Savez-vous comment le transporteur utilise la data au quotidien ? Et quels sont ses indicateurs-clés calculés par le TMS ? Accompagnez-moi dans ce chapitre pour comprendre comment l’exploitation de la data participe à rendre le transport plus performant.
Augmentez votre performance grâce à la data
Les transporteurs et l’ensemble de la Supply Chain consomment beaucoup de données : informations de consommation, aléas de la circulation, émissions de CO2, cartographie, prix du carburant, etc.
Ces données sont essentielles aux actions quotidiennes du transporteur pour réaliser sa planification, établir un devis ou calculer un itinéraire pertinent. Mais les données permettent aussi de mener des actions curatives, c’est-à-dire de pouvoir proposer une solution au plus vite lorsqu’un problème est détecté lors d’une prestation (par exemple, proposer une relivraison en express en cas de panne).
Le transporteur doit donc pouvoir accéder simplement et rapidement aux données relatives à son activité et qu’elles lui apparaissent de façon claire. Sans cela, il aura moins de visibilité et sera moins réactif alors qu’on lui demande une grande agilité au quotidien.
Dans la Supply Chain, la donnée a aussi souvent besoin d’être partagée entre les acteurs. Par exemple : si un fournisseur a un imprévu de production, le client doit le savoir au plus vite et le transporteur aussi, pour pouvoir trouver une autre solution de sourcing rapidement. La Supply Chain a donc besoin d’avoir des outils partagés, où l’information est fluide, afin de pouvoir réagir rapidement.
Par ailleurs, souvenez-vous que le client est de plus en plus demandeur de services apportés par la data. Il souhaite avoir des informations en temps réel : connaître instantanément le prix de la prestation de transport, suivre les livraisons en direct, connaître l’heure d’arrivée prévue, etc. Ces services offrent aussi de la réactivité au client (chargeur ou client final) et c’est un atout qui permet au transporteur de se démarquer.
Avoir un bon pilotage quotidien de la data va donc jouer directement sur :
la compétitivité du transporteur ;
la satisfaction du chargeur et du client final ;
et, plus globalement, sur la performance de l’ensemble de la Supply Chain.
Outre l’aspect opérationnel et comme évoqué dans le chapitre précédent, le TMS propose de créer du reporting en se basant aussi sur les données opérationnelles.
Mais à quoi servent ces reportings ?
À mesurer la performance du transporteur, à plus ou moins long terme, sur la base d’indicateurs métier-clés, que l’on appelle KPI (“Key Performance Indicator” en anglais).
Le calcul des KPI permet de se comparer aux standards attendus sur le marché. Par exemple, si l’ensemble des transporteurs atteint un taux de service minimal de 80 %, mon entreprise de transport se doit d’atteindre a minima ce taux. Dans le cas contraire, je risque de perdre des clients.
Le calcul d’indicateurs permet également de savoir si mon entreprise répond aux attentes directes du client, qui exige lui aussi un standard.
Sur la base de ces différents attendus, le transporteur pourra se fixer des objectifs à atteindre et il pourra contrôler sa performance face à ces objectifs.
Ainsi, une entreprise qui ne mesure pas ses indicateurs est une entreprise qui n’a pas de visibilité sur ses points forts et ses faiblesses.
Dès lors que ceux-ci sont identifiés, le transporteur va pouvoir :
Capitaliser sur ses points forts et se démarquer de la concurrence. Amazon, par exemple, atteint un délai de livraison moyen très court, ce qui en fait un concurrent redoutable !
Observer ses points faibles et réaliser des démarches d’amélioration de l’activité, en réalisant des actions correctives qui visent à éliminer les sources de non-performance. Mener ces actions nécessite la mise en place de projets de petite ou grande envergure.
Ces différents projets d’amélioration seront eux aussi très consommateurs de données, à un niveau analytique. Cette fois-ci les données récoltées seront analysées de manière détaillée. Cela va permettre de décrire rationnellement les événements, ce qui en fait une arme redoutable pour aider les experts métiers. Ils pourront ainsi comprendre les problèmes passés, prouver leur existence et trouver des solutions. Par exemple, si une entreprise constate qu’en période de Noël elle a systématiquement des livraisons ratées (pour cause de client absent par exemple) et que cela impacte négativement son taux de service, l’expert métier pourra proposer un projet d’amélioration de la prise de rendez-vous client et ainsi éviter que le problème ne se reproduise.
Si nous nous tournons à présent vers le futur, c’est en comparant les données entre elles, sur un horizon statistiquement suffisant, que les analystes métier vont pouvoir prédire l’activité à venir. Comment ? En analysant les variations de l’activité face à certains événements passés et en anticipant leur impact futur.
Collectez les données
Vous l’aurez compris, un des principaux challenges des transporteurs, et de l’ensemble de la Supply Chain, est d’intégrer des systèmes d’information performants et communicants. Mais dans les faits, c’est plutôt complexe à mettre en place. D’une part, parce que la data est un élément stratégique et que les acteurs sont réticents à la partager, même si cela offre un important potentiel de synergie. D’autre part, parce que cela nécessite de lourds investissements technologiques qui doivent être partagés et amortis. En d’autres termes, ces investissements demandent une relation pérenne entre les différents acteurs de la Supply Chain ; ce qui est difficile à mettre en place.
