Vous allez piloter le service qui conçoit les produits et améliore les process !
Outre les capacités et connaissances techniques, vous devez prendre en considération dans vos raisonnements les règles et normes qui s’appliquent à votre entreprise et à votre secteur d’activité en particulier.
Les règles Hygiène Sécurité Environnement
Hygiène et sécurité
Le service Hygiène Sécurité et Environnement a la charge de veiller à la sécurité des salariés dans le cadre des activités de l’entreprise.
De base, en France, c’est le Code du travail qui s’applique. Celui-ci est étoffé avec des règles supplémentaires liées au secteur d’activité. Les exigences HSE ne sont pas les mêmes entre une agence bancaire et une industrie chimique ! Les risques liés à l’activité sont bien différents !
Voyons en quoi les méthodes sont concernées par les règles HSE :
En termes d’hygiène : les méthodes doivent prêter une attention particulière aux éventuelles salissures occasionnées par l’utilisation des produits.
En termes de sécurité : vous êtes concerné. Lors de la réalisation de vos process, pensez aux EPI et EPC.
Il est essentiel que ces dispositifs soient clairement mentionnés sur les gammes de travail. Les nommer sur les gammes de travail à l’aide des pictogrammes peut être plus visuel et donc plus parlant pour les utilisateurs.
Protections au niveau de la tête : lunettes, casques. Protection de la tête : casques de chantier et spécifiques (pompiers), casquettes anti-heurts et accessoires (jugulaires, visières, bavolets de nuque).
Les différents types de protection sont :
protection de la tête :
protection des yeux,
protection auditive,
protection du visage,
protection respiratoire,
protection des mains ;
protection des pieds ;
protection du corps ;
protection anti-chute ;
protections spécifiques.
Les EPC ont donc pour vocation à éloigner ou de protéger globalement d’un risque. Cela va du garde-corps pour éviter les chutes aux coffrages autour d’une machine-outil, en passant par la signalétique. On distingue différents types de risques : mécaniques, chimiques, ergonomiques…
Les lunettes par exemple sont essentielles lors des opérations de meulage, ou de toute autre opération présentant un risque de projection au niveau des yeux. Les gants évitent les coupures et les brûlures si l’on manipule un produit corrosif, mais aussi l’oxydation de certains matériaux avec la transpiration.
En fonction de la nationalité de votre entreprise, vous pourrez avoir des exigences un peu différentes.
Je faisais partie d’un groupe américain et dès que l’on entrait dans l’atelier, les lunettes et les chaussures de sécurité étaient obligatoires. Ce groupe est devenu français et les règles ont été assouplies : chaussures et lunettes ne devenaient obligatoires que dans les zones de travail. Des allées de circulations avaient été aménagées pour éviter le port des EPI.
Des protections spécifiques peuvent aussi être exigées, lorsqu’il y a une activité dans des zones "stériles", par exemple en pharmacie. Sur les lignes de production d’injectables, le personnel travaille en combinaison intégrale avec des gants.
Les EPI protègent l’individu et aussi le produit de toute pollution extérieure.
Environnement
En entreprise, il s’agit essentiellement de la manière dont les déchets vont être recyclés. Pensez donc à ce que vous allez faire de vos rebuts, de vos emballages, etc. Il existe souvent, dans les entreprises, une politique de réduction des déchets et de leur valorisation.
Par exemple, dans l’entreprise dans laquelle je travaillais, les pièces aéronautiques rebutées pouvaient, si le client était d’accord, et une fois que le temps minimal légal était passé, être revalorisées chez un ferrailleur. Le titane et autres alliages de forte valeur pouvaient être recyclés et cela faisait un apport économique.
Sur un site où la consommation d’eau est importante, l’évapoconcentrateur permet de recycler l’eau et de limiter ainsi les déchets. De plus, l’eau recyclée est réutilisée !
Dès la conception du projet, vous devez vous assurer que tous les produits sont toujours procurables (ils ne sont pas interdits) et respectent les normes sanitaires et environnementales en vigueur. Par exemple, l’acétone, auparavant très utilisée comme nettoyant, a été interdite et remplacée par un solvant moins nocif pour la santé.
Certains pays comme le Canada ont une législation parfois plus stricte, donc si l’on travaille sur des produits destinés à ces pays, il est interdit d’utiliser certaines substances. Souvent, les entreprises se basent sur les conditions les plus restrictives et évitent le "cas par cas" autant que possible.
Une fois que vous avez pensé aux protections et aux règles HSE, intéressons-nous à l’ergonomie aux postes de travail.
L’ergonomie
Nous passons beaucoup temps au travail ! Et nous n’avons pas tous la même taille ni la même corpulence...
Alors, comment faire pour travailler sur le même poste ?
Il est essentiel d’adapter le travail, les outils et l’environnement à l’homme !
C’est en quelque sorte le but de l’ergonomie. Il peut s’agir d’aménagements très simples (repose-pied, chaises et postes réglables en hauteur), comme d’aménagements un peu plus compliqués, notamment pour les personnes souffrant de problèmes de dos, d’articulations...
Sachez que créer de bonnes conditions de travail, penser pour que l’humain soit à l’aise sur son poste va le rendre plus heureux, et de ce fait augmenter sa motivation et très certainement sa productivité.
À long terme, on préserve le capital humain de l’entreprise. C’est donc essentiel de donner de bonnes conditions de travail aux salariés.
