Stimulez les apprentissages avec les neurosciences

Ne laissez pas l’attention des apprenants divaguer

Pensez-vous que l’attention peut être soutenue 2 minutes, 10 minutes, 20 minutes, ou plus ? Vous pensez peut-être que ça dépend des éléments perturbateurs qui viennent court-circuiter l’attention à tout bout de champ, comme les notifications des téléphones portables ?

En fait, les capacités d’attention dépendent de plusieurs éléments : 

• Les objectifs que l’on souhaite atteindre ; 

• La complexité des informations que l’on traite ;

• La manière avec laquelle les informations sont présentées.

Lorsque les apprenants ne savent pas quelles sont les informations les plus importantes et pertinentes, ils ne savent pas où porter leur attention, et leur attention s’éparpille.

Les supports visuels peuvent aider à soutenir et à guider leur attention. Mais si les supports visuels sont surchargés ou mal structurés, les apprenants perdent du temps à faire le lien entre ce qu’ils entendent et ce qu’ils voient.

Guidez l’attention des apprenants pour atteindre leurs objectifs pédagogiques

Vous allez apprendre à guider l’attention des apprenants en les aidant à rester concentrés et à focaliser leur attention sur les informations importantes.

Dans ce chapitre, découvrez dès à présent comment utiliser 4 méthodes pour stimuler chaque type de capacité d’attention :

• Soutenir leur attention ;    

• Diriger l’attention sur les informations les plus pertinentes ;    

• Inhiber l’attention sur les informations les moins pertinentes ;

• Remobiliser l’attention.

Aidez vos apprenants à soutenir leur attention

Les capacités de concentration varient beaucoup en fonction du type d’activité. On dit souvent que l’attention ne peut pas être soutenue pendant plus de 20 minutes. C’est faux ! Les capacités à soutenir l’attention dépendent surtout des objectifs que l’on souhaite atteindre, du type d’activité et de la complexité de l’ensemble des informations qu’il faut manipuler.

Par exemple, l’attention peut être soutenue pendant plusieurs dizaines de minutes pour regarder un film captivant ou pour lire un livre passionnant. Dans ce cas de figure, les activités à réaliser requièrent peu d’efforts, et l’ensemble des informations est bien structuré grâce à plusieurs techniques de scénarisation. 

En revanche, l’attention peut décrocher facilement dans les situations d’apprentissage si le contenu n’est pas optimisé pour soutenir l’attention.

Bonne question ! Je vous les liste ici selon deux aspects : le contenu et le format.

Les bonnes pratiques pour aider à soutenir l'attention

À vous de jouer !

Pour aider vos apprenants à soutenir leur attention, imaginez un problème que vous pourriez leur soumettre au début de la formation sur la préparation de lasagnes.

À partir de ce problème, comment définiriez-vous le principal objectif de la formation ?

Une fois que votre objectif principal est défini, quels seraient les 4 (+/- 1) sous-objectifs ou étapes clés pour atteindre cet objectif principal ?

Aidez vos apprenants à focaliser leur attention sur les informations pertinentes

Par exemple, dans le jeu des 7 erreurs, l’attention doit se focaliser sur les informations très spécifiques et pertinentes qui diffèrent entre deux images, et les sélectionner.

À vous de jouer !

L’une des solutions pour préparer des lasagnes onctueuses consiste à bien cuisiner la sauce béchamel.

Imaginez les informations les plus importantes sur lesquelles vous voudriez que les apprenants portent toute leur attention pour bien cuisiner une béchamel. Quelles bonnes pratiques utiliseriez-vous pour mettre ces informations en évidence et aider les apprenants à focaliser leur attention sur ces informations ?

NB : Si vous ne savez pas comment cuisiner une sauce béchamel, pensez à une autre sauce, comme la sauce bolognaise ou toute autre recette avec laquelle vous êtes familier.

Aidez vos apprenants à inhiber les informations moins pertinentes

À votre avis, dans le jeu des 7 erreurs, pourquoi la dernière erreur est-elle toujours difficile à trouver ?

