Les « émetteurs » de gaz à effet de serre (GES) sont les entreprises ou les secteurs économiques qui, au travers de leur activité, rejettent des gaz à effet de serre dans l'atmosphère.
Le saviez-vous ?
Au moins 4 entreprises françaises ont chacune une empreinte carbone supérieure à celle de la France.
Les 10 premières entreprises françaises les plus émettrices exercent dans tous les secteurs. On y trouve des banques, des entreprises du secteur énergétique, de l'industrie lourde (acier et ciment) et de l’aéronautique.
Sur les 40 entreprises du CAC, seules 3 d’entre elles – EDF, Schneider Electric et Legrand – sont théoriquement alignées avec l’Accord de Paris.
Il est temps, quelle que soit l’entreprise dans laquelle vous travaillez, de vous retrousser les manches !
Comprenez le problème des énergies fossiles
Depuis la première révolution industrielle (1760 – 1840), l’abondance énergétique a profondément changé le visage de notre monde. L'avènement des machines nous a déchargés du travail le plus pénible, que ce soit dans les champs ou en usine. Et, dans les années 50, le développement de la pétrochimie, de l’industrie plastique puis de la publicité ont permis l'avènement de la société de consommation.
Les transformations de la Terre sous l'influence humaine ont augmenté au fil des siècles. Depuis les années 1970, nous avons pris conscience de l’ampleur et de la rapidité des répercussions induites. Cette montée en régime depuis les années 50, dont témoignent quelques tendances spectaculaires, a été nommée la Grande Accélération.
Aujourd’hui, dans les pays du Nord, nos sociétés sont dépendantes des énergies fossiles. La surconsommation de ces énergies a des répercussions extrêmement importantes sur le climat, et contribue fortement au changement climatique.
Quelles sont ces 3 énergies fossiles ?
On compte parmi elles :
le gaz naturel ;
le pétrole ;
et le charbon.
On retrouve ces 3 énergies fossiles dans tous les secteurs, mais principalement dans les transports, l'industrie, la construction et l'agriculture (au travers de la mécanisation de celle-ci, des intrants azotés et de la déforestation).
Les énergies fossiles se retrouvent également dans tous les usages. Par exemple, l’utilisation des bâtiments (chauffage et climatisation), la mobilité, l’informatique, etc. Ces énergies ont l’avantage d'être stockables et facilement transportables. Mais elles ont une capacité d’extraction limitée et sont très polluantes.
Par exemple, le pic du pétrole conventionnel a été passé il y a une dizaine d’années. Les ressources accessibles diminuent donc graduellement, il est de plus en plus difficile de les extraire, et leur extraction nécessite de plus en plus d’énergie.
Au quotidien, on utilise des machines qu’il faut alimenter en énergie pour se déplacer, se chauffer ou encore fabriquer des produits.
La combustion de ces énergies émet du CO2. Si l’on prend le total des émissions mondiales de gaz à effet de serre, les émissions de CO2 en représentent les ¾. Classons-les selon 3 origines :
57 % proviennent de la combustion des énergies fossiles : pétrole, gaz et charbon ;
17 % sont imputables à la déforestation et au déstockage de carbone des sols dû à des changement d'affectation des sols. Par exemple, produire du soja ou du maïs pour nourrir le bétail dégage d’importantes quantités de GES ;
3 % proviennent enfin des processus générant du CO2 minéral, tels que la décarbonatation dans les cimenteries.
Les sources d'énergie non carbonées (le nucléaire) ainsi que les énergies renouvelables ne fournissent encore que 20 % de toute l'énergie que mobilise le fonctionnement de l'économie mondiale. Ce pourcentage était le même en 1974. En comparaison, en 1850, les énergies renouvelables (à l'époque, les moulins à eau, à vent, la force animale, le bois…) fournissaient 100 % de notre énergie. Depuis cette époque, ces énergies ont été remplacées par le charbon, le pétrole ou le gaz.
Qu’est-ce qu’une énergie renouvelable ?
On retrouve par exemple en énergies renouvelables (EnR) l’hydraulique, l’éolien, le solaire, la géothermie (énergie de la terre) ou encore la biomasse (énergie issue de la matière organique, par exemple le compost). Certaines EnR sont intermittentes, ce qui nécessite du stockage ou de la conversion dans une autre énergie.
Considérez les autres émissions de GES
En plus de la combustion des énergies fossiles, il existe d’autres gaz à effet de serre (GES), également anthropiques (d’origine humaine), qui ont un pouvoir réchauffant et une durée de vie dans l'atmosphère bien supérieurs.