Une mauvaise posture ou encore l’exécution de tâches trop répétitives provoquent à terme des troubles musculosquelettiques (TMS). Ceux-ci vont avoir des conséquences sur la santé de l’employé, mais aussi sur l’entreprise : augmentation des arrêts maladie, reconnaissance de maladie professionnelle ; tout cela coûte de l’argent. Il n’y a donc aucun intérêt pour l’entreprise à faire des économies sur le bien-être de ses employés.
Le schéma ci-dessous résume la répartition des TMS :
Comme vous pouvez le constater, ce sont essentiellement les poignets et les épaules qui subissent le plus de TMS. Il est important d’en avoir conscience afin de mettre en place des actions préventives dès le début de l’industrialisation. Cela est plus pertinent que de mettre en place des actions correctives une fois que le mal apparaît.
Parfois, la solution vient aussi des opérateurs.
Les postes réglables en hauteur sont de plus en plus accessibles financièrement. Je vous conseille de mettre en place des postes modulables afin que chaque opérateur puisse les utiliser et de ne pas dédier un poste à un opérateur.
À la conception de vos produits, pensez aussi « ergonomie », car si l’opération s’avère délicate à réaliser, ce n’est pas la peine d’attendre d’être devant le fait accompli et d’essayer d’adapter. Autant y penser dès la naissance du projet !
Avec les innovations telles que la réalité virtuelle, vous pourrez plus facilement visualiser et tester vos postes lors de la conception, et ce sans que trop de frais soient engagés. Enfin, on ne peut pas finir sans évoquer le respect des normes, la qualité omniprésente dans certains secteurs.
Qualité
Parfois, on oppose la qualité à production. Vous pourrez entendre la production dire : "La qualité, c’est contre-productif : ils nous mettent les bâtons dans les roues."
Je vous conseille, pour avoir travaillé en aéronautique et en pharmacie, de collaborer avec la qualité plutôt que de la voir comme l’ennemi juré de la production !
La qualité est essentielle pour que le client soit satisfait et donc que l’entreprise fonctionne et soit rentable ! Rappelez-vous que c’est grâce à la qualité du produit que vous êtes reconnu et que votre panel client augmente.
Un mauvais dosage d’un médicament, une pièce mal remontée sur un aéronef et votre entreprise non seulement n’existe plus, mais est sur les bancs du tribunal.
Dans certains domaines, les entreprises dépendent d’une autorité spécifique. Par exemple, en aéronautique, c’est la DGAC (Direction Générale de l’Aviation Civile) qui a des exigences très spécifiques et très strictes. Les entreprises ont le droit d’exercer dans ce domaine uniquement si elles sont certifiées. Elles ont donc ont un agrément qui est délivré par ces hautes autorités et qui doit être régulièrement renouvelé.
Pour ce faire, des audits très réguliers ont lieu, tout le process est analysé, scruté pour s’assurer que la réglementation en vigueur est bien appliquée et que tout le personnel est bien formé et informé. Alors, pour répondre aux exigences qualité, il faut par exemple que les gammes de travail, si elles sont traduites, respectent scrupuleusement les données du constructeur.
Il faut que tout le personnel ait reçu régulièrement des formations obligatoires, comme la formation « facteurs humains ». Les salariés vont donc être absents quelques heures par mois, mais, à la suite de ces sessions, ils auront appris des choses et seront plus attentifs à certaines anomalies, par exemple. Ils seront plus performants dans leur travail.
On dit souvent que la qualité est l’affaire de tous et pas seulement du service Qualité ! Lors de la conception des produits, il faut s’assurer d’être conforme aux normes. C’est pour cela que faire valider tous ces aspects en amont vous fera gagner un temps précieux.
La qualité a aussi le rôle de vous aider et d’être présente dans les échanges avec les fournisseurs en cas de non-qualité des composants.
Améliorer la qualité de ses fournisseurs, c’est aussi améliorer sa propre qualité.
En résumé
Cette quatrième et dernière partie de ce cours vous a permis de réaliser l’importance d’un bon pilotage du service Méthodes.
Vous savez à présent identifier les indicateurs appropriés pour évaluer vos activités :
coût et délai pour la mission "Industrialiser" ;
% d’atteinte de l’objectif d’optimisation et gain pour la mission "Optimiser".
Vous avez pu voir qu’en maîtrisant certains indicateurs de production, tel que le TRS, vous pouviez apporter des propositions d’amélioration en mettant en place des Unités Autonomes de Production, par exemple.
Le pilotage du service passe aussi par la maîtrise du budget et l’optimisation des coûts. Des leviers tels que la standardisation et l’utilisation des outils du lean peuvent vous faire gagner un temps considérable et donc vous faire économiser de l’argent.
Vous avez également compris l’importance du respect des règles et des normes qualité et HSE dans votre fonction et celle de votre équipe.
Toutes ces dimensions sont donc à prendre en considération pour un bon pilotage du service. Mais n’oubliez jamais que vous gérez aussi et surtout des Hommes. Vous devez faire preuve d’écoute, et être doté d’un bon sens de management.
Félicitations, vous êtes arrivé à la fin de cours ! J’espère qu’il vous a donné les clés pour être responsable d’un service Méthodes dans l’industrie. Vous devez maintenant être capable de :
vous approprier les processus métier de l’activité Méthodes ;
utiliser les principaux outils des méthodes ;
appréhender les technologies de l’industrie du futur liées au service Méthodes ;
piloter la démarche grâce aux outils des méthodes.
N’oubliez pas de réaliser les exercices à la fin de chaque partie pour valider ces compétences.
Je vous souhaite beaucoup de réussite dans tous vos projets ! ^^