Ainsi, il n’est pas nécessaire de corriger le compte de résultat de cette charge non cash.
Les seuls retraitements obligatoires sont les dotations et reprises aux amortissements et provisions.
Après ces retraitements du compte de résultat, on en arrive donc à un « résultat théorique en cash ». En comptabilité française, cet agrégat s’appelle la capacité d’autofinancement (CAF).
Capacité d'autofinancement (CAF) = RN + dotations – reprises |
Et c’est LÀ qu’intervient la variation du BFR dont je vous ai parlé au chapitre précédent. En effet, cette variation du BFR sert précisément à évaluer l’impact des décalages entre les produits et les charges enregistrés au compte de résultat, et les paiements effectués en trésorerie.
Comme vous savez calculer la variation du BFR à partir de deux bilans, la suite est très facile. Pour calculer le cash-flow opérationnel, c’est-à-dire l’impact réel des opérations sur la trésorerie, il suffit d’ajouter la variation de BFR au « résultat théorique ».
Cash-flow opérationnel = CAF + variation du BFR |
Vous obtenez bien ce cash-flow opérationnel à partir du compte de résultat pour la CAF, et des bilans de début et de fin de période pour la variation de BFR.
Construisez les cash-flows d’investissement et de financement
Pour les cash-flows d’investissement et de financement, c’est encore plus simple. Les postes qui les constituent résultent presque directement de la lecture des bilans.
Le cash-flow d'investissement
Le cash-flow d’investissement se déduit des immobilisations inscrites à l’actif des bilans.
En effet, un investissement est une dépense qui augmente les immobilisations. Si vous achetez une usine, par exemple, elle va être enregistrée dans les immobilisations, à l’actif du bilan comme un élément du patrimoine durable de l’entreprise. Donc, si l’on ne tient pas compte des amortissements, le montant des investissements est égal à l’augmentation des immobilisations brutes.
Le cash-flow de financement
Le cash-flow de financement, quant à lui, se décompose en deux parties :
les financements venus des prêteurs, qui sont donc enregistrés au passif du bilan comme des dettes ;
les financements venus des actionnaires, qui sont enregistrés au passif du bilan comme des fonds propres.
La variation des dettes et des fonds propres entre deux bilans vous permet donc de reconstituer ce cash-flow de financement.
À vous de jouer
Dans le chapitre précédent, vous avez déterminé les stocks, les créances clients et les dettes fournisseurs au 31/12/N. Vous avez également calculé le BFR au 31 /12/N.
A présent, voyons l'étape suivante de ce cas pratique.
La société ALPHA, connaissant la prévision de son activité et les éléments du financement de son activité, souhaite savoir si son activité sera génératrice de trésorerie.
Par ailleurs, la société ALPHA, souhaitant réaliser un investissement de productivité, décide de le financer à 50 % par fonds propres et 50 % par emprunt. Il sera fait abstraction des frais financiers. Le premier remboursement s’effectuera avec un différé d’un an.
Calculez le cash-flow prévisionnel généré par l’activité (ou cash-flow opérationnel) durant l’exercice N à partir du fichier téléchargeable en version Excel ou en version LibreOffice
Après avoir calculé les cash-flows liés à l’investissement et aux opérations de financement, élaborer le tableau de flux de trésorerie pour l’année N dans le même fichier téléchargé sur la première question.
En résumé
Le tableau de cash-flow élaboré à partir des éléments du compte de résultat et du bilan permet de dégager les trois types de flux de trésorerie (activité, investissement et financement).
Le cash-flow opérationnel est égal à la capacité d’autofinancement de l’entreprise (correspondant au flux de trésorerie potentiel généré par l’activité de l’entreprise sur une période) corrigée de la variation du BFR (stocks, décalage entre paiement des charges et encaissement des ventes).
Le cash-flow est lié aux opérations d’investissement matériel, immatériel et financier) et de désinvestissement.
Le cash-flow est lié aux opérations de financement obtenu des prêteurs (banques, marchés financiers…) et des actionnaires.
La somme de ces trois cash-flows est égale à la variation de trésorerie entre le bilan d’ouverture et le bilan de clôture.
Le tableau de cash-flow permet d’analyser la manière dont l’entreprise a généré et consommé sa trésorerie sur une période.
Avec cette partie financement, vous avez bouclé votre tableau de cash-flow.
Si tout se passe bien, la variation de trésorerie à laquelle vous arrivez doit être égale à celle que vous calculez entre les deux bilans. C’est toute la beauté ou toute l’horreur du tableau de cash-flow : il DOIT tomber juste ! Quand il y a un écart, c’est parce que vous avez un bug quelque part.
Quand on a du mal à le trouver, ce qui peut arriver, il y a une formule toute simple pour aider à s’y retrouver. Je vous l’explique au chapitre suivant.