Bienvenue dans la troisième et dernière partie. Vous êtes déjà à 2/3 d'être un growth hacker ! Peut-être avez-vous déjà expérimenté vos premiers hacks en parallèle de la lecture de ce cours ? Si c'est le cas, bravo, l'état d'esprit commence à entrer ! Si ce n'est pas le cas, aucune inquiétude. Cette partie va justement vous aider à structurer votre méthode pour lancer vos premiers hacks et développer votre croissance.
À priori vous êtes actuellement dans l'un de ces deux cas possibles :
Les deux premières parties du cours vous ont donné plusieurs idées de hacks à mettre en place sur votre business dès demain ! Mais vous ne savez pas où les stocker ni comment les prioriser, ni même les suivre ?
Vous avez compris les exemples et les principes dans les grandes lignes mais n'avez pour l'instant aucune idée de comment générer de nouvelles idées appliquées à votre business.
Cette dernière partie va vous accompagner pour adresser l'idéation ainsi que la partie organisationnelle du growth hacking. Même si vous avez plein d'idées, il faudra en générer toujours plus, car les hacks sont la plupart du temps éphémères. Nous aborderons la data sous tous ses angles : votre meilleure alliée pour itérer sur vos hacks et trouver des opportunités de croissance. Enfin, je vous partagerai les outils indispensables à connaître pour vous faire gagner du temps dans la gestion de vos projets growth.
Brainstormez sur des idées de hacks
La science inexacte du growth hacking vous oblige à tester et itérer sur vos actions. Dans ce chapitre, nous allons découvrir comment structurer vos brainstormings pour générer de nouvelles idées de hacks régulièrement, et s'assurer qu'ils correspondent bien à la croissance que vous souhaitez adresser pour votre entreprise.
Le brainstorming, c'est le jus de cerveau collectif qui permet une résolution de problème avec plusieurs yeux et cerveaux qui travaillent sur un même sujet en même temps.
Pour cela, un peu d'organisation ! Regroupez une équipe de 2-3 personnes minimum. Il est préférable que la personne qui anime le brainstoming ne soit pas partie prenante au débat. Son rôle est de bien répartir les rôles, la parole, et de garder une neutralité ainsi que la gestion du temps.
1. Présentez la problématique
Pour la définir au mieux, partez du AARRR, sélectionnez une étape qui vous semble prioritaire et associez-lui un persona. Les caractéristiques du persona constitueront les contraintes.
Quelle étape du AARRR souhaitez-vous adresser ?
Quel persona est concerné ?
Dans quel état émotionnel est-il ?
Où puis-je créer l'interaction ?
Comment l'amener judicieusement à compléter cette tâche ?
Voici un exemple avec une application qui sauve les invendus des commerces environnants pour manger à petits prix :
l'objectif : lancer une campagne d'acquisition massive de nouveaux utilisateurs pour l'application sur Paris ;
le persona : les étudiants en école et université.
Les contraintes :
cible sur-sollicitée sur les canaux classiques ;
nécessité de les surprendre dans leur quotidien ;
opérer une campagne d'acquisition massive à moindre coût.
2. Rappeler les règles du brainstorming
Pour un climat idéal en début de session :
pas de critiques ou interprétations des propositions (ni les siennes, ni celles des autres) : cela censure les idées ;
favoriser la quantité d'idées (et non la qualité ;
les meilleures idées viennent souvent d'un croisement entre deux idées qui, seules, ne semblent pas faire l'unanimité au départ ;
favoriser les « Oui, et... » et non les « oui, mais... », ici encore pour éviter la censure ;
décourager la compétition (les experts d'un sujet ont tendance à écraser les débutants) et encourager l'écoute pour donner la parole à chacun de manière juste ;
préserver le climat de confiance et la spontanéité en évitant de laisser planer un doute sur la qualité de la production du groupe, en employant l’humour mais sans ridiculiser ;
développer une tolérance à la pression du temps.
3. Regroupez vos idées
Notez bien toutes vos idées et rendez-les visibles à tous en favorisant l'utilisation des post-it : un post-it, une idée.
Regroupez ensuite vos idées par thème. Ou vous pouvez aussi faire une liste pour :
les idées utiles immédiatement ;
celles qui doivent être améliorées ;
les idées réellement nouvelles.
La cartographie mentale ou mind mapping est un bon moyen de représenter des idées de manière non linéaire : c'est un outil qui aide à cerner et à organiser tout ce que vous savez déjà sur un sujet. Grâce à cette structure, vous visualiserez et/ou contrôlerez mieux votre sujet.
Selon notre exemple précédent, voici une liste de lieux physiques et digitaux émanant d'un premier brainstorming, pour rencontrer la cible étudiante.
Catégorie événements :
événement école : gala ;
événement organisé par le BDE/école ;
salon étudiants ;
soirée inter-facultés ;
festivals de musique...
