Vous allez apprendre à utiliser un outil universel, facile et rapide pour structurer vos idées de façon naturelle : la carte mentale ou en anglais, « mindmapping ».
Regrouper ses idées et prendre du recul
Connaissez-vous l’expression « big picture » ?
C’est une expression assez courante dans le langage d’affaires pour simplement exprimer qu’il faut embrasser le sujet, le problème ou le concept dans sa globalité. En trois mots : prendre du recul !
Pourquoi prendre du recul ?
Parce que nous sommes constamment le « nez dans le guidon » !
Quand nous travaillons sur ordinateur, il est très difficile d’avoir une vision d’ensemble de tous les documents produits, même s’ils sont tous déjà ouverts à la fois. À part basculer de l’un à l’autre ou zoomer-dézoomer, pas possible de tout afficher sur votre écran !
C’est pour cela que les salles de réunions ou d’ateliers ainsi que votre bureau possèdent des murs. Des murs ou des vitres bien lisses sur lesquels il est possible de coller des centaines de Post-it, de placarder tous les documents importants imprimés A4 ou A3.
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Ensuite, il suffit de reculer un peu pour contempler ce joyeux patchwork… et voilà votre vue d’ensemble, votre « big picture ». Prendre du recul, au sens proche et au figuré, pour rester aligné avec votre objectif et garder la cohérence. Vous pouvez ainsi mieux repérer les thématiques clés, et réfléchir plus facilement aux prochaines actions à mener.
Prenons l’exemple typique d’un planning de projet : 5 phases projet, 10 personnes mobilisées, 40 étapes, 300 tâches. Le meilleur outil informatique de gestion de projet ne vous donnera jamais une vue d’ensemble. Imprimez tout en grand et affichez. Par contre, quel gâchis de tout réimprimer dès que le planning change.
Aussi certaines entreprises remplacent-elles leur outil favori par un magnifique planning au mur. Les tâches sont des Post-it que l’on déplace à volonté. Il est ainsi plus facile d’identifier les zones de risque et de comprendre où cela bloque, pour ensuite découvrir pourquoi.
Entraînement :
Matériel : stylo, feutre, Post-it, mur lisse.
Consignes : 1 post = 1 idée = 1 croquis avec un libellé qui décrit le croquis. Écrire en majuscules.
Durée : 15 minutes.
Normalement, vous avez déjà fait des croquis, sur une feuille, de votre petit déjeuner.
1. Refaites une itération de croquis en capturant les différents éléments de votre petit déjeuner sur des Post-it.
2. Placez tout au mur en vrac*. Contemplez (oui, je sais c’est inspirant, prenez une photo du mur de départ, et un selfie aussi !). 😀
3. Regroupez ce qui vous semble aller naturellement ensemble. Créez une zone « garage » pour ceux qui ne correspondent pas (pour le moment).
4. Soufflez, reculez, contemplez.
5. Affinez à nouveau les regroupements, ça se précise !
6. Prenez des Post-it d’une autre couleur et nommez vos catégories de regroupement.
Utiliser la carte mentale (mindmapping)
Faites des connexions et des associations d’idées inattendues en utilisant les cartes mentales.
Le réflexe naturel serait de créer des listes selon un processus très linéaire qui bloque votre créativité et oriente votre façon de pensée dans une seule direction. Et surtout, votre cerveau (encore lui) ne fonctionne absolument pas comme ça. Le mécanisme de pensée opère par expansion autour d’une idée.
La carte mentale se calque sur notre façon naturelle de penser : un foisonnement dans plusieurs directions, une exploration de différents chemins qui nous amènent à d’autres associations d’idées. Elle permet d’aller du plus général au plus détaillé, mais aussi d’explorer à la surface puis en profondeur.
Par exemple, la classique « liste de courses ».
Liste de courses (approche habituelle) | Carte mentale (approche naturelle) |
Vous allez sans vous en apercevoir regrouper vos aliments à peu près comme ça :
Grosso modo, ce sont les rayons de votre supermarché. | Ou alors vous optez pour une organisation par moment du repas ou de la journée :
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Malheureusement, nous errons parfois des heures dans un magasin pour trouver le bon produit, car il est rangé dans un rayon improbable. 😄
La structure des catégories alimentaires dans un supermarché de grande taille est fascinante… et frustrante ! Pourquoi ? Car ce ne sont pas des designers qui organisent les rayons mais des marketeurs. L’objectif du designer est de vous faciliter la vie, celui du marketeur est de vendre.
Voici un blog qui propose d'organiser un repas autrement : carte mentale en rayons, en jours de la semaine, par repas ou recette, etc.
Tony Buzan est considéré comme l’inventeur du « mindmapping ». Dans les années 70, il a surtout développé le concept, testé, documenté et donné les applications concrètes. Il a su expliquer pourquoi et comment cela pouvait favoriser la créativité et booster la mémoire.
Tony Buzan définit le mindmapping à sa manière : « La carte mentale est une technique graphique puissante qui apporte une clé universelle pour débloquer le potentiel du cerveau ». « A Mind Map is a powerful graphic technique which provides a universal key to unlock the potential of the brain. »
Voici une carte simple et pourtant déjà riche de contenu : « Qu’est-ce qu’un designer ? »
Allez, à vous de jouer !
Commencez simple : une feuille blanche et un feutre noir.
Décider du thème à aborder, par exemple « mon petit déjeuner ».
Commencer au centre de la page en partant du thème principal.
Travailler dans le sens des aiguilles d’une montre.
Dessiner des lignes courbes et des bulles pour capturer les idées.
Rester concis pour le texte.
Explorer les concepts en rayonnant dans toutes les directions.
