Regardons plus en détail les heuristiques de Jakob Nielsen ! Ses heuristiques ont été publiées en janvier 1995 sous le titre original « 10 Usability Heuristics for User Interface Design ». Ce nom ne vous est pas inconnu ? C’est normal !
Jakob Nielsen est un expert dans le domaine de l'ergonomie et de l'utilisabilité des sites web. Il est le cofondateur, avec Donald Norman, du Nielsen Norman Group, une société de conseil et recherche dans le domaine du UX, dont le site internet est une vraie pépite pour un designer qui cherche à se documenter.
Sachez pour votre culture personnelle que les heuristiques de Nielsen sont certainement les plus utilisées par les ergonomes et designers. Il s’agit d’une référence mondiale dans le domaine de l’ergonomie des interfaces digitales.
Les heuristiques de Nielsen se composent de 10 critères, les voici :
Critère 1 : L’état du système est visible
Le système doit toujours tenir informé l’utilisateur de ce qui se passe, de là où il se situe dans le parcours. Un feedback est donné, il est explicite, approprié et immédiat. Autrement dit, l’utilisateur ne se demande pas si l’action qu’il a réalisée a été prise en compte ou non, si le système fonctionne ou si un problème est survenu.
Exemple : Je souhaite partager un dossier présent sur ma Dropbox à une ou plusieurs personnes. Dès la validation de l’adresse email, une notification apparaît pour confirmer que le dossier a bien été partagé.
Critère 2 : Le système correspond à mon modèle mental
Le système doit « parler » le langage de l’utilisateur, avec des mots, des phrases et des concepts qui lui sont familiers. Il ne force pas l’utilisateur à se conformer à son propre langage, sa propre logique. Le système suit les conventions du monde réel et s’appuie si possible sur des métaphores. Les informations apparaissent dans une séquence qui semble logique et naturelle à l’utilisateur.
Critère 3 : Je suis libre de mes interactions. J’ai le sentiment de contrôler le système.
Si l’utilisateur choisit par erreur une fonction, il peut facilement revenir sur ses pas, annuler et refaire. Le système est tolérant, flexible et les fonctions disposent d'une sortie de secours clairement libellée et qui ne l’oblige pas à passer par de multiples dialogues.
Critère 4 : Le système est cohérent et respecte des standards
L’utilisateur n’a pas à se poser de questions pour savoir si différents mots, situations ou actions signifient la même chose. Les fonctions ou informations de même nature sont cohérentes et homogènes. Les fonctions sont organisées en groupes logiques et faciles à distinguer.
Voici un exemple de bonne pratique, sur le site d’AirBnB, les informations sont catégorisées par thématiques et sont présentées de la même façon :
Critère 5 : Le système prévient les erreurs
Le système prévient les erreurs de l’utilisateur et les problèmes qu’il pourrait rencontrer. Il désactive ou masque les fonctionnalités non compatibles avec les actions ou les choix qu’il a réalisé.
Critère 6 : Reconnaître plutôt que se souvenir
L’utilisateur n'a pas à se souvenir d'une information d'une séquence de dialogue à une autre. Les objets, les actions et les options sont visibles. Les instructions pour utiliser le système sont explicites et accessibles.
Critère 7 : Le système est flexible dans son utilisation
Le système permet à l'utilisateur d'utiliser des raccourcis. Il lui permet d'accélérer les interactions, notamment s’il est un utilisateur expérimenté. Il se rappelle de ses actions et des informations qu’il a déjà fournies dans le cas par exemple d’une saisie de coordonnées dans un panier d’achat. Il ne lui demande pas de les réaliser ou de les saisir plusieurs fois. Si l’utilisateur l'utilise de manière récurrente, il peut être personnalisé.
Critère 8 : Esthétique et design minimaliste
Le système propose à l’utilisateur des informations utiles qui sont en rapport avec la tâche qu’il est en train d'effectuer. Il n’a pas l'impression qu'il y a une concurrence entre les informations ou les fonctionnalités. La densité d'information est limitée. La charge mentale et visuelle requise pour interagir avec le système est en rapport avec le service qu'il lui rend.
Voici un mauvais exemple sur le site de la Fnac : des cartouches de couleur rouge, jaune et un bouton en vert.
Voici un bon exemple sur le site de Zara : une interface épurée et claire pour la sélection d’articles.
Critère 9 : Faciliter l’identification et la gestion des erreurs
Les messages d'erreur sont formulés en langage clair (pas des codes), et indiquent précisément le problème. Ils suggèrent à l’utilisateur une solution pour le résoudre.
Critère 10 : L’utilisateur peut s’il le souhaite obtenir de l'aide et accéder à une documentation.
Il peut la plupart du temps utiliser le système sans avoir recours à la documentation mais s'il s'avère qu’il en a besoin, elle est immédiatement accessible et centrée sur la tâche qu’il est en train de réaliser. Elle indique concrètement les étapes à suivre et n'est pas trop longue.
Est-ce que ces 10 critères vous semblent clairs ?
Oui ! Maintenant, à vous de mettre en pratique ce que vous venez de voir. Je vous propose un exercice léger et drôle présent sur le site internet Norman Nielsen Group. Une personne s’est amusée à lister les tâches ou actions du quotidien qu’elle réalise en fonction des critères de Nielsen.
Dans un premier temps, choisissez un critère puis sélectionnez une ou plusieurs actions de votre quotidien. Exemple : Pour le critère 5 - celui de la gestion des erreurs - la personne indique anticiper le paiement de ses factures importantes avec des prélèvements automatiques comme pour le paiement de son assurance voiture.
À vous de jouer ! 🙏🏼