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J'ai tout compris !

Mis à jour le 09/01/2023

Réduisez l'empreinte écologique du SI de votre entreprise

Dans ce chapitre, nous allons voir ensemble comment votre entreprise peut répondre aux défis écologiques lancés par le numérique. Cette réponse se traduit par la conception et la mise en œuvre d’une démarche Green IT. Celle-ci permet de réduire l’impact écologique du SI de votre entreprise.

Dans ce chapitre, nous allons successivement aborder ensemble :

  • les motivations qu’une entreprise peut trouver à s’engager dans une telle démarche ;

  • les acteurs concernés par cette démarche ;

  • les étapes et questions à se poser pour entamer cette démarche.

Pourquoi s’engager dans une démarche Green IT ?

D’après vous, qu’est-ce qui pourrait motiver votre direction générale ou votre DSI à s’engager dans une démarche Green IT ? Essayez de lister trois éléments avant de lire la suite ! 

De multiples motivations peuvent inciter une entreprise à s’engager dans une démarche Green IT. Ces motivations s’avèrent proches de celles qu’elle peut avoir à s’engager dans une démarche de gestion environnementale ou de responsabilité sociétale.

Il est possible de distinguer 3 types de motivations (des plus utilitaristes aux plus altruistes) : financières, stratégiques et éthiques. Ces 3 types de motivations ne sont pas exclusifs les uns des autres. Une entreprise se lance souvent dans une démarche Green IT pour des raisons relevant de différents types de motivation (des motivations stratégiques et éthiques, par exemple). Détaillons-les !

Les motivations financières concernent la réalisation de gains économiques à court terme. S’engager dans une démarche Green IT peut en effet permettre d’identifier des coûts cachés ou des gains masqués grâce à certaines actions “gagnantes-gagnantes” (win-win). Il s’agit notamment de celles relatives aux achats et à la consommation d’énergie : par exemple, allonger la durée de vie des équipements existants ou augmenter la température de consigne d’une salle serveur.

Les motivations stratégiques concernent la pérennité ou le développement de l’entreprise à moyen/long terme. S’engager dans une démarche Green IT peut permettre en effet de renforcer la motivation des salariés, renforcer les relations avec ses fournisseurs-clés, acquérir un avantage concurrentiel ou mieux comprendre l’environnement institutionnel dans lequel évolue l’entreprise.

Les motivations éthiques concernent la redevabilité de l’entreprise envers le reste de la société et sa contribution à l’intérêt général. L’activité de l’entreprise repose sur un certain nombre de contributions fournies gracieusement ou à peu de frais par la nature ou les pouvoirs publics (infrastructures, services publics). À ce titre, l’entreprise a une dette envers ces acteurs et doit donc faire sa part pour résoudre les problèmes écologiques locaux (par exemple, la pollution de l’air et de l’eau) et globaux (changement climatique, épuisement des ressources, érosion de la biodiversité, etc.). S’engager dans une démarche Green IT peut ainsi permettre à l’entreprise d’assumer sa responsabilité sociétale.

Le Green IT, un sujet transversal

D’après vous, dans une entreprise, quels sont les acteurs concernés par le Green IT ? 

Dans le chapitre précédent, nous avons vu que le Green IT concerne tant l’achat, le développement, l’usage que la fin de vie des matériels et logiciels. Le Green IT est donc un sujet transversal qui touche différents métiers au sein de l’entreprise. Par conséquent, concevoir et déployer une démarche Green IT implique de mobiliser :

  • les salariés (ou les prestataires) de l’entreprise en charge de :

    • la conception des matériels et logiciels, 

    • du développement de ceux-ci, 

    • et des achats,

  • mais également :

    • les utilisateurs finaux (services métier, fonctions support, aussi appelés “clients internes” par les DSI), 

    • et les salariés en charge de la gestion des déchets.

Pour mieux comprendre les enjeux environnementaux liés au numérique et les possibilités d’action, il peut également être utile d’associer à ce travail des représentants du personnel, des fournisseurs, des clients et des ONG environnementales.

