Évitez la surcharge d’informations dès le départ
Fournissez-vous le plan de la formation au début de la formation ? Si oui, pourquoi ? Pour que les apprenants sachent où ils vont, et puissent anticiper les différentes phases d’apprentissage… Mais peuvent-ils vraiment retenir toutes les étapes avant même d’avoir commencé ?
Souvent dans les premières minutes d’une formation, nous fournissons le plan du cours. Parfois ce plan est très détaillé : nous présentons les titres de l’ensemble des principales parties et des sous-parties, et les titres présentent eux-mêmes des concepts clés.
Du point de vue des apprenants, ce type de plan amène une quantité considérable d’informations nouvelles à traiter. Cela peut leur donner l’impression que la formation sera très riche, mais aussi très dense. Résultat, nous venons de saturer leurs capacités à traiter de nouvelles informations dès le début de la formation.
Quasiment toutes les formations de cuisine commencent avec la liste exhaustive des ingrédients et leurs différentes quantités. Cela a le mérite de pousser les apprenants à vérifier qu’ils disposent de tous les ingrédients nécessaires avant de commencer.
Par contre, les apprenants vont traiter un ensemble d’informations spécifiques dès le début de la formation, alors qu’ils n’utiliseront ces informations qu’à des étapes bien plus avancées de la formation.
Résultat :
Les apprenants n’encodent pas ces informations en profondeur ;
Ils risquent d’oublier plus facilement la liste de tous les ingrédients ultérieurement.
Une exception est faite dans les recettes de cuisine pour le grand public, parce qu’il est indispensable de vérifier que l’on dispose de tous les ingrédients dès le départ pour faire la recette. De plus et surtout, le grand public n’a pas vocation à devenir cuisinier professionnel en retenant les recettes dans les moindres détails.
Régulez les limites de la mémoire de travail de vos apprenants
Les informations à manipuler peuvent être nouvelles, ou familières et déjà maîtrisées. Les informations peuvent également être présentées dans différentes modalités : visuelles, auditives, tactiles ou même olfactives.
Comme vous allez le voir, la mémoire de travail est puissante pour structurer les informations. En revanche, elle est très limitée sur le nombre d’informations qu’elle peut manipuler à un moment donné.
Vous allez apprendre à structurer votre contenu pédagogique pour aider les apprenants à réguler leur mémoire de travail.
Plus spécifiquement, découvrez dès à présent 2 méthodes neuropédagogiques :
Adoptez la règle d’or du nombre 4 pour structurer un grand nombre d’informations ;
Hiérarchisez le contenu pour structurer les informations simples et complexes.
Adoptez la règle d’or du nombre 4
La mémoire de travail est limitée : elle peut traiter simultanément jusqu’à 4 informations lorsque l’on réalise une tâche complexe qui nécessite de créer des liens entre les informations. Au-delà de 4 informations, le cerveau met en place des mécanismes d’encodage plus élaborés pour gérer la limite de la mémoire de travail.
Nous utilisons la mémoire de travail à chaque instant pour exécuter n’importe quelle activité. Par exemple, prendre des notes en même temps que nous écoutons quelqu’un ou lisons un article.
Comment faites-vous pour retenir un numéro de téléphone le temps de mettre la main sur votre téléphone et de l’allumer ?
Pour composer un numéro de téléphone sur un clavier, nous répétons en boucle les 4 derniers nombres du numéro de téléphone le temps de les pianoter. Le premier nombre est un préfixe comme le 06 ou le 01 ; nous mobilisons nos connaissances sur les préfixes pour éviter d’avoir à traiter ce nombre en mémoire de travail.
Comment éviter, de manière générale, la surcharge d’informations ?
Voici quelques bonnes pratiques :
Adoptez les bonnes pratiques
Identifiez les 3 à 5 objectifs pédagogiques ou les 3 à 5 compétences clés que vous souhaitez développer dans votre formation.
Identifiez les 3 à 5 situations d’apprentissage que vous voulez faire expérimenter à vos apprenants.
Identifiez les 3 à 5 mots clés ou concepts clés que vos apprenants doivent absolument retenir dans une section.
Identifiez les 3 à 5 actions que vos apprenants doivent exécuter pour réaliser une activité et atteindre un objectif.
Présentez des groupes de 4 informations max (plus ou moins 1 information) dans chaque section et chaque sous-section.
Créez autant de groupes de 4 informations max (plus ou moins 1 information) que nécessaire pour présenter toutes les informations.
À vous de jouer !
Quels pourraient être les 4 objectifs pédagogiques de votre formation sur la préparation des lasagnes à la bolognaise onctueuses ? Listez-les.
Hiérarchisez les informations pour gérer la complexité de votre contenu
Rappelez-vous quand vous changez de téléphone portable. Dans ce genre de situation, nous apprenons extrêmement vite comment utiliser notre nouveau téléphone.
Comment faisons-nous pour apprendre aussi vite ?
