Nous avons vu dans le chapitre précédent que les informations sont de plus en plus nombreuses et circulent très vite !
Un produit fabriqué est le résultat de recherches, d’investissement et du travail de beaucoup de services internes et externes à l’entreprise. Il devient donc indispensable d’avoir un outil qui permet de gérer et de suivre la vie d’un produit. C’est cette notion que nous aborderons dans ce chapitre.
Cycle de vie d’un produit ou PLM (Part Life Management)
Il existe sous forme de logiciel qui est étroitement lié à l’ERP de l’entreprise, puisque les données doivent être capitalisées.
La PLM est une démarche globale qui relie l’ensemble des départements de l’entreprise, ses sous-traitants, fournisseurs et clients, pour stimuler le développement des produits et permettre la collaboration sur le réseau.
Cet outil vous permettra de :
répondre à des besoins métiers spécifiques : gérer des configurations, répondre aux exigences client, piloter son processus achats, la sous-traitance, les nomenclatures ;
retrouver la bonne information : puisque toutes les données concernant un produit sont intégrées dans cet outil, vous pourrez rechercher et trouver la bonne information (par exemple le prix d’un composant, et ce même si vous n’êtes pas du service Achats) ;
piloter l’activité de votre service : gérer son budget, piloter ses projets ;
piloter les modifications : piloter et dématérialiser des modifications et mesurer de manière précise et simultanée l’impact des modifications sur l’ensemble du processus ;
décloisonner : tous les services accèdent à une seule source d’information et de données commune. Dites adieu aux fichiers de consolidation, aux transferts d’e-mails avec des pièces jointes, qui sont sources d’erreurs et chronophages ;
ouvrir à l’externe : on peut aussi imaginer un PLM donnant certains accès à vos clients ou à vos fournisseurs. Un client qui a besoin de voir l’état de sa commande, ou souhaite simplement passer une commande, peut par lui-même vérifier la disponibilité, par exemple.
Cela ouvre beaucoup de possibilités, le tout bien sûr dans le but de gagner du temps, de faciliter le travail de vos collaborateurs et d’être plus compétitif.
Gérer le cycle de vie d’un produit, c’est aussi penser à l’empreinte carbone générée. Aujourd’hui, on ne peut plus penser produire sans y associer une composante environnementale.
Éco-industrialisation
Dans l’industrie du futur (et du présent), il est indispensable et fortement recommandé d’intégrer les notions écologiques et environnementales dès de la conception des produits.
Outre la conscience ou l’intérêt personnel que vous pouvez avoir pour la planète, les normes environnementales sont de plus en plus exigeantes. Les entreprises sont de plus en plus surveillées, écologiquement parlant !
Le modèle "extraire > produire > consommer > jeter" n’est plus à suivre si nous voulons préserver nos ressources et notre planète. On parle de plus en plus d’économie circulaire qui consiste à diminuer les gaspillages, à recycler afin de diminuer les déchets, et à avoir un comportement de consommateur écoresponsable.
Le schéma ci-dessous illustre ce que l’on entend par "économie circulaire" :
Je vous propose d’approfondir certains termes :
L’écoconception
C’est penser, dès la conception du produit, à son cycle de vie, en passant d’une approche linéaire à une approche circulaire du produit : penser à une deuxième, voire une troisième vie. C’est repenser son business modèle. L’utilisation par exemple de matériaux recyclés et recyclables peut aussi avoir un intérêt économique.
Le schéma ci-dessous illustre le cycle de vie d’un produit écoconçu :
L’écologie industrielle et territoriale
A priori, les deux premiers termes peuvent sembler antagonistes ! C’est pourtant un mode d’organisation interentreprises basé sur :
la mutualisation des ressources énergétiques, ou le partage des locaux ;
des échanges de flux de matières, par exemple les rebuts de l’une pouvant servir comme matière secondaire de l’autre.
Un exemple emblématique est la ville de Kalundborg au Danemark, comme le présente cette illustration (source : oree.org).