C’est parce que notre attention est automatiquement attirée par des distracteurs, c’est-à-dire des informations qui sautent aux yeux et que vous ne pouvez pas vous empêcher de traiter, même si vous savez qu’elles ne sont pas pertinentes.

Typiquement, dans une formation, les informations les moins pertinentes sont les conversations qui se déroulent en parallèle, les notifications qui arrivent sur le téléphone portable, ou tout type d’information qui détourne votre attention et qui vous empêche d’avancer.

On distingue 2 types de distracteurs :

• Les informations qui ne sont pas pertinentes pour réaliser une activité et atteindre un objectif ;

• Les informations que nous avons déjà traitées pour réaliser une activité, mais qui ne sont plus pertinentes pour avancer dans cette activité.

Par exemple, dans le jeu des 7 erreurs, plus les informations sont nombreuses dans les deux images à comparer, plus nous sommes attirés par les informations plus grosses ou avec des couleurs contrastées. De même, plus nous avançons dans le jeu, plus nous avons tendance à regarder à nouveau les informations que nous avons déjà traitées. Toutes ces informations sont des distracteurs ! Notre attention est comme attirée automatiquement par ces informations. C’est à cause de ces mécanismes attentionnels que la dernière erreur est toujours difficile à trouver !

Dans notre cerveau, c’est l’attention inhibitrice qui permet d’éviter de traiter les distracteurs et de porter l’attention sur des informations moins importantes ou moins pertinentes.

À vous de jouer !

Imaginez que pendant la formation sur la préparation de lasagnes onctueuses, les apprenants amorcent une discussion sur l’usage de la spatule pour préparer la béchamel.

Quelles bonnes pratiques utiliseriez-vous pour éviter que la spatule ne devienne un distracteur qui pourrait détourner l’attention des apprenants des informations les plus importantes ?

Aidez vos apprenants à rester alertes et vigilants

À votre avis, pourquoi les notifications sur nos téléphones portables peuvent-elles totalement happer notre attention ? Quand nous recevons une notification, nous nous arrêtons tout à coup de faire ce que nous faisions, parfois même au point d’oublier ce que nous faisions.

Dans le cerveau, c’est le système d’alerte et de vigilance qui réagit aux notifications. Quand nous sommes alertes et vigilants, nous nous attendons à ce qu’il se passe quelque chose, mais nous ne savons pas quoi. Et lorsqu’un événement arrive, cela peut totalement réorienter notre attention.

En l'occurrence, les notifications nous font un petit effet de surprise dans le cerveau. Elles ont un côté imprévisible : nous savons que des notifications vont probablement arriver, mais nous ne savons pas à quel moment et nous ne connaissons pas leur contenu. Et tout à coup, quand la notification arrive, elle kidnappe notre attention.

Et si vous kidnappiez vous-même le système de vigilance et d’alerte de vos apprenants ?

On ne peut pas éteindre le système d’alerte et de vigilance. Au contraire, les méthodes neuropédagogiques consistent à stimuler ce système, avec des effets de surprise et des informations inattendues au service de la formation.

En résumé

• Guidez l’attention des apprenants sur les objectifs, les problèmes à résoudre et les solutions à mettre en œuvre, de sorte à les aider à maintenir leur attention.

• Aidez les apprenants à sélectionner les informations importantes pour atteindre des objectifs en les mettant en évidence.

• Aidez les apprenants à inhiber les distracteurs en priorisant les informations et en contrastant les informations moins pertinentes et les pièges à éviter.

• Aidez les apprenants à rester alertes et vigilants en introduisant des informations inattendues, des surprises, des bonus ou des alertes pour remobiliser leur attention. 

Vous voilà armés des méthodes neuropédagogiques pour stimuler la mémoire de travail et les 4 types de capacités attentionnelles de vos apprenants. Dans le chapitre suivant, vous allez découvrir comment huiler toute cette mécanique dans le cerveau.