L'élaboration de vos scénarios d'amélioration énergétique reposera principalement sur les résultats de votre audit énergétique, mais cela ne s'arrête pas là. Il est donc crucial de structurer vos recommandations de manière méthodique et hiérarchisée.
Comment procéder pour établir ces recommandations ?
Voici la méthode à suivre pour élaborer vos hypothèses de scénarios d'amélioration énergétique :
1. Analysez la répartition des déperditions thermiques, à partir de votre audit
Dans un premier temps, vous allez reprendre votre analyse des déperditions thermiques. Elle vous permettra d’identifier les postes les plus vulnérables en termes de performance énergétique. Ces données doivent, en priorité, orienter vos choix concernant les travaux à engager.
Bien que l’instinct pousse à corriger immédiatement les performances les plus déficientes, il est important de garder à l'esprit que cela ne répondra pas toujours aux attentes prioritaires du client. Ce dernier cherchera avant tout une rentabilité rapide des travaux entrepris.
2. Évaluez la rentabilité des travaux proposés
La rentabilité d’un investissement dans des travaux d’amélioration énergétique se mesure par le temps nécessaire pour que les économies d’énergie réalisées grâce aux nouveaux systèmes dépassent le coût de l’installation et de leur exploitation. C’est ce retour sur investissement qui doit également guider vos recommandations.
Concrètement, prenons de nouveau l'exemple évoqué dans le cours précédent Réalisez l’audit énergétique d’un bâtiment chez un particulier.
Les déperditions principales étaient liées au système de ventilation existant ainsi qu'au manque d'isolation sur les façades exposées à l'extérieur. Je me tourne donc vers le remplacement de la ventilation. Toutefois, il existe de nombreux types de systèmes de ventilation.
Que faire alors ?
Spontanément, j'opterais pour le système le plus performant afin de réduire au maximum ces déperditions. Je propose à mon client l'installation d'une ventilation mécanique double flux. Sans conteste, ce système réduira significativement les pertes thermiques. Cependant, les coûts d’installation et d’entretien sont tels que l’amortissement de cet investissement pourrait dépasser la durée de vie de l’équipement.
Pourquoi ?
Parce qu'en rénovation, il est essentiel de mener une étude sur la faisabilité technique du projet, communément appelée les travaux induits. Cette étude peut révéler des coûts supplémentaires liés à l'état général du bâtiment. Par exemple, il peut s'avérer nécessaire de renforcer l'étanchéité des murs, de traiter des problèmes d'humidité comme les remontées capillaires, ou d'adapter les systèmes existants aux nouvelles installations. Ces travaux supplémentaires peuvent considérablement alourdir le budget initial et affecter la rentabilité globale du projet, en allongeant la période nécessaire pour amortir l’investissement.
3. Prenez en compte les travaux induits liés à vos propositions
Revenons à l’exemple de la ventilation double flux.
Admettons que la maison dispose de deux niveaux : un rez-de-chaussée et un étage. Au niveau supérieur, une partie des combles inutilisés est suffisamment grande et permet d’envisager l'installation de la centrale d’air. Pour que le système fonctionne correctement, voici les travaux induits à envisager :
Éléments à installer | Travaux induits |
Entrée d'air neuf | Création d'une ouverture en toiture ou en façade pour installer la grille d'entrée d'air, nécessitant :
Selon la typologie de l’habitation, des moyens plus ou moins complexes, et donc coûteux (échafaudage, nacelle, etc.), seront nécessaires pour réaliser ces travaux. |
Sortie d’air vicié | Mêmes opérations que pour l'entrée d’air neuf. |
Bouches de soufflage d'air neuf | Percement des cloisons ou plafonds pour installer les bouches de ventilation. Certaines de ces installations peuvent nécessiter le déplacement d’éléments existants (meubles, luminaires), impliquant des reprises de cloison ou de peinture. |
Bouches d'extraction | Mêmes travaux que pour les bouches de soufflage. |
Réseaux aérauliques calorifugés |
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Alimentation électrique |
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Ceux-ci ne sont que quelques exemples de travaux induits qu’un client pourrait rencontrer lors de l'installation de cet appareil. Chaque habitation ayant ses spécificités, il existe une large variété de travaux induits à prévoir en fonction des caractéristiques propres au logement et à son usage.
4.Optimisez et utilisez les équipements existants
Une méthode essentielle que vous devrez prioriser, et une compétence clé à développer en permanence, concerne l'optimisation des équipements existants.
En effet, la meilleure façon de réduire les coûts est souvent d'améliorer l'efficacité des appareils déjà en place. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, des interventions simples peuvent considérablement augmenter le rendement de ces équipements. Comment ? Illustrons cela par un exemple concret.
La principale source de consommation d’énergie primaire de votre client sera liée à ses besoins en chauffage. Si votre client habite dans une maison considérée comme une passoire thermique, il sera difficile d’améliorer significativement sa consommation énergétique sans envisager des travaux importants. Cependant, il est parfois possible de réduire certains investissements pour allouer le budget aux postes les plus critiques.
Prenons, par exemple, un client qui possède une vieille chaudière fioul haute température avec des radiateurs en fonte. Voici quelques améliorations que vous pourriez lui proposer :
Installation d’un système de régulation performant : Mettre en place un thermostat directement relié à la chaudière pour réguler son démarrage en fonction de la température intérieure.
Toujours en matière de régulation, vous pourriez recommander l'installation d'une sonde de température extérieure. Celle-ci ajusterait automatiquement la température de départ de la chaudière en fonction des conditions extérieures, permettant ainsi de ne chauffer qu’au strict nécessaire, sans que la chaudière ne fonctionne en permanence à pleine capacité.
Un autre système à envisager est l’installation de têtes thermostatiques sur les radiateurs. Elles permettent de réguler la température de chaque pièce et d'optimiser l'ensemble du réseau de chauffage.
Enfin, un exemple souvent négligé est le désembouage des réseaux et radiateurs, qui, avec le temps, peuvent s’encrasser, réduisant ainsi leur capacité à diffuser efficacement la chaleur dans le logement.
Ces améliorations représentent un investissement relativement modeste comparé à des travaux d’isolation ou de rénovation complète, mais elles peuvent générer des économies d’énergie non négligeables tout en améliorant l’efficacité et la rentabilité des travaux.
Un élément central dans l’élaboration de vos scénarios réside dans la capacité à répondre aux attentes spécifiques de votre client.
Répondez aux attentes de votre client
Comme dans toute prestation de service, vous ne devez pas perdre de vue que votre mission première est la satisfaction finale de votre client.
Pour cela vous devez bien comprendre les attentes et les contraintes de votre client. Et la méthode la plus efficace pour ça, c’est l’écoute active.
En résumé
Ciblez les zones à faibles performances identifiées dans l’audit.
Mesurez la rentabilité des travaux pour assurer un bon retour sur investissement.
Prévoyez les travaux induits nécessaires à l’installation des équipements.
Améliorez l’efficacité des équipements existants pour limiter les coûts.
Intégrez les attentes spécifiques du client dans vos recommandations.
Allez, plus qu’une dernière étape dans votre audit énergétique : la rédaction d’une synthèse de toutes vos analyses. Voyons ça tout au prochain chapitre.