Catégorie outils du quotidien :
smartphone ;
Facebook ;
Instagram ;
Intranet de l'école ;
Tinder.
4. Croisez vos idées
Regardez si plusieurs idées peuvent se croiser ensemble pour n'en former qu'une qui semblerait avoir un plus fort potentiel. Vous pouvez également améliorer les idées retenues en les reformulant et combinant.
Pour vous aider à trouver une grande diversité d’idées de hacks, des manières différentes de les conjuguer et de les manipuler, je vous propose une technique de créativité appelée le SCAMMPERR :
S : Substituer – Qu’est-ce qui peut être remplacé ? qui/quoi d’autre ?
C : Combiner – Que pourrions-nous combiner pour multiplier les usages possibles ? Pourrions-nous fusionner deux activités ?
A : Adapter – Placer son concept dans un autre contexte. Y a-t-il eu quelque chose de semblable dans le passé ?
M : Magnifier – Grossir, agrandir ou étendre ? Que peut-on ajouter ? du temps ? de la force ? de la hauteur ? de la longueur ?
M : Modifier – Peut-on changer la signification, la couleur, le mouvement, le son, l’odeur, la forme ?
P : Produire ou trouver un autre usage – Existe-t-il d’autres utilisations possibles, si on le modifie ?
E : Éliminer – Qu’est-ce qui n’est pas nécessaire ? Peut-on soustraire ? supprimer ? diminuer ? Peut-on éliminer certaines règles ?
R : Réorganiser – D’autres dispositions ? d’autres séquences ? un ordre différent ?
R : Renverser ou inverser – Inverser le positif et le négatif ou tromper les attentes ? Puis-je retourner cela ?
Si on reprend notre précédent exemple. Voici de nouvelles idées :
amener tous les BDE des écoles parisiennes à devenir ambassadeurs ;
investir les festivals de musique à Paris intramuros ;
proposer une sensibilisation aux déchets en cours d'amphi.
5. Transformer vos idées en solutions applicables
Après avoir fait le plein de nouvelles idées, il est temps de revenir à une pensée critique et de converger vers la meilleure solution adaptée à la situation. Confrontez les solutions avec les contraintes énoncées, pour les rendre applicables et réalisables.
Par exemple :
Combinez l'utilisation de Tinder avec un festival de musique.
Pourquoi cette idée plutôt qu'une autre ? On souhaite cibler beaucoup d'étudiants et pas seulement ceux d'une seule école. Et justement, au festival de musique ils sont tous mélangés.
Inspirez-vous du PILLARS system
Votre brainstorming regroupe plusieurs parties prenantes, mais c'est ensuite le growth hacker qui prend la relève pour tester toutes ces belles idées. Il va vous falloir les organiser pour une gestion quotidienne simplifiée.
La méthode PILLARS a été proposée initialement par Kurt Braget. Nous allons découper cet acronyme étape par étape. Chaque lettre représente une colonne.
PLACE | Endroit que vous allez utiliser pour faire passer votre message. Par exemple : Facebook, e-mail, ou l'amphithéâtre de l'école.
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IDÉE | Entrer ce que le hack fait concrètement.
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LABOR | Quelle(s) action(s) ont été entreprise(s) pour atteindre l'idée ? Cette partie est importante car elle répertorie tous les efforts qui ont été accomplis pour la stratégie choisie. C'est aussi un super système d'archivage pour savoir ce qui a été fait dans le passé, si un jour vous souhaitez sous-traiter une partie de votre growth ou faire une passation entre deux personnes. Le but est vraiment d'avoir une vue d'ensemble des efforts fournis, ce qui permet de prendre des décisions plus éclairées sur les prochaines actions aussi.
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LINK
| On ne parle pas ici seulement d'une URL mais du CTA (call to action). Insérez ici ce qui vous permet d'amener votre utilisateur à faire ce qui complète l'objectif de l'idée.
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AUDIENCE | Tous vos hacks peuvent s'avouer infertiles s'ils sont adressés à la mauvaise audience.
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RÉSULTATS | Après avoir répertorié tous les efforts, on veut savoir si le hack fonctionne ou non.
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SPEND (dépense) | Ne considérez pas seulement la valeur financière mais aussi le temps passé en nombre d'heures, par exemple. À vous de voir à quel point cette partie doit être détaillée. Cette étape peut vous servir à prévoir un futur budget, mais aussi à savoir si une tâche est scalable facilement ou non.
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En résumé
Instaurez une méthodologie structurée pour optimiser l'idéation de vos hacks et leur mise en place.
Mettez en place un process de brainstorming pour générer des nouvelles idées de hacks : rappeler la problématique, regrouper, croiser et transformer vos idées.
Adoptez la méthodologie PILLARS System pour gérer l'implémentation et les tests de vos nouvelles idées.
Pour structurer votre méthode, vous aurez besoin de métriques pour prioriser vos actions. Apprenez à définir les bons KPI dans le prochain chapitre !