Avec la technologie vient son lot de bouleversements et le secteur du transport y est particulièrement sensible. Que cela passe par des transformations techniques ou écologiques, découvrez dans ce dernier chapitre les nouveaux moyens d’optimiser le transport.
Perfectionnez l’efficacité des processus annexes
Certains KPI permettent d’identifier le temps passé sur chaque opération de la prestation de transport et donc de calculer leur coût. Parmi ces opérations, vous retrouverez le chargement, le déchargement et le transbordement, mais également le temps de conduite qui est souvent incompressible car déjà optimisé par le TMS.
C’est donc sur les opérations hors conduite qu’on va pouvoir chercher à gagner du temps !
Prenons par exemple les processus de chargement et de déchargement : ils sont directement dépendants de l’organisation des chargeurs en amont, des clients en aval et des intermédiaires. Ces étapes demandent de multiplier les actions de contrôle des marchandises pour vérifier leur conformité, ce qui est très chronophage !
Afin d’automatiser ces contrôles et de gagner du temps, la marchandise pourra être équipée d’objets connectés dits IoT (“Internet of Things”) tels que :
des puces RFID, puces d’identification à radio fréquence et un lecteur connecté. Ces puces contiennent des informations descriptives précises de la marchandise (provenance, marque, poids, etc.). Les quais de chargement/déchargement doivent être équipés d’un système de portique connecté capable de lire ces puces et d’envoyer ces informations dans les SI. Ainsi, la marchandise peut être contrôlée automatiquement. Ce qui représente un gain de temps et de fiabilité considérable !
des capteurs qui récoltent les informations de température et d’humidité en temps réel. Ceux-ci permettent aussi de gagner du temps, puisqu’ils contrôlent en direct si le chargement est transporté dans de bonnes conditions (respect de la chaîne du froid par exemple).
Ces systèmes de traçabilité de la marchandise peuvent être complétés par un autre IoT, connecté directement au véhicule. Nous l’avons implicitement évoqué dans les chapitres précédents, il s’agit des balises GPS de tracking connectées au TMS. Ces balises vont offrir un suivi complet de la flotte en direct : routes empruntées, emplacements à l’arrêt, émissions CO2, nombre de kilomètres parcourus, etc.
Jusqu’alors, les étapes de chargement/déchargement sont chronophages car elles sont manuelles et pénibles. Dans le cadre du transport routier, c’est soit le chauffeur, soit le réceptionnaire qui déplace les unités de chargement entre le quai et la caisse.
Mais aujourd’hui, ces opérations peuvent être réalisées par des systèmes de robots convoyeurs qui acheminent automatiquement la marchandise dans ou hors de la caisse, par des systèmes de rouleaux motorisés par exemple.
Réduisez votre impact environnemental
Appréhendez les enjeux de décarbonation du transport
Concernant l’aspect environnemental, la performance de la Supply Chain est intrinsèquement liée à celle du transport de marchandises. Le transport, de manière générale (de voyageurs ou fret), est le premier secteur émetteur de gaz à effet de serre en France, où il représente environ 33 % des émissions.
Le principal GES est le dioxyde de carbone (CO2), c’est pourquoi on mesure directement les émissions CO2 du transport par des indicateurs de performance.
Le transport va nécessairement devoir être transformé et optimisé pour répondre aux enjeux de décarbonation. Aujourd’hui, en France, les réglementations environnementales s’intensifient pour inciter les entreprises à réaliser leur transition écologique. On peut citer deux exemples :
la création des ZFE-m(zones à faibles émissions mobilité). Ce sont principalement des agglomérations où l’on impose l’identification du niveau d’émission CO2 des véhicules par des vignettes (Crit’Air). Pour les véhicules polluants, l’accès à ces zones pourra être interdit ou limité ;
la fin de la vente de véhicules thermiques à partir de 2035, qui imposera une transformation de la flotte de véhicules à moyen terme.
En conséquence, les donneurs d’ordres imposent des véhicules avec des carburants alternatifs, considérés plus propres, dans leurs appels d’offres de transport :
biogaz à partir de la méthanisation de déchets ;
B100 à partir d’huile de colza ;
HVO100 à partir d’huiles végétales ;
hydrogène à partir de gaz naturel.
L’État propose aussi des aides financières à la reprise de véhicules polluants au profit des dernières générations de véhicules propres.
Découvrez la reverse logistic
Un autre indicateur qui mesure la performance environnementale du transport est le nombre de kilomètres parcourus à vide. On estime que chaque kilomètre parcouru avec un mauvais taux de remplissage représente une perte. Pour l’environnement, un mauvais taux de remplissage génère des émissions carbone pour transporter du vide. Le plus souvent, ce sont les flux retours qui “transportent du vide”, c’est-à-dire les flux après la livraison finale pendant lesquels les véhicules retournent à leur point de départ.
Concrètement, ces flux de logistique retour (ou reverse logistic) pourraient contenir des marchandises non conformes, ou en surstock que le client souhaite retourner à son fournisseur, mais aussi des emballages devant être recyclés par exemple. Bref, tout ce qui demande du retraitement de la part du client ! La reverse logistic peut ainsi être perçue comme un service supplémentaire pour le client, tout en ne générant pas de flux de transport supplémentaire.
Identifiez les enjeux de la relocalisation des Supply Chains
À un niveau plus macro, pour réduire les émissions CO2 du transport, une des mesures les plus impactantes pourrait aussi être de relocaliser les Supply Chains ! Cela signifie :
le rapprochement géographique des lieux de production et des lieux de vente ;
la réduction du nombre d’intermédiaires.