Ensuite, vous pouvez ajouter de la couleur par branche ou catégories d’idées, de concepts ou d’objets. Puis des croquis pour illustrer les branches.
Entraînement :
Matériel : feuille A4 ou carnet à croquis (moleskine, par exemple), feutres noirs et couleurs.
Consignes : écrire le texte en majuscules, laisser respirer votre carte en mettant de l’espace entre les branches.
Durée : 2 x 5 min.
Réaliser une carte mentale de votre petit déjeuner.
# Itération 1 : n’utilisez pas les couleurs dans un premier temps ni les croquis. Juste du noir et blanc.
# Itération 2 : une fois la première carte terminée, vous pouvez associer des codes couleur, puis ajouter des croquis sur certaines branches.
Les applications professionnelles de la carte mentale
Elles sont innombrables : catégoriser les fonctionnalités d’un logiciel, représenter une arborescence de site web, ou encore apprendre une poésie au collège.
La carte mentale dans le monde logiciel
Cette représentation est également très utilisée dans le monde du développement logiciel pour représenter le tronc ou noyau d’une application, puis ses modules et ensuite ses fonctionnalités.
Exemple : Mind Mapping Software Requirements by Phil Robinson | Feb 25, 2010
La carte mentale pour structurer un site web
Quand votre projet nécessite d’élaborer les rubriques d’un site web, la carte mentale est une technique qui permet de dégrossir la manière dont l’information devrait être structurée, mais aussi de mettre d’accord l’équipe sur l’arborescence. Ensuite, d’autres techniques d’UX Design vont vous aider à produire une architecture d’information avec une véritable arborescence de site web.
Un autre exemple de carte mentale très élaborée avec l'article de Brain Brown sur "Using Mind Mapping & SEO For Content Marketing & Website Architecture".
La carte mentale au service de l’enseignement
Dans le monde de l’enseignement, le mindmapping est un allié puissant pour favoriser les apprentissages chez certains enfants. Retenir sa leçon, sa poésie ou sa conjugaison semble d’un coup plus à portée de main (à portée de cerveau).
Pour retenir une poésie : vous choisissez d’apprendre par cœur ou de faire une carte mentale ?
Améliorer sa carte mentale
Comment savoir si ma carte mentale respecte les standards ou, du moins, les bonnes pratiques ?
Voici ce qui caractérise une bonne carte mentale :
Votre sujet est bien visible au centre pour permettre l’expansion de votre carte à votre guise.
Une image ou une photo pour votre idée centrale qui stimule votre imagination et vous aide à rester concentré.
Les branches sont courbées, car dans la nature et les arbres c’est ainsi.
Une branche porte un seul et unique mot pour plus de liberté, de créativité et de clarté (si vous faites des associations de mots ou de petites phrases, cela limite les possibilités d’étendre ses ramifications, et cela rigidifie votre carte).
La longueur de la branche est importante. La longueur du mot doit s’étendre sur toute la longueur de la branche pour garder les mots proches et connectés.
Utilisez des couleurs. Une seule couleur par signification. Une même couleur ne peut pas représenter deux catégories différentes ou deux choses de nature différente.
Les croquis et les images clés sont placés plutôt sur la branche que sur un nœud.
Il est possible de faire des connexions interbranches, symbolisées par une branche flèche, par exemple.
Reprenez votre carte mentale « petit déjeuner ».
#itération 3 : vérifiez chaque point de la liste ci-dessus et ajustez ou refaites la carte en prenant en compte ces points.
Vous avez encore besoin d’entraînement ?
Faites la carte mentale de votre dernière soirée entre amis, et montrez-la à un de vos proches. 😄
Au lieu de puiser dans votre vécu, vous pouvez également établir la carte mentale du dîner parfait entre amis (si vous êtes curieux, allez voir le résultat établi par Tom Kelley, le fondateur de l’agence IDEO).
Regardez cette image qui modélise des neurones du cerveau humain… ça ne vous rappelle rien ?
Les outils numériques de mindmapping
Le meilleur outil pour créer un « mindmapping » reste le papier-crayon-cerveau ! Cependant, des tas de logiciels existent pour vous faciliter la vie, vous fournir des modèles et des bibliothèques d’icônes toutes faites.
Voici une liste des outils les plus complets, mais aussi faciles à prendre en main.
Xmind
Il s’installe sur votre poste et il est gratuit pour la version de base. Très facile à prendre en main, avec de nombreux modèles fournis. La version gratuite limite les fonctionnalités, mais permet tout de même de sauvegarder sa carte dans l’outil Evernote, et de la partager en ligne (www.xmind.net/fr).
Coggle
C’est un outil en ligne, donc votre carte est accessible de n’importe quel organisateur si vous avez une connexion internet. Les fonctionnalités sont assez limitées pour la version gratuite, mais le partage avec d’autres collaborateurs est autorisé. La façon de créer des branches et des objets est très visuelle, avec un choix d’outils sous forme de roue. Le look visuel est très proche de ce que préconise Tony Buzan (coggle.it).
Mind Vector
C’est un outil en ligne avec des fonctionnalités plus pro et donc avancées, notamment pour restituer des brainstormings, planifier, utiliser d’autres représentations (diagramme arête de poisson). La version gratuite vous autorise seulement 3 cartes, mais il est vraiment à essayer (www.mindvectorweb.com).
Résumons
Cartographiez mentalement pour formaliser vos pensées et analyser les connexions entre elles.
Expérimentez, itérez, affinez.
Utilisez vos compétences de « mindmapping » pour élaborer des cartes de sites web et d’applications.
Les cartes mentales peuvent être faites à la main, pour aller plus vite et vous sentir plus libre, puis retranscrites dans un outil numérique.
Utilisez cette représentation pour mieux mémoriser vos idées.