Comme toute démarche transversale, une démarche de Green IT s’inscrit dans la durée et son succès dépend de son portage politique et de son pilotage interne. Elle doit être soutenue par la direction générale qui allouera des moyens humains et financiers au suivi et à la coordination des actions, à travers la nomination d’un.e référent.e Green IT, par exemple.

Lancez-vous dans une démarche Green IT en entreprise

Comme le notent les auteurs de l’ouvrage Systèmes d’information et développement durable : 

“il n’existe pas de méthode unique de déploiement d’une démarche [Green IT]”. 

En effet, beaucoup d’éléments dépendent de la manière dont la démarche est conçue et déployée. En premier lieu, la méthode sera différente suivant que l’initiative de la démarche viendra de la direction générale de l’entreprise (approche top-down), de la DSI ou des métiers eux-mêmes (approche bottom-up). Elle variera également suivant le degré d’engagement de votre entreprise dans une démarche RSE ou de gestion environnementale.

S’il n’existe pas de méthode unique, on peut cependant identifier des facteurs favorisant la réussite d’une démarche Green IT :

  • une bonne connaissance de :

    • l’entreprise, ses activités et ses orientations stratégiques,

    • l’architecture des systèmes d’information (en étant capable d’identifier ce qui est géré en interne et ce qui est externalisé),

  • une démarche coconstruite et mise en œuvre de manière collégiale, pour s’assurer de sa pertinence et renforcer la mobilisation des salariés sur le sujet ;

  • une analyse de l’existant : pratiques internes et dans d’autres entreprises de votre secteur ;

  • une adhésion de la direction générale, qui se traduit par l’allocation de moyens humains, techniques et financiers dédiés à la démarche ;

  • la fixation d’objectifs, la construction d’un plan d’action et la mise en place d’indicateurs de suivi ;

  • une mobilisation des salariés, qui s’appuie sur des résultats concrets, une sensibilisation régulière et la levée de certains points de blocages.

Pour initier une démarche Green IT, vous trouverez ci-dessous des repères et des outils qui pourront vous aider.

Pour étudier les orientations stratégiques de votre entreprise, vous pouvez chercher les réponses aux questions suivantes :

  • Quelle est la stratégie générale de mon entreprise ? Quelles sont les priorités d’action ? Sont-elles favorables ou défavorables au Green IT ? La stratégie comporte-t-elle des éléments relatifs au Green IT ?

  • Si votre entreprise a formalisé une stratégie numérique/SI (ou un schéma directeur numérique/SI), quelles sont les priorités d’action ? Sont-elles favorables ou défavorables au Green IT ? La stratégie comporte-t-elle des éléments relatifs au Green IT ?

  • Si votre entreprise a formalisé une stratégie RSE/DD (ou une politique), comporte-t-elle des éléments relatifs au Green IT ?

Les réponses à ces questions vous permettront de mieux comprendre les marges de manœuvre existantes et les éventuelles évolutions nécessaires pour garantir le succès de la démarche Green IT.

Pour réaliser une analyse de l’existant, vous devrez aller à la rencontre des différents acteurs du SI, notamment ceux en charge des achats, de la gestion du parc et des déchets, pour mieux comprendre leurs pratiques actuelles.

Il existe certainement dans votre entreprise des bonnes pratiques écologiques. Celles-ci peuvent avoir été mises en place pour des raisons financières ou par l’action volontariste de personnes motivées. Pour valoriser ces efforts, nous vous recommandons de baser l’analyse de l’existant sur l’identification des bonnes pratiques déjà en place. Opquast et la région Nouvelle-Aquitaine proposent ici une check-list de 72 bonnes pratiques sur laquelle vous pouvez baser votre étude, suivez ce lien pour la télécharger le document en PDF ou au format OpenDocument (source : Opquast). 

Si votre entreprise possède au moins une salle serveur, vous pouvez également rechercher si les bonnes pratiques suivantes y sont appliquées ou non :

  • La performance énergétique de la salle fait l’objet d’un suivi régulier.