Ces autres gaz à effet de serre sont donc important, bien qu’ils soient présents en moindre quantité dans l'atmosphère :
le méthane (CH4), qui provient à 90 % de l’agriculture (élevage de ruminants, rizières…), le reste émanant de fuites industrielles ;
le protoxyde d’azote (N2O), qui provient à 90 % de l’agriculture et ses intrants azotés, c'est-à-dire les engrais utilisés pour les cultures intensives ;
les gaz fluorés, principalement utilisés dans l'industrie. Un bon exemple d’utilisation peut être la chaîne du froid, pour transporter les denrées alimentaires fragiles telles que la viande.
Il faut aussi noter que les différents GES anthropiques ont un impact plus ou moins important sur le climat : si le CO2 est le GES anthropique ayant l'impact le plus important sur le climat, la participation des principaux GES anthropiques au réchauffement climatique est la suivante :
Comparons les émissions des différents GES en les exprimant en équivalents CO2 (notés CO2e).
Quelles sont émissions de GES des différentes énergies en grammes de CO2e pour produire 1 KWh d'électricité ?
le gaz naturel émet 450 g CO2e /kWh ;
le pétrole émet 800 g CO2e/kWh ;
le charbon, 1 200 g CO2e/kWh ;
le nucléaire, l’hydraulique et l’éolien émettent 35 g CO2e/kWh ;
et le solaire, 100 g CO2e pour produire 1 kWh d'électricité.
Pour convertir les émissions d’un GES en CO2e, on utilise « l’outil » nommé pouvoir réchauffant global (relatif) à 100 ans, ou PRG (outil retenu dans la Base Carbone ®, accessible en open data). Ainsi :
le CO2 a un PRG à 100 ans de 1 ;
le méthane (CH4) a un PRG de 25 ;
le protoxyde d’azote (N2O) d’environ 250 ;
et le PRG des gaz fluorés se compte en milliers.
Il faut donc également être conscient de la durée de vie des différents GES dans l'atmosphère : celle du méthane est courte d’une douzaine d'années, là où effectivement, celle du CO2 est de 100 ans et celle du protoxyde d’azote supérieure à 100.
Tout cela explique que même si nous arrivions à des émissions nulles de GES à horizon 2050, le système climatique continuerait à se réchauffer. On parle donc d’inertie climatique, à prendre en compte dans la modélisation du climat.
Identifiez les secteurs émetteurs en France
Selon le rapport CITEPA 2019, les émissions de GES se répartissent en France entre ces différents secteurs :
31 % pour les transports,
- dont 28 % pour le transport routier composé à 53 % de voitures individuelles ;
19 % pour l’agriculture, la sylviculture et la gestion des sols,
- dont un peu moins de la moitié est liée à l’élevage bovin (9 %) ;
19 % pour l’industrie,
- pour moitié, du CO2 lié aux énergies fossiles et pour l’autre moitié d’autres GES ;
17 % pour les bâtiments résidentiels et tertiaires,
- dont un peu moins des ⅔ (12,5 %) sont dus aux bâtiments résidentiels ;
- les émissions de CO2 des bâtiments sont inférieures en France en général car l’électricité française émet peu de CO2 par rapport à d’autres pays ;
10 % pour la transformation de l’énergie ;
et 4 % pour les déchets.
De la même façon, les émissions des sites étrangers des entreprises françaises ne seront pas non plus comptabilisées dans les émissions nationales.
C’est pourquoi il vaut mieux regarder l’empreinte carbone moyenne d’un Français si l’on veut savoir quels secteurs émettent le plus de CO2 dans la consommation économique française.
Le magazine Youmatter a publié un article sur l'émission de CO2 des Français par an. Je vous invite à le consulter. Et le média en ligne BonPote a réalisé une infographie que je vous présente ici :
En résumé
Le pétrole, le gaz et le charbon sont les 3 énergies fossiles dont la combustion émet du CO2, un des GES à l’origine du réchauffement climatique.
Les autres gaz à effet de serre (GES) sont le méthane, émis par l’agriculture, le protoxyde d’azote, émis par l’agriculture et l’industrie, et les gaz fluorés.
Le premier secteur émetteur de GES en France est le secteur des transports avec 30 %.
Les 3 secteurs suivants, avec environ 20 % chacun, sont l’agriculture, l'industrie et le bâtiment.
Les émissions CO2 de la France se sont réduites entre 2005 et 2018, mais si on intègre la pollution CO2 importée, on se rend compte que l’empreinte carbone d’un Français a augmenté sur cette même période.
Vous avez à présent une meilleure idée des impacts environnementaux selon les secteurs d’activité. Voyons au chapitre suivant l’impact du dérèglement climatique sur les entreprises.