Le second challenge, complémentaire au premier évoqué ci-dessus, est la nécessité pour la donnée d’être massivement stockée et analysée, dans le but de comprendre l’activité et de savoir la prédire.
Pour cela, la donnée doit être informatisée pour être rapidement disponible. Il n’est plus envisageable d’avoir à trier des documents papier pendant des heures ! L’ensemble des informations doit être digitalisé via des applications pour être exploité en temps réel et historisé dans des bases de données. Le bon de livraison papier est délaissé au profit d’applications mobiles. Et des objets de tracking connectés sont placés dans les véhicules pour les suivre en temps réel.
Les systèmes de collecte, de stockage et d’exploitation des données représentent un investissement conséquent pour les transporteurs. Ceux-ci sont aujourd’hui encore largement sous-équipés malgré leur rôle stratégique au sein de la Supply Chain.
Calculez les indicateurs de pilotage
Parcourons les principaux indicateurs suivis durant les opérations quotidiennes, mais également a posteriori à un niveau tactique. Commençons par les indicateurs de pilotage, qui sont les indicateurs relatifs à l’activité sur le terrain.
La durée moyenne des opérations de transport permet de contrôler le temps passé pour chaque opération (livraison, chargement, déchargement).
Temps total des opérations ÷ Nombre total d’opérations
Le taux de remplissage des véhicules permet de veiller à la bonne utilisation des capacités de transport. Il se calcule selon le critère de remplissage (surface au sol ou poids ou volume).
(Quantité totale chargée ÷ Capacité totale) × 100
La consommation de carburant pour 100 kilomètres permet de contrôler que le véhicule consomme ce qui a été prévu.
Quantité de carburant consommé ÷ Distance parcourue (km)
L’empreinte carbone permet de vérifier l’atteinte des exigences réglementaires et contractuelles de décarbonation du fret. Elle se calcule en fonction du carburant utilisé. Par exemple, le gasoil rejette 3,10 kg de CO2/litre consommé.
Quantité de CO2 rejeté par type de carburant (kg) × Nombre de litres de carburant consommé
Ce calcul peut être ensuite réalisé au prorata des poids/volumes transportés.
Le coût moyen des opérations de transport permet de contrôler le coût de chaque opération (livraison, chargement, déchargement).
Coût total des opérations ÷ Nombre total d’opérations
Il en existe bien d’autres qui concernent des attendus précis. Par exemple :
le taux de conformité des documents (réglementaires et administratifs) ;
la taille et la composition de la flotte (véhicules électriques versus véhicules thermiques) ;
la distance moyenne parcourue à vide ;
le taux de traçabilité en temps réel des véhicules.
Calculez les indicateurs de satisfaction client
Parcourons les différents indicateurs-clés qui permettent de mesurer la perception par le client de la performance de livraison. Plus les taux sont bas, plus le client sera insatisfait.
Le taux de litiges mesure la quantité de litiges par rapport au nombre total de livraisons. Si un incident se produit lors de la livraison (palette endommagée, non-respect de la chaîne du froid, etc.), le client pourra ouvrir un litige avec le transporteur. Il s’agit principalement des réserves émises en réception, comme nous l’avions évoqué dans la première partie du cours.
(Nombre de litiges ÷ Nombre total de commandes) × 100
Le taux de service des livraisons est un indicateur incontournable de la Supply Chain. Il permet de mesurer la performance globale de la livraison sur les 3B.
(Quantité de produits livrés à temps dans les références et quantités requises ÷ Quantité commandée) × 100
Le taux de retard peut être calculé indépendamment du taux de service. Il permet de mesurer la ponctualité du transport, en fonction des attentes du client.
(Nombre de commandes en retard ÷ Nombre total de commandes) × 100
En fonction des clients, les limites de retard peuvent varier, allant de quelques heures à quelques jours.
À vous de jouer
Nous revoilà six mois après le démarrage de votre activité avec “Les Pt’e-jouets”. Vous souhaitez mesurer la performance des dernières prestations de transport réalisées vers les boutiques d’Île-de-France.
Mesurez votre performance sur les trois indicateurs-clés suivants. Avez-vous atteint les objectifs stratégiques demandés par “Les Pt’e-jouets” ?
1) Émission CO2 (kg) par trajet moyen – Objectif 73 kg maximum pour une flotte diesel.
Sachant que les véhicules diesel émettent en moyenne 3,07 kg de CO2 par litre de carburant consommé.
2) Taux de retard de livraison par trajet moyen – Objectif 60 % maximum.
Sachant qu’une livraison est considérée en retard à partir de 30 minutes de retard.
3) Taux de remplissage par trajet moyen – Objectif 80 % minimum.
Ici le calcul du remplissage doit se faire au poids uniquement.
En résumé
La data devient essentielle au bon fonctionnement des opérations de transport, mais son exploitation demande beaucoup d’investissement.
Les acteurs de la Supply Chain doivent communiquer et partager leurs données pour réussir à être plus réactifs et performants.
La data permet au transporteur de mesurer sa performance sur ses indicateurs-clés :
de pilotage de l’activité, tel que le coût des opérations ;
de satisfaction client, tel que le taux de service.
La data et les solutions technologiques permettent aux experts métier de mieux piloter l’activité à court et long terme.
Maintenant que vous êtes convaincus que la data sera votre alliée pour optimiser l’activité de transport, découvrez, dans le chapitre suivant, un aperçu des moyens novateurs pour améliorer vos KPI !