Le BIM à l’international... Un sujet intéressant pour pouvoir se comparer aux autres, n’est-ce pas ?
Les Français sont-ils plus « BIM ready » que leurs voisins ?
Comment situer le développement du BIM en France par rapport aux autres pays ?
Le sujet du BIM à l’international est souvent traité sous l’angle du taux d’utilisation du BIM dans les différents pays, ce qui donne lieu à des études internationales… À prendre avec des pincettes quand on sait que certaines n'intègrent qu’une petite centaine d’entreprises par pays ! Les pays diffèrent par la taille, le nombre d’entreprises, les taux d’équipements et d'infrastructures numériques, voire par les obligations liées au BIM.
Quels seraient les critères à retenir pour mesurer la maturité du BIM d’un pays ?
C’est un vaste débat ! Je vous propose donc de nous placer sous l’angle « marchés », car finalement c’est bien celui-là qui nous intéresse si un jour nous sommes amenés à travailler à l’international ou avec des partenaires étrangers !
Dans quels pays le BIM est-il obligatoire ?
Dans plusieurs pays, le BIM a été rendu obligatoire pour certains types de marchés publics (ou va prochainement l’être). Ce n’est pas le cas partout, comme vous pouvez le voir sur cette carte :
En violet, les pays pour lesquels le BIM est obligatoire ;
En vert, ceux dans lesquels le BIM est encouragé ou développé.
Source de l'image : buildingSMART France-Mediaconstruct, “BIM Book : l’essentiel pour la transformation numérique de la Construction”, 2018.
Portons notre attention sur quelques pays :
Les pionniers européens sont les pays scandinaves, les Pays-Bas et le Royaume-Uni, qui imposent le BIM ;
En Asie, Singapour et la Corée du Sud (avec le permis de construire numérique) ont rendu le BIM obligatoire. La Chine l'encourage pour des raisons économiques.
Existe-t-il différents types d’obligations BIM ?
La volonté publique peut s’exprimer par l’État (on parle alors de "mandaté"), par une administration ou une municipalité. Par exemple, il peut s'agir du General Service Administration ou de l’US Army aux États-Unis, ou encore de Dubaï aux Émirats arabes unis.
Des seuils de marché (en montant ou en superficie) peuvent aussi rendre le BIM obligatoire. Par exemple, le Danemark impose le BIM pour les marchés nationaux supérieurs à 5 millions de couronnes et 20 000 pour les projets municipaux. À Singapour, ce sont les projets supérieurs à 5 000 m² et aux Pays-Bas ceux supérieurs à 7 000 m².
Il peut y avoir aussi des champs d’application différents : le bâtiment en Norvège, les infrastructures en Allemagne et aux Pays-Bas. En Finlande, au Royaume-Uni et en Espagne, on parle de construction.
Au-delà de l’aspect « réglementaire », les appels d’offres en BIM à l’international peuvent demander :
D’avoir passé une certification pour les BIM managers, comme à Dubaï ou Singapour ;
D’utiliser certaines normes et classifications liées au BIM. Cet élément est important car les normes et classifications feront partie des cahiers des charges auxquels vous pourriez être amenés à répondre. Pour en savoir plus, rendez-vous au chapitre 3 de cette partie.
Quand l'Europe se met-elle au BIM ?
Si l'on regarde la courbe d’évolution annuelle du nombre d’avis BIM au JOUE, on remarque que la dynamique est amorcée depuis 2014. C’est ainsi que plusieurs pays vont déclarer officiellement que le BIM sera imposé chez eux. Certains laissent d'ailleurs les acteurs de terrain monter en puissance sur le sujet, avec, ou non, un « encouragement » public.
Source de l'image : TED Europa / buildingSMART France-Mediaconstruct, “BIM Book : l’essentiel pour la transformation numérique de la Construction”, 2018.
Il existe différentes composantes dans les stratégies adoptées par les pays qui vont :
D'une réglementation à une feuille de route ;
De référentiels prénormatifs et normatifs à des guides de bonnes pratiques, voire à des outils pour la démocratisation du BIM ;
De la R&D à des projets pilotes ;
De l’information à la formation pour conduire le changement.
Les stratégies étatiques varient entre le besoin de donner l'impulsion aux acteurs et la volonté de laisser ces acteurs être des moteurs de la mise en place du BIM. Cependant, il est clair que le BIM est désormais bel et bien perçu comme un vecteur positif de transformation numérique de la construction, visant à une meilleure efficacité et productivité.
Qu’est-ce qui a « boosté » le développement du BIM en Europe ?
Il y a eu un tournant en 2014 grâce à une directive européenne (2014/24/UE-art.22.4). Celle-ci indique qu’il est possible d’exiger l’utilisation du BIM dans les marchés publics. Avant cette date, nous pouvons considérer que les États qui encourageaient le BIM étaient pionniers.
La même année, deux autres évènements ont marqué un tournant stratégique pour le BIM :
L’IFC, la norme d’échange de données entre logiciels, est devenue internationale (validée par l’ISO, l'Organisation internationale de normalisation). Il s'agit là d'un signal fort de reconnaissance de l’interopérabilité dans le BIM… perçu par la Commission Européenne comme un encouragement explicite du BIM qui a des bases « open » ;
Plusieurs rapports démontrent l’attrait économique du BIM.
La directive européenne a souvent mal été interprétée. En effet, les États membres sont libres dans leur stratégie de généralisation du BIM. Elle leur donne juste le droit d’imposer le BIM dans les marchés publics, si l'État membre le souhaite.
D’ailleurs la Commission européenne a mandaté un groupe de travail, l’EU BIM Task Group (EUBTG) créé en 2015, pour identifier les actions développées par chaque État pour déployer le BIM nationalement. Un guide a ainsi été publié en 2017 rappelant les enjeux du BIM et partageant les retours d’expériences des États membres impliqués.
Et alors, la France dans tout cela ? Obligation ou incitation ? Quelle place dans l’Europe du BIM ?
Pour en savoir plus, rendez-vous au chapitre 2 !
En Résumé
Le BIM est aujourd'hui très largement répandu dans les pays anglo-saxons et asiatiques ainsi qu'en Europe du Nord. Certains l'ont rendu obligatoire, misant sur un réel gain de productivité et d'économie. D'autres l'ont fortement encouragé par des actions gouvernementales.
D'un côté comme de l'autre, la révolution mondiale du BIM est en marche. Aujourd'hui, nous ne cherchons plus à savoir s'il faut s'y mettre, mais plutôt quand et comment nous allons y aller !