Dans l’industrie du futur (et du présent), il est indispensable et fortement recommandé d’intégrer les impacts écologiques et environnementaux dès la conception des produits.
Appréhendez les motivations de cette démarche
Outre la conscience ou l’intérêt personnel que vous pouvez avoir pour la planète, les normes environnementales sont de plus en plus exigeantes. Les entreprises sont de plus en plus surveillées, écologiquement parlant !
Le modèle "extraire > produire > consommer > jeter" n’est plus à suivre si nous voulons préserver nos ressources et notre planète. On parle de plus en plus d’économie circulaire, qui consiste à diminuer les gaspillages, à recycler afin de diminuer les déchets, et à avoir un comportement de consommateur écoresponsable.
Le schéma ci-dessous illustre les trois piliers de l'économie circulaire :
Plus précisément, voici ce que l’on entend par "économie circulaire" pour chacun de ces principes.
Offre des acteurs économiques :
approvisionnement durable ;
écoconception ;
écologie industrielle et territoriale ;
économie de la fonctionnalité.
Demande et comportements des consommateurs :
consommation responsable (achat, consommation collaborative, utilisation) ;
allongement de la durée d'usage (réemploi, réparation, réutilisation).
Gestion des déchets :
Recyclage
La définition officielle de l'écoconception qui fait foi pour l'ADEME est la suivante : « C’est une démarche préventive et innovante qui permet de réduire les impacts négatifs du produit, service ou bâtiment sur l’environnement sur l’ensemble de son cycle de vie, tout en conservant ses qualités d’usage. »
Ainsi, l’écoconception désigne la volonté de concevoir des produits respectant les principes du développement durable et du respect de l'environnement, en recourant :
« aussi peu que possible aux ressources non renouvelables en leur préférant l'utilisation de ressources renouvelables, exploitées en respectant leur taux de renouvellement et associées à une valorisation des déchets qui favorise le réemploi, la réparation et le recyclage ».
Source : L'Ademe (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie).
Il s'agit donc d'une démarche qui prend en considération les impacts écologiques et environnementaux tout au long du process de production d'un produit (ou d'un service). C'est le cycle complet du produit qui est pris en compte, depuis la conception jusqu'à l'utilisation.
Découvrez les concepts de l'écoconception
Intégrer l'écoconception dans l'industrialisation de produits innovants peut être un atout et devenir un avantage concurrentiel. D'une part, l'impact environnemental peut être réduit jusqu'à 80 % (Graedel & Allenby 1995), et d'autre part, vous pouvez agir au fur et mesure de l'avancée du processus, et l'ajuster au besoin.
Vous serez peut-être étonné d'apprendre que cette démarche peut réduire vos dépenses. En effet, en optimisant l'utilisation des énergies comme le gaz ou l'électricité, le montant de vos factures diminue. :o
L'écoconception considère le cycle de vie complet d'un produit. On considère donc les phases amont, depuis la fabrication de la matière première de fabrication, et on se projette jusqu'à la fin de vie du produit.
La vie utile d’un produit ou d’un service, de sa naissance jusqu’à sa mort, se décline généralement en six étapes :
extraction des matières premières ;
fabrication ;
assemblage ;
transport ;
usage ;
fin de vie.
Traditionnellement, ces étapes sont représentées de façon linéaire :
Avec l'écoconception, la représentation devient donc circulaire. Le cycle de vie sera donc plutôt représenté comme ceci :
La question qui doit se poser en fin de vie est : "Ce produit en fin de vie peut-il être utile à la conception d'un autre produit ?". En effet, un produit en fin de vie peut être recyclé, reconditionné, réutilisé à un autre effet, et revendu. Lorsqu'on arrive au bout de son utilisation, le produit est alors incinéré ou enfoui.
L’écoconception est donc au cœur des démarches d’économie circulaire !
Une approche multicritères par impacts environnementaux
Le cycle de vie du produit est intégré dans un environnement avec des flux de matières entrants (matériaux, énergie) et des flux de produits et matières sortants (effluents, déchets solides, sous-produits, etc.). Ceux-ci ont également un impact environnemental. Par exemple : émissions de gaz à effet de serre, épuisement des ressources, pollution de l'air, de l'eau et du sol, etc. (source : d'après AFNOR 2005, source eco-conception.fr).
Il faut savoir que ces impacts peuvent être pris en compte. Cette démarche est donc une approche multicritères par impacts environnementaux. Elle est très intéressante, car elle élargit le champ de prise en compte et apporte donc une vision plus juste.