La symbiose industrielle est un phénomène qui s’est développé durant plusieurs décennies et qui fonctionne encore. C’est un réseau environnemental et de ressources qui a émergé à Kalundborg, entre quatre entreprises et une collectivité. L’idée était d’économiser des ressources et de créer un avantage au niveau de l’environnement.
Vous voyez un peu toutes les possibilités qui peuvent s’offrir à vous dès lors que l’on pense "écologie et territoire". Si vous préférez un sous-traitant local, le prix d’achat est parfois plus élevé, mais si vous regardez le coût dans sa globalité (transport+ délai + éloignement), c’est parfois équivalent, voire moindre et en plus, on diminue notre empreinte carbone. :)
La mise en place de démarches d’EIT (Écologie Industrielle et Territoriale) sur un territoire (zone d’activité, communauté de communes ou d’agglomérations, département, région) nécessite toutefois une gouvernance multipartenariale (public/privé) et la mise en œuvre d’animations locales pour détecter les opportunités et soutenir leur concrétisation.
L’efficacité énergétique
Si l’on a besoin de 200 ml d’eau chaude, il n’est pas nécessaire d’en faire chauffer un litre : cela mettra plus de temps donc consommera plus d’énergie et les 800 ml restants seront certainement jetés !
Dans le domaine industriel, la facture énergie peut être extrêmement élevée : dans le secteur chimique, agroalimentaire, papetier, etc., elle représente de 30 % à 75 % des charges d’exploitation !
En plus, les prix ne faisant qu’augmenter, autant vous dire que les entreprises sont particulièrement intéressées pour optimiser leur consommation d’énergie qui va avoir une conséquence directe sur leur coût de fonctionnement. Et c’est tant mieux pour notre planète !
Il est donc important de connaître la répartition des consommations et des coûts selon les types d’énergies (électricité, gaz, etc.) et les usages (processus, éclairage, froid, etc.), et de mettre en place un suivi temporel avec des indicateurs de performance.
Le schéma suivant illustre les moyens sur lesquels vous pouvez jouer pour optimiser l’utilisation de l’énergie :
La gestion des déchets
Qu’appelle-t-on déchet ?
Le Code de l’environnement donne cette définition :
Un déchet correspond à « toute substance ou tout objet […] dont le détenteur se défait ou dont il a l’intention ou l’obligation de se défaire ».
Art. L. 541-1-1 du Code de l’environnement
Chaque année en France, près de 345 millions de tonnes de déchets sont produits !
Alors le recyclage, c’est bien, mais mener des actions de prévention pour diminuer la quantité de déchets, c’est mieux !
En France, 56 % des PME ignorent le tonnage annuel de déchets qu’elles génèrent et pas moins de 9 PME sur 10 ont un regard porté uniquement sur les coûts de gestion externe.
Les opportunités de développement économique liées à l’utilisation de déchets comme ressources, par leur réemploi, leur recyclage ou leur valorisation, ne doivent cependant pas être négligées et représentent un fort potentiel d’innovation et de création de nouvelles activités et d’emplois. Avant l’élimination des déchets, on peut, comme l’illustre la figure ci-dessous, réduire, réemployer, recycler, et les valoriser autant que possible !
Plus on réduira les déchets en amont, moins on en aura à éliminer ! C’est donc important d’intégrer cette notion dès la conception des produits. Comme vous avez pu le constater dans ce chapitre, l’outil PLM vous permet de concevoir un produit en ayant beaucoup de données.
N’oubliez pas, dès la conception, de penser à tous les facteurs écologiques, environnementaux et énergétiques. Vous y serez forcément gagnant.
Ainsi, éco-industrie rime aussi souvent avec baisse de coût d’un produit. Cet argument peut être mis en avant si votre direction n’aime pas trop les changements ! :o
La PLM vous aide à optimiser la gestion de vie de vos produits. Voyons maintenant comment optimiser le processus de fabrication avec ce que l’on appelle les big datas !