N’oublions pas que l'informatique et les NTIC sont présentes au cœur de tous les processus de toute entreprise depuis la transformation numérique. Elles sont donc devenues « l’usine » des entreprises de services, et l’une des unités de production de toutes les autres industries.
Cette position entre fonction support et fonction de production me fait distinguer ce métier des autres fonctions support dans ce cours.
Identifiez les impacts écologiques et solutions à apporter dans l’IT
Prenez conscience de l’impact
Quoi qu’on en dise, le numérique est tout sauf virtuel. Il représente 4 % des émissions de GES, et en représentera le double en 2030, notamment avec l'électrification des usages et l’effet rebond.
Il est donc temps d’en questionner les usages pour en limiter les impacts.
Les impacts sont principalement dans la fabrication de nos matériels et équipements informatiques : ordinateurs (1,4 Md en utilisation), smartphones (3,5 Md utilisés) et autres objets connectés (34 Md). En matière d'utilisation :
la vidéo représente 80 % du trafic d’Internet ;
l'économie de l’attention (les médias sociaux) représente 15 à 20 % du trafic Internet, vidéos comprises.
Et les impacts du numérique vont bien au-delà du carbone. Il a de nombreuses autres externalités négatives environnementales, sur la biodiversité, les ressources naturelles et les métaux critiques, la quantité de déchets, la pollution et le stress hydrique dû à la sécheresse. Tout comme des impacts sociaux et éthiques : problèmes de santé mentale, de santé physique, de fracture numérique…
Instaurez des solutions
Commencez par :
découvrir les impacts du numérique et à vous former à l’aide d’un atelier participatif de la Fresque du Numérique ;
Enfin, vous pouvez aussi vous former en suivant le MOOC "Numérique responsable" de l'INR.
Intéressez-vous également à la loi REEN : la loi visant à réduire l'empreinte environnementale du numérique.
Et pour vous engager concrètement, vous pouvez signer et respecter la charte Numérique Responsable de l’INR.
Alors, qu’est-ce que c’est, être « numérique responsable » ?
C’est avant tout avoir une bonne hygiène numérique :
faire durer les matériels informatiques (même s’ils sont amortis comptablement) ;
acheter des équipements de seconde main, reconditionnés, et prendre soin des appareils pour qu’ils durent. Réparer si possible ;
proposer le rachat des ordinateurs anciens par les salariés à moindre coût. Selon l’ONU, 75 % des déchets numériques échappent aux filières de recyclage, alors autant maximiser leur utilisation ;
limiter l'utilisation de la vidéo, les regarder en basse définition, désactiver le démarrage automatique des contenus multimédia ;
privilégier le podcast à la vidéo ;
rester modéré quant à son utilisation des médias sociaux, pour ne pas être victime de l'économie de l’attention et du FOMO (Fear of Missing Out) que l’on veut nous imposer ;
supprimer vos mails traités, limiter les personnes en copie, nettoyer vos spams avec Cleanfox, envoyer vos pièces jointes sous forme de lien téléchargeable ou de chemin vers un dossier partagé ;
utiliser le WIFI plutôt que la 4/5G ;
créer des raccourcis sur les sites internet fréquemment utilisés ;
fermer les fenêtres Web évite aussi au navigateur de les actualiser, et réduit votre consommation (une simple recherche Google émet 7 g de CO2 !) ;
supprimer régulièrement les e-mails inutiles, spams et mails contenant des pièces volumineuses, pour éviter de faire tourner des serveurs. Un outil comme Cleanfox peut nettoyer vos spams et newsletters automatiquement.
Pour illustrer un peu ce qu’il est possible de faire en termes de numérique responsable, voyons ce qu’il se fait chez Microsoft, entreprise engagée à être carbone net positif d’ici 2030. Jean-Philippe Courtois, Executive Vice President and President au sein des National Transformation Partnerships, nous parle des pratiques de Microsoft.
Si vous travaillez à la DSI, intéressez-vous à la mesure des impacts du numérique des organisations et au bilan carbone :
du système d’information ;
des datacenters, qu’ils soient physiques ou dans le cloud ;
des services numériques ;
du SaaS.
Si vous travaillez aux études informatiques, formez-vous à l’ACV de services numériques, et évaluez les impacts tout au long du cycle de vie :
Apprenez à écoconcevoir vos sites Web et vos services numériques.
Écoconcevoir un service numérique, c’est chercher à réduire la quantité des ressources informatiques utilisées par ce service : puissance du terminal, bande passante, nombre de serveurs, etc. Ce faisant, on diminue mécaniquement les impacts liés à la non-fabrication de ressources inutiles, et on allonge la durée de vie des terminaux.
Julien Wilhelm, en charge du développement écoresponsable et de l’analyse de la performance Web environnementale chez Temesis, nous en dit plus sur le sujet :
Est-ce que tout peut-être écoconçu ? Quels sont les freins et avantages de l'écoconception numérique ?
Julien Wilhelm nous l'explique et conclut avec deux exemples concrets de projets écoconçus :
Pour éviter l’effet rebond, questionnez les utilisations du numérique, et intéressez-vous à la Low-Tech.
La Low-Tech (de l’anglais low technology, basse technologie, en français) est un ensemble de techniques, objets, services, systèmes, pratiques, modes de vie ou encore courants de pensée simples et à la portée de tous.
La Low-Tech regroupe trois grands principes :
l’utilité : répondre aux besoins essentiels, comme l’énergie, l’alimentation, l’accès à l’eau ou la santé ;
l'accessibilité : être abordable et appropriable par le plus grand nombre ;
la durabilité : optimiser les impacts tant écologiques que sociaux ou sociétaux à toutes les étapes du cycle de vie.
Dans son livre L’Âge des Low-Tech, Philippe Bihouix décrit la Low-Tech comme une alternative aux modes de consommation actuels. Plus respectueuse de l’environnement et de la santé humaine, elle répondrait aux enjeux du développement durable.
En résumé
Le numérique est donc tout sauf virtuel, et ses impacts sont importants.
Faites durer au maximum le matériel IT et achetez du matériel reconditionné.
La vidéo est la plus consommatrice d’énergie. Limitez-en l’usage et passez en basse résolution.
Pensez à l’effet rebond dans le développement de vos services numériques.
Passez à l'écoconception de vos services numériques.
On s'approche de la fin de cette partie ! Découvrez dans le prochain chapitre les enjeux des fonctions de management.