Cette solution limiterait directement les distances parcourues et le nombre de trajets réalisés, mais risquerait d’augmenter les coûts de production et donc le prix de vente pour le consommateur final. Aujourd’hui, la relocalisation des industries est une ambition qui fait débat, car elle impacterait l’ensemble des acteurs des Supply Chains, avec des enjeux sociétaux et économiques considérables.
Saisissez le rôle des choix de consommation dans l’impact environnemental du transport
Enfin, il ne faut pas oublier que le transport de marchandises est intrinsèquement lié à la demande de biens des consommateurs. Notre mode de consommation a donc un fort impact sur la quantité de flux en transit. Réduire sa consommation à l’essentiel, choisir des produits confectionnés à proximité, c’est aussi un moyen de réduire l’impact environnemental du transport !
Anticipez les évolutions technologiques
Intéressons-nous à présent aux avancées technologiques qui impacteront le transport de demain.
Depuis septembre 2022, le Code de la route français autorise, dans certaines zones limitées pour le moment, la circulation de véhicules autonomes. Ce qui signifie que les véhicules équipés ont déjà le droit d’être en circulation sans conducteurs dans ces zones !
Outre-Atlantique, les entreprises Google et Uber ont déjà réalisé des tests de livraisons sur plusieurs centaines de kilomètres avec des semi-remorques 100 % autonomes.
Quels peuvent être les gains attendus du 100 % autonome ?
Plus de réglementation du temps de conduite (pause, repos), et par conséquent un transport plus rapide et sans coupure d’activité, ce qui optimise l’utilisation de la flotte.
Une absence de risque de fatigue au volant qui entraîne une meilleure fiabilité et sécurité.
Une réduction importante du coût du transport, en annihilant le coût chauffeur.
En Allemagne sont testées des solutions, moins autonomes mais très prometteuses, telles que le platooning. L’idée est de créer un “peloton” de poids lourds qui se suivent à courte distance l’un de l’autre. Le véhicule de tête est toujours conduit manuellement par un chauffeur. Les véhicules suivants profitent d’un système d’aide à la conduite autonome programmé pour suivre le peloton. Ces véhicules sont quand même accompagnés par des chauffeurs qui ne prennent le volant que lorsqu’ils doivent quitter le peloton pour effectuer leur livraison.
Ici, le transport ne se passe pas complètement de l’humain mais profite d’un certain avantage : l’effet d’aspiration des véhicules. En effet, en se suivant de près, les poids lourds profitent de l’aérodynamisme offert par le véhicule de tête, ce qui leur permet une moindre consommation de carburant.
Si l’on s’intéresse à présent au dernier kilomètre et aux problématiques de congestion urbaine, une solution déjà testée et approuvée pourrait être bientôt massivement utilisée en France : la livraison par drone.
La livraison des colis à leur destinataire final pourrait se faire par voie aérienne avec des drones : cela supprime les problèmes liés aux embouteillages et aux restrictions de circulation. Le drone est électrique et autonome, ce qui lui confère des avantages par rapport à la livraison du dernier kilomètre telle qu’on la connaît : gain de temps, économie, écologie !
Cependant à ce jour, la capacité de charge des drones et leur rayon d’action sont limités. De plus, le système de navigation autonome reste à perfectionner car le risque de collision subsiste. Mais, dans d’autres pays, la solution est déjà utilisée depuis plusieurs années et semble être un réel succès.
Aujourd’hui, en France, la réglementation qui régit le transport aérien n’est pas entièrement favorable à l’utilisation de drones autonomes, notamment en zone urbaine.
Les solutions évoquées dans cette partie vont vers plus d’autonomie et d’automatisation du transport, ce qui devrait mener à une transformation complète de l’activité dans les prochaines années.
D’un côté, l’ampleur des investissements à réaliser, qu’ils soient techniques ou écologiques, risque d’exclure beaucoup d’acteurs du marché et notamment les transporteurs routiers, qui sont nombreux et petits relativement à la taille du marché.
D’un autre côté, une fois les nouvelles technologies acquises, le coût du transport routier pourrait s’effondrer et l’organisation des flux serait simplifiée. La compétence pourrait donc être internalisée par les chargeurs par exemple.
Finalement, l’évolution de nos modes de consommations, des technologies et des réglementations va conditionner l’évolution du secteur du transport, et vous serez au rendez-vous pour relever ces défis !
À vous de jouer
Grâce aux connaissances acquises dans le cours, quels sont les éléments qui permettront d’atteindre les objectifs stratégiques sur les KPIs calculés dans le “À vous de jouer” précédent ? Élaborez votre réponse, avant d'écouter le podcast ci-dessous.
Dans ce podcast, Roch Domergue vous donne des éléments de réponses et des pistes de réflexions sur le transport de demain.
En résumé
Les objets connectés (IoT) permettent d’augmenter la traçabilité et la performance du transport de marchandises, y compris les étapes de chargement et de déchargement.
Les nouvelles réglementations de décarbonation du transport nécessitent de transformer la flotte de véhicule et de repenser le transport afin de ne plus gaspiller de ressources.
Le secteur du transport risque d’être profondément bouleversé avec l’arrivée des nouvelles technologies, promettant de rendre le transport plus autonome.
Ce dernier chapitre conclut notre cours sur le transport dans la Supply Chain. Bravo ! Vous voici à présent au terme de ce cours. J’ai été ravie de travailler sur ce cours et j’espère qu’il vous permettra de réaliser vos projets. Vous connaissez à présent les nombreux et passionnants défis du transport de marchandises à anticiper pour les années à venir. Préparez-vous à les relever ! Mais avant de nous quitter, je vous invite à tester vos connaissances dans le quiz clôturant cette seconde partie du cours.
