Un brainstorming difficile, qui n'aboutit à pas grand chose, qui manque d'énergie, cela arrive. Il ne faut pas en faire une affaire d'Etat. Ce n'est pas très grave ; et c'est bien d'en faire l'expérience pour savoir comment rectifier le tir la fois d'après.
Mais au fait qu'est ce qu'un brainstorming difficile ?
Selon moi, un atelier difficile, c'est un atelier qui a rencontré au moins un de ces deux problèmes :
l'énergie du groupe est restée à un niveau bas, il n'y a pas eu d'émulation, peu de personnes ont participé activement, et les idées qui sont ressorties de l'atelier ne sont ni stimulantes, ni originales, ni rafraichissantes.
l'objectif de l'atelier n'a pas été défini en amont, ce qui fait que l'on ne sait pas trop quoi faire de ce qui vient de se passer ; ça tombe à plat et aucune suite ne sera donnée.
Ces deux problèmes font référence à deux facteurs de risque, l'un est humain, l'autre est d'ordre technique ou organisationnel.
Alors voici une liste de risques (qui rentrent dans l'un ou l'autre facteur) que l'on peut rencontrer souvent si l'on n'y prête pas attention…
Quand personne ne sait/fait ce qu'il faut faire
L'atelier n'a pas été préparé
Un atelier qui n'a pas été préparé, c'est un atelier qui n'a pas d'objectif précis (pourquoi on fait l'atelier, à quoi va-t-il servir) et/ou pour lequel aucun critère de succès n'a été défini.
Le résultat ? L'atelier va partir dans tous les sens, puis va finir comme un cheveu sur la soupe.
Donner une direction à un atelier est la première étape ; il doit répondre à un besoin.
Mais il ne suffit pas de définir un objectif, il faut également l'annoncer aux participants : pourquoi ils sont là, ce qu'il vont faire.
S'il n'y a pas cette petite introduction en début d'atelier, les participants vont réfléchir dans le vent, sans savoir pourquoi ils doivent le faire, à quoi cela va servir, ni même si c'est important qu'ils le fassent ou non.
L'organisateur ne joue pas son rôle
Le rôle de l'organisateur n'est pas de contrôler l'atelier, mais de lui donner des ailes.
En tant qu'organisateur, votre rôle n'est pas d'être le chef de l'atelier. 😡
Ne forcez donc pas les choses, ne cherchez pas à régenter, ni à imposer vos idées car vous risquez de bloquer complètement les participants.
Il arrive d'ailleurs, de ruiner l'exercice en une phrase… Voici la liste des phrases à ne surtout pas dire pendant un brainstorming :
"Il faut sortir de cet atelier avec une idée géniale !"
C'est la pression pour les participants, qui vont systématiquement s'auto-censurer tant que leurs idées ne seront pas géniales. Et personne ne parlera… Une idée géniale se construit sur des idées simples, des idées folles, des idées prometteuses, des idées bizarres,… Si on ne laisse pas leur chance à ce type d'idées, on ne trouvera pas d'idée géniale. Il faut donc absolument se décomplexer par rapport à cela : ne pas chercher une idée parfaite, mais avant tout, trouver des idées en très grand nombre.
"Nous avons tous des agendas chargés, alors ne perdons pas notre temps avec des idées farfelues."
C'est une variante de la première, mais celle-ci est pire car elle rajoute du stress et de l'empressement.
"Tout le monde reste assis et concentré."
Ce n'est pas toujours exprimé à l'oral mais c'est souvent suggéré implicitement de par l'agencement d'une salle exigüe…
Or on s'exprime et pense mieux lorsque l'on peut bouger et se déplacer. Pour arriver à ce résultat, certains suppriment carrément les chaises, mais je n'aime pas faire cela parce qu'être debout (pour imaginer) et être assis (pour mettre à plat ses idées) ont tous les deux leur importance dans le processus de réflexion. Du coup, prévoyez des chaises, mais proposez aux participants de se lever, de marcher dès qu'ils le souhaitent.
Ces phrases interdites sont extraites d'un article de fast Company, lisez-le, vous y trouverez d'autres exemples.
Quoi qu'il en soit, séquencez l'atelier en plusieurs petits jeux ou activités courtes, et expliquez toujours les règles du jeu ; dans la bienveillance et avec ferveur.
Quand la mayonnaise ne prend pas
Parfois, un atelier reste plat, sans relief, moyen, sans saveur… Décevant. C'est souvent parce l'énergie n'est pas au rendez-vous. Les personnes, individuellement, ne présentent pas forcément un problème, mais c'est ensemble que cela ne passe pas : il y a zéro synergie…
Le groupe n'est pas d'humeur
Au minimum, invitez à l'atelier des personnes qui sont :
intéressées par le principe de participer à un atelier,
intéressées par la thématique de l'atelier.
Et si possible, choisissez des personnes qui sont :
en général de bonne humeur / positives / optimistes / drôles … (au choix)
de bons éléments de l'entreprise (motivées et passionnées par leur travail).