  • L’agencement de la salle permet de bien séparer les flux d’air chaud et froid (principe allées chaudes/allées froides).

  • L’agencement de la salle permet de réduire le volume de la salle pour ne refroidir que l’espace utilisé.

  • Les baies de serveur sont confinées.

  • La température de fonctionnement est supérieure ou égale à 24 °C.

  • Les serveurs physiques sous-utilisés sont remplacés par des serveurs virtuels.

  • Un inventaire régulier des serveurs inutilisés est effectué et ceux-ci sont éteints.

  • Les dispositifs d’économie d’énergie des équipements sont activés.

  • L’énergie thermique de la salle est réutilisée (pour chauffer le reste du bâtiment en hiver, par exemple).

  • La salle est alimentée par des énergies renouvelables. 

Si votre entreprise a externalisé l’hébergement de son site web ou de son cloud, vous pouvez vérifier si votre prestataire a ratifié le code européen de bonne conduite pour les data centers.

D’après vous, une fois l’analyse effectuée, quelle méthode de travail peut permettre de renforcer la pertinence de la démarche Green IT et la mobilisation des salariés ? 

Pour la fixation d’objectifs et la construction d’un plan d’action, nous vous conseillons d’animer un groupe de travail composé des différents acteurs du SI pour faire émerger des axes de travail qui seront ensuite déclinés en actions concrètes. Travailler de manière collégiale vous permettra de renforcer la pertinence de la démarche Green IT et la mobilisation des salariés.

Pour alimenter la réflexion, vous pouvez sélectionner des objectifs dans la liste suivante :

  • Réduire ses émissions de gaz à effet de serre.

  • Réduire ses consommations énergétiques.

  • Formaliser et déployer une politique d’achat responsable (matériel d’occasion ou reconditionné, écolabels, fournisseurs ayant une démarche RSE crédible, etc.).

  • Prolonger la durée de vie des matériels actuels (réparation, mise à niveau, réemploi en interne, puis en externe auprès d’acteurs de l’Économie Sociale et Solidaire).

  • Systématiser la collecte et le recyclage des consommables.

  • Monter en compétences sur le Green IT (pour que les acheteurs et personnels SI puissent proposer des produits plus écologiques et que les utilisateurs appliquent les écogestes numériques).

  • Souscrire un contrat d’électricité “verte” pour alimenter le système d’information.

Pour la construction d’un plan d’action, vous pouvez prendre comme base de travail les conclusions de votre analyse de l’existant et compléter au besoin avec les actions référencées dans la check-list Green IT d’Opquast.

Pour assurer le suivi de votre démarche Green IT, vous pouvez vous appuyer sur des indicateurs qui vous permettront de quantifier les progrès accomplis :

  • indicateurs techniques :

    • empreinte carbone du SI,

    • consommation énergétique du SI (ou consommation énergétique de la salle serveur),

    • PUE de la salle serveur (efficacité énergétique ou Power Usage Effectiveness en anglais),

    • % d’énergies renouvelables utilisées par le SI,

    • quantité de papier acheté (en kg),

    • quantité de D3E généré (en kg) (Déchets d’Équipements Électriques et Électroniques),

  • indicateurs relatifs à la démarche Green IT :

    • % d’actions mises en place,

    • part des achats comportant une clause environnementale (en % du nombre de marchés ou du montant total des achats IT),

    • % de matériel d’occasion dans le parc,

    • % de réemploi en interne,

    • nb de formations sur le Green IT,

    • nb d’actions de communication sur le Green IT.

Mettez en pratique : préparez une réunion de coconstruction d’un plan d’action

Pour mettre en pratique ce que vous avez appris dans ce chapitre, je vous propose de réaliser un petit projet. Vous allez travailler sur la préparation d’une réunion de coconstruction d’un plan d’action Green IT !