Le tableau ci-dessous donne quelques exemples de critères d'impact et leur définition.
Critères d’impact : | Définitions : |
Acidification | Modification du pH du milieu naturel (air, eau, sol) entraînant des perturbations des écosystèmes |
Changement climatique | Émission de gaz renforçant l’effet de serre, contribuant ainsi au dérèglement du climat |
Consommation matière première | Épuisement des ressources naturelles, entraînant des pénuries de ces matières |
… |
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La maîtrise des transferts d’impact
Cette notion est importante à garder à l'esprit. En effet, on peut, par exemple, préférer une matière moins toxique mais qui aura comme effet de réduire la vie d'un produit, et donc potentiellement de créer plus de déchets. Il faut trouver le bon équilibre : c'est bien là le but de l'écoconception. Le fait de prendre en considération tout le processus, et ce dès la conception, amène naturellement à penser différemment et donc à innover. C'est ce que l'on appelle l'éco-innovation.
Familiarisez-vous avec la réglementation associée à l'écoconception
Les écolabels officiels visent à concevoir et promouvoir des produits et des services plus respectueux de l’environnement tout au long du cycle de vie (de l’extraction des matières premières à leur utilisation, en passant par leur fabrication).
Un écolabel est un formidable outil pour guider sa démarche d’écoconception, quand il existe un référentiel de la catégorie de produit que l’on veut concevoir. Il va permettre de comprendre quels sont les défis majeurs à relever sur l’ensemble du cycle de vie afin d’améliorer le produit. Les exigences du label et les méthodes de calcul et d’analyse, ainsi que la connaissance des seuils cibles à atteindre, sont utiles pour mesurer le niveau de performance environnementale de son produit. Et ainsi comprendre le chemin qu’il reste à parcourir.
L’un des labels les plus connus en France est l’écolabel européen, créé en 1992 par la Commission européenne ; il s’agit du seul label écologique officiel européen utilisable dans tous les pays membres de l’Union européenne. À l’échelle de la France, il existe le label NF Environnement. Des labels officiels d’autres pays sont aussi vendus en France, par exemple avec le label Nordic ou l’allemand Blauer Engel.
Les écolabels officiels répondent à la norme ISO 14024, ce qui les distingue d’un simple label (privé, dit label autodéclaratif). À ce titre, ils réunissent des caractéristiques variées : approche multicritères sur l’ensemble du cycle de vie du produit, en tenant compte de l’efficacité d’usage du produit, avec révision régulière des critères des référentiels déterminés en fonction du rythme d’évolution des technologies, et certification par une tierce partie.
En France, le ministère de l’Environnement a confié à l'ADEME l'accompagnement de la politique française en matière d'écolabels européens, et à l'AFNOR Certification sa délivrance. Au niveau européen, l’écolabel européen est porté par la Commission européenne (DG Environnement et Joint Research Center).
En plus des référentiels consultables sur le site de la Commission européenne, l’ADEME publie des fiches de présentation. Enfin, la liste des produits certifiables est consultable en suivant ce lien : catégorie de produits certifiables.
L' éco-innovation
On ne peut plus produire ni innover sans considérer notre environnement ! Éco-innover, c'est innover en respectant notre environnement et en créant un monde durable. L'innovation est le moteur de notre croissance ; savez-vous que plus de 42 % des produits exportés au cours de l’année 2015 n’existaient pas une dizaine d’années plus tôt ? Il est donc essentiel d'intégrer la dimension environnementale dans toutes nos innovations.
L'éco-innovation concerne toutes les étapes de vie d'un produit. Les impacts positifs sont durables et ne se résument pas à des résultats à court terme ! Intégrer l'éco-innovation dans son entreprise est une stratégie efficace, qui impactera par ailleurs favorablement les relations humaines en fédérant les salariés. Cela peut aussi donner lieu à des partenariats inter-entreprises, par exemples les déchets d'une entreprise pouvant servir de matière première à une autre.
Enfin, ces principes peuvent être appliqués au-delà de l'entreprise, créant ainsi des changements sociaux. Chacun à son échelle peut y adhérer et ce, dès le plus jeune âge.
Pour résumer, c'est innover en prenant en considération l'environnement !
Vous avez pu appréhender l'importance de prendre en considération le cycle de vie complet d'un produit, pour y intégrer les dimensions écologiques et environnementales. Dans la partie suivante, vous allez découvrir un formidable outil de codéveloppement : la PLM.