Retenez ceci : d'emblée choisissez des personnes qui sont - a priori - dans de bonnes conditions pour participer à un atelier de créativité ; d'ordinaire joyeuses, motivées…
Cela dit, vous n'êtes pas à l'abris qu'un ou plusieurs participants soient fatigué(s) ce jour-là.
Pour éviter cela, prévenez les gens bien à l'avance et vérifiez régulièrement avec eux qu'ils sont toujours motivés pour participer.
Par exemple :
Pour commencer, envoyez une première invitation qui va plus loin que le simple mail : mettez-y des images, de la couleur et de l'entrain.
Ensuite, n'hésitez pas à envoyer quelques jours avant l'atelier une relance pour mettre les participants dans de bonnes conditions et pour les rassurer sur ce qu'il va se passer, comment et pourquoi.
Le contexte ne donne pas envie
Si la salle est morne, et qu'il n'y a ni couleur, ni matériel adéquat, cela devient vite la corvée pour tout le monde.
Pensez donc bien à humaniser l'espace ! À le rendre chaleureux, agréable…
Cela peut prendre diverses formes et c'est souvent du bon sens :
Faites l'atelier le matin quand les participants sont frais et dispos, pas en fin de journée quand tout le monde est fatigué et n'a qu'une hâte, rentrer à la maison.
Faites en sorte que l'atelier se passe dans une salle qui se prête à l'expérience. Prenez la plus belle, la plus énergisante que vous ayez à disposition. Elle doit être suffisamment grande pour que tout le monde puisse bouger.
N'en faites pas une punition, rendez l'exercice confortable et agréable : prévoyez des viennoiseries et du café, et faites régulièrement des pauses dans l'atelier.
Le mobilier et le matériel nécessaires sont présents et adéquats : une grande table, des chaises, du papier, des post-it, de quoi écrire…
Quand il y a un élément perturbateur dans le groupe
Tout le monde est différent, je ne vous apprends rien. Parfois c'est une bonne chose ; dans d'autres cas, cela peut devenir un problème.
Je m'explique.
Lorsque vous faites un travail en équipe, comme un brainstorming, la diversité des individus peut enrichir la variété des idées. Cela dit, ne vous obligez pas à inviter des personnes radicalement différentes… Elles risquent de se parasiter, de se mettre en compétition, d'effacer les autres…
Le/la bavard/-e
C'est celui ou celle qui monopolise la parole. Très à l'aise pour parler en public, il ou elle a toujours une opinion et des idées prêtes sur chaque sujet. Il ou elle s'exprime, aime plaire et prend pour challenge de convaincre les autres.
Entouré(e) de personnes introverties, vous vous doutez de ce qui va se passer : il ou elle prendra toute la place. Pas forcément de façon agressive ; c'est juste qu'il ou elle n'aura pas peur d'exprimer ses idées. Et, face à ça, une personne introvertie n'osera pas parler, soit parce que ses idées ont déjà été exprimées par l'autre, soit parce qu'elle les jugera moins bonnes.
L'égocentrique
C'est celui ou celle qui veut faire passer ses idées avant celles de tout le monde, parce qu'elles sont supposément meilleures que les autres.
On reconnait ce profil de la façon suivante :
Dès le début de l'atelier il ou elle va dire ce type de phrases : "Avant de commencer la séance, je voulais vous dire que j'avais déjà une idée et je pense que c'est une bonne idée parce que (argument 1 + argument 2 + argument 3)…" ;
il ou elle va répéter des variantes de la même idée inlassablement jusqu'à ce qu'elles soient prise en compte ;
il ou elle va rebondir sur les idées des autres en essayant de ramener le débat autour de son idée.
Ce type de profil pose problème car il sape complètement le travail de collaboration et d'intelligence collective.
Le/la démotivateur/-rice
C'est celui ou celle qui casse les idées de tout le monde. Ce profil n'est pas agressif, ni méchant, il est simplement soucieux que les idées soient de qualité… Malheureusement, ce n'est pas du tout le but d'un brainstorming. Dans un brainstorming on doit laisser les idées se dessiner librement et EN QUANTITÉ. Si l'on intervient à chaque fois qu'une idée est émise pour la recadrer on va détruire l'énergie de groupe.
On le reconnait facilement, c'est celui qui, dès qu'une idée a été exposée, va dire : "Oui mais…"
Il est sincèrement convaincu du bien qu'il apporte. Car il veut améliorer toutes les idées. Pour lui, elles ne sont jamais assez globales, jamais assez inclusives, en somme, jamais assez parfaites. Il complique tout. Il ne se rend pas compte qu'il tue l'étincelle. 😞 Il détruit tout espoir…
En général, à chaque fois qu'un de ces profils est présent lors d'un atelier, petit à petit, tout le reste du groupe finit par arrêter de parler.
Conclusion :
Evitez absolument d'inviter à des ateliers un ou plusieurs de ces profils.
Associez des personnes qui sont compatibles en termes d'énergies positives et respectueuses des autres.
Aucun de ces risques n'est pire que l'autre, et vous devez éviter chacun d'eux avec une précaution égale.