Formez-vous au rôle de maître d'apprentissage ou de tuteur

Dans ce chapitre, je vais vous parler concrètement de la manière dont vous allez procéder pour préparer une transmission de vos compétences à votre alternant. En effet, vous n’êtes pas forcément formateur, et si cela s’apprend, cela ne s’improvise pas !

Jusqu'ici, vous avez décrit votre poste de manière précise. Vous avez également expliqué les activités à l’alternant. Il est donc au fait de l’ensemble des activités qu’il devra savoir réaliser à la fin de son parcours de formation en entreprise. Comme on a vu dans le chapitre précédent, chaque activité peut en effet être décomposé en niveaux de difficulté. Si vous combinez plusieurs facteurs à un niveau de difficulté élevé, vous allez avoir un projet complexe à réaliser. Mais identifier ces difficultés ne suffit pas, il faut parfois adapter les situations de travail à votre alternant aussi.

À la fin de ce chapitre, vous serez capable d’identifier des situations de travail apprenantes et préparer vos séances de formation.

Adaptez les situations de travail pour qu’elles deviennent apprenantes

Pour permettre à l’alternant de progresser, les situations de travail qui servent de support aux apprentissages sur chaque activité du métier doivent avoir un certain potentiel formateur.

Donnez le droit à l’erreur

Une situation de travail est apprenante si elle permet le droit à l’erreur, au tâtonnement. Il faut libérer votre alternant de la peur d'en faire !

“La plus grande erreur que vous puissiez faire dans la vie, c’est d’avoir peur de faire des erreurs.“ - JFK

Organisez, variez et répétez les situations 

Les situations de travail seront d’autant plus formatives qu'elles seront :

• organisées dans une logique de complexité croissante, comme dit précédemment ;

• variées : les contextes sont différents, les connaissances à mobiliser et les raisonnements à développer sont spécifiques ;

• fréquentes pour permettre l'entraînement et développer l’autonomie professionnelle.

Utilisez les échelles de difficulté pour définir la progression dans les apprentissages 

Reprenons l’exemple de l’échelle de difficulté “Conduite et manœuvres”, et situons cette activité dans un contexte.

Par exemple :

🚚 Nous sommes à la fin décembre. Vous intervenez uniquement chez des clients localisés à la campagne. Ils sont nombreux et les dépannages prévus ne sont pas simples. Vous transportez votre matériel dans un fourgon.

L’alternant que vous formez aujourd’hui a son permis depuis 6 mois. Il a principalement conduit une voiture, de jour, et sur des grands axes et des routes départementales.

Or, le niveau d’expertise mentionné dans le référentiel de certification et transcrit sur l’échelle de difficulté nécessite que l’étudiant progresse sur plusieurs points. Il y a un décalage important entre le niveau de difficulté lié à la réalité du travail fin décembre, et le niveau de l’alternant.

Malgré ce décalage, pas question d’annuler la séance de formation. La vie de l’entreprise permet malheureusement très rarement de respecter la progression pédagogique.

Par contre, vous allez prendre en compte ce contexte spécifique de travail et adapter votre façon de procéder :

• laisser l’alternant conduire sur la route départementale, situation qu’il connaît déjà ;

• prendre le volant sur les routes de campagne et lui expliquer les points de vigilance sur ce type de route ;

• lui rendre le volant sur les routes de campagne, quand le jour sera levé ;

• lui laisser le volant sur le trajet de retour si vous considérez que sa performance du matin est suffisamment bonne pour ne pas prendre de risques sur les routes de campagne.

Bien sûr, vous lui expliquez les raisons de vos choix. Pour cela, vous pouvez utiliser l’échelle de difficulté pour qu’il se rende compte des différents scénarios possibles de la conduite.

Si l’alternant n’a pas été suffisamment performant au volant, une ou plusieurs séances de formation complémentaires seront nécessaires. Si sa conduite satisfait aux attendus, faites en sorte qu’il gagne en aisance et en autonomie. Laissez-le conduire régulièrement. Vous pourrez procéder de la même façon pour intégrer progressivement la difficulté liée à l’accessibilité du lieu de résidence du client.

Donnez-vous des repères en préparant des scénarios pédagogiques

Place à un nouvel outil : un scénario pédagogique.

Vous avez raison. Cependant, deux ou trois points de repère permettront un bon déroulement de la séance de formation et faciliteront sa réalisation. C'est en quelques sortes simplement un plan d'action pour le jour J. 🙂

Votre agenda est chargé et vous ne pouvez pas passer tout votre temps à côté de l’alternant. Ce n’est d’ailleurs pas souhaitable, sous peine de ne pas mettre en place les conditions pour le développement de l’autonomie professionnelle.

Pour ne pas perdre de temps, ni en faire perdre à l’alternant, je vous conseille vivement de préparer chaque séance de formation. Le résultat de cette préparation est le scénario pédagogique.

Pour chaque activité du poste, que vous contextualiserez dans une situation de travail, vous allez donc devoir développer des scénarios pédagogiques.

Voici une trame pour en construire.

Ensuite, divisez votre scénario en plusieurs temps.

Dans la colonne dédiée à ce que fait le tuteur, précisez :

• la méthode que vous allez utiliser pour permettre à l’alternant de développer les compétences liées à chaque séquence ;

• quelques éléments de contenu à ne pas oublier.

Dans Ce que fait l'alternant, vous pouvez indiquer si l'alternant doit plutôt écouter, participer,  analyser, vous questionner ou encore prendre des notes.

La durée doit être cohérente avec la façon de procéder. Si vous prévoyez de guider l’alternant à partir d’un questionnement, le temps nécessaire sera plus long qu’à partir d'une simple consigne. Les résultats, en termes d’apprentissage, ne seront pas non plus les mêmes.

Pour chaque séquence de formation, prévoyez un temps de 2 à 3 fois supérieur à celui qui vous serait nécessaire pour réaliser le travail.

Exemple de scénario pédagogique

Voici par exemple le scénario pédaogique qu'aurait pu réaliser le tuteur d'un développeur en formation en alternance, pour le faire progresser sur la construction d’un site Internet.

Une fois ces informations clarifiées, voici les différents temp de formation qui pouraient avoir lieu, avec du travail réalisé par l'étudiant entre

En résumé

• Choisissez des situations de travail qui permettent le tâtonnement et ouvrent le droit à l’erreur. Sinon, adaptez-les ou changez de situations de travail.

• Pensez à varier les situations de travail pour que votre alternant apprenne dans des contextes différents.

• Commencez par des situations de travail simples.

• Préparez les séances de formation en entreprise pour avoir des repères pendant la séance, et dans le temps.

Maintenant, vous savez identifier des situations de travail apprenantes et préparer vos séances de formation. Je vous propose à présent de passer à la “pratique” : comment vous y prendre pour transférer vos savoir-faire, vos compétences ?