Au-delà de la simplicité apparente de l’utilisation d’un téléphone, notre cerveau doit quand même traiter un nombre considérable d’informations pour tirer rapidement profit du téléphone, et ne pas s’énerver face à la première difficulté. En fait, le cerveau utilise des stratégies de manière automatique pour structurer les informations et apprendre très vite.
La stratégie de hiérarchisation consiste à créer des groupes d’informations en fonction de leur caractère abstrait ou concret. Chaque groupe inclut une information abstraite et quelques informations concrètes.
Les niveaux les plus abstraits correspondent aux sous-objectifs ou aux compétences clés ; ce sont les principales parties de votre formation. Ce niveau d’information est abstrait, car les apprenants ne savent pas encore comment ils vont atteindre ces objectifs et ces sous-objectifs. Ils ne disposent pas encore d’informations concrètes sur ce qu’ils vont apprendre. Par exemple, l’un des sous-objectifs de ce cours est d’apprendre à structurer le contenu de formation pour stimuler la mémoire de travail. Jusque-là tout va bien, mais vous ne savez pas encore comment faire concrètement ;
Les niveaux les plus concrets sont les définitions, les situations d’apprentissage, les outils, les actions, etc. ; ce sont les sections de chaque partie. Les informations concrètes sont les éléments d’information qui permettent d’atteindre chaque sous-objectif de manière plus concrète. Par exemple, dans cette partie du cours, vous venez de découvrir 2 méthodes pour atteindre le premier sous-objectif : créer des groupes de 4 informations (la règle d’or du nombre 4), et hiérarchiser vos informations pour structurer votre contenu et le rendre mémorable. Ces méthodes, les bonnes pratiques pour appliquer chaque méthode, et les exemples, sont des informations de plus en plus concrètes.
Résultat, en appliquant cette méthode, les apprenants organisent les informations dans leur cerveau comme un arbre hiérarchique : chaque branche de l’arbre représente un groupe d’informations abstraites, et chaque branche se ramifie en des branches et des feuilles de plus en plus concrètes.
Par exemple, lorsque vous changez de téléphone portable, vous devez vous adapter et apprendre à utiliser le nouveau téléphone. Au moment d’utiliser votre nouveau téléphone, l’un de vos objectifs pourrait être de composer un numéro de téléphone. Le type de téléphone est déjà une information plus concrète pour atteindre votre objectif, mais vous devez encore réaliser une série d’actions, et savoir sur quelle touche spécifique vous devez appuyer. Dans cet exemple, les touches sur lesquelles vous appuyez représentent le niveau des informations plus concrètes.
Quelles sont les bonnes pratiques pour hiérarchiser l’information ?
Utilisez un arbre hiérarchique pour structurer les informations :
chaque niveau de l’arbre hiérarchique n’inclut pas plus de 4 (plus ou moins 1) informations ;
créez autant de sous-groupes et de niveaux hiérarchiques que nécessaire pour structurer toutes les informations que vous devez transmettre dans la formation.
Créez les différentes parties d’une formation : identifiez les 4 (plus ou moins 1) objectifs pédagogiques ou situations d’apprentissage de votre formation ; ces objectifs et ces situations constituent chaque partie de la formation.
Organisez le contenu de chaque partie de la formation et créez plusieurs sections :
pour chaque objectif pédagogique ou pour chaque situation d’apprentissage, identifiez quels sont les outils et le matériel que les apprenants vont traiter et manipuler, ainsi que les actions qu’ils vont exécuter ;
organisez les informations que vous avez identifiées en des groupes de 4 (plus ou moins 1) informations, des plus abstraites aux plus concrètes. Chaque groupe d’informations constitue une section ou une sous-section.
À vous de jouer !
Dans votre projet de formation de cuisine, vous avez précédemment identifié les 4 objectifs pédagogiques de la formation sur la préparation des lasagnes à la bolognaise onctueuses. Reprenez-les.
Admettons que pour l’objectif n°1 “Apprendre à cuisiner une sauce béchamel”, vous décidiez de présenter la catégorie “Ingrédients”. Mais cette catégorie inclut plus de 4 ingrédients :
Lait entier : 1 L
Beurre doux : 100 g
Farine de blé : 100 g
Parmigiano reggiano râpé : 100 g
Eau : 50 cl
Sel fin : 6 pincée(s)
Moulin à poivre : 6 tour(s)
Huile d'olive : 5 cl
Comment pourriez-vous présenter cette catégorie “Ingrédients” pour qu’elle respecte la règle d’or du nombre 4 ?
En résumé
Évitez de saturer les capacités à traiter de nouvelles informations.
La mémoire de travail représente la capacité à traiter et manipuler les informations pour réaliser une activité et atteindre des objectifs.
Présentez des groupes de 4 informations (plus ou moins 1 information) dans chaque section et chaque sous-section.
Hiérarchisez les informations en créant des groupes avec une information abstraite et des informations plus concrètes.
Maintenant que vous avez structuré votre contenu de formation pour stimuler la mémoire de travail, vous allez le peaufiner pour guider l’attention des apprenants pendant la présentation de votre contenu.