Imaginons que vous travaillez au sein de la DSI d’une entreprise de 1 000 salariés du secteur textile. Votre directrice des SI (DSI) a été chargée par la direction générale de mettre en place une démarche Green IT. Connaissant votre intérêt pour le sujet, elle vous a proposé de l’épauler sur ce projet en réalisant une analyse de l’existant et en rassemblant des propositions d’actions pour la coconstruction d’un plan d’action.

Le SI de votre entreprise a de multiples usages :

  • gérer les commandes auprès des fournisseurs ;

  • gérer les stocks et la relation avec les distributeurs ;

  • gérer la paie ;

  • communiquer en interne ;

  • partager avec les parties prenantes des informations sur les impacts environnementaux et sociaux de l’entreprise ;

  • etc. 

Votre entreprise possède une salle serveur où elle centralise le stockage des archives de l’ensemble de ses sites ainsi que des applications métiers mutualisées entre plusieurs sites.

Lors de l’inventaire de l’existant, vous avez pu constater que votre entreprise applique d’ores et déjà les bonnes pratiques suivantes :

  • Les ordinateurs destinés seulement à un usage bureautique ont une carte graphique intégrée à la carte mère.

  • Les matériels électroniques font l’objet d’une maintenance régulière.

  • Aucun matériel ou composant électrique ou électronique n’est jeté à la poubelle.

  • Le réglage automatique de luminosité est activé sur tous les équipements qui en sont équipés.

  • L’organisme incite son personnel à utiliser les outils de réunion à distance.

  • Les équipements qui peuvent l’être (scanners, imprimantes, postes spécialisés...) sont mutualisés.

  • Les impressions sont effectuées recto verso.

  • Les impressions sont effectuées en noir et blanc (sauf éléments graphiques imposant l’usage de la couleur).

  • Tous les spams sont supprimés.

  • Le serveur envoie les informations permettant la mise en cache des contenus.

  • Sauf besoin spécifique (impression), les fichiers au format .pdf sont mis à disposition en basse résolution.

  • Les dispositifs d’économie d’énergie des équipements sont activés.

  • Les serveurs physiques sous-utilisés sont remplacés par des serveurs virtuels.

À la suite d’une première réunion de coconstruction, il a été décidé de retenir les 4 orientations stratégiques suivantes pour la démarche Green IT :

  • Déployer une politique d’achats responsables IT.

  • Gérer de manière écologique la fin de vie des matériels et consommables.

  • Sensibiliser les salariés aux écogestes numériques.

  • Réduire la consommation énergétique de la salle serveur.

Votre mission, si vous l’acceptez

À l’aide de la check-list Green IT d’Opquast, identifiez 7 bonnes pratiques permettant de mettre en œuvre les 3 premières orientations stratégiques retenues (environ 2 à 3 bonnes pratiques par orientation stratégique). À l’aide de la check-list du Club Green IT, identifiez 3 bonnes pratiques permettant de mettre en œuvre la 4e orientation stratégique retenue.
Cela permettra d’alimenter la réflexion lors de la réunion de coconstruction du plan d’action.

En résumé

  • 3 types de motivations peuvent inciter une entreprise à se lancer dans une démarche de Green IT : motivations financières (gains économiques à court terme), motivations stratégiques (pérennité et développement de l’entreprise à moyen/long terme), motivations éthiques (redevabilité envers la nature et la société).

  • Par essence, une démarche de Green IT est transversale. Au sein d’une même entreprise, elle concerne à la fois des métiers techniques (concepteurs, développeurs, intégrateurs, etc.) que les utilisateurs finaux (services métier, fonctions support).

  • La réussite d’une telle démarche dépend du soutien d’un sponsor en interne, des moyens alloués par la direction générale et de la mobilisation des salariés.

  • Pour se lancer dans une démarche de Green IT, il s’agit dans un premier temps de faire une analyse de l’existant, puis de définir collectivement des orientations stratégiques que l’on va traduire en actions.

Dans le chapitre suivant, nous allons voir ensemble une deuxième manière de rendre le numérique plus écologique : l’écoconception !

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