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J'ai tout compris !

Mis à jour le 10/10/2023

Découvrez comment le BIM s'est développé en France

Il n’est pas rare d’entendre dire ou de lire que le BIM a été rendu obligatoire en France en 2017 ou alors qu’il va bientôt l’être… ce qui est à ce jour faux ! Ce chapitre est l'occasion de faire le point ensemble sur l’état du BIM en France.

Depuis quand les pouvoirs publics français s’intéressent-ils au BIM ?

Entre 2007 et 2014 : une série d’encouragements est portée par différentes structures publiques (notamment le ministère de l’Économie et des Finances et celui du Logement et du Développement durable) :

  • Dès 2013, le Plan Urbanisme Construction Architecture (PUCA) met en place des consultations "BIM maquette numérique". Il s'agit d'études mettant en avant les bonnes pratiques et les premières expérimentations du BIM ;

  • En 2014, le Plan du Bâtiment Durable publie un rapport, "BIM et gestion du patrimoine" ;

  • En 2014, le rapport « Objectifs 500 000 logements » initie la loi de la Transition énergétique en 2015 avec le carnet numérique d’entretien et de suivi.

Le tournant se situe donc en 2014. Entre rapports français prônant le BIM et la transposition de la directive européenne, la ministre du Logement de l’époque – Cécile Duflot – annonce que le BIM sera rendu obligatoire en France à l’horizon 2017 ! Et voilà d’où viennent les fausses informations qui courent encore aujourd’hui !

Finalement son successeur, Sylvia Pinel, prend un autre chemin : elle nomme un ambassadeur du Numérique (B. Delcambre) et met en place le Plan de Transition Numérique dans le Bâtiment (PTNB) pour 3 ans prolongés à 2018, doté de 16 millions d'euros. C’est le chemin de l’incitation dans le bâtiment qui est choisi, porté par le PTNB et la publication du décret n° 2016-360 du 25 mars 2016 relatif aux marchés publics – art 42-III :

art.42 - III. L'acheteur peut, si nécessaire, exiger l'utilisation d'outils et de dispositifs qui ne sont pas communément disponibles, tels que des outils de modélisation électronique des données du bâtiment ou des outils similaires.

Une charte volontaire, « Objectifs BIM 2022 » a été lancée en nov. 2017 pour compléter le mouvement amorcé.

Le plan BIM 2022, présidé par Yves Laffoucrière, prend le relai du PTNB. Une enveloppe de 10 millions d'euros est allouée sur 4 ans pour développer 8 actions réparties selon 2 axes :

  • généraliser la commande en BIM dans l’ensemble de la construction ;

  • favoriser le déploiement du BIM dans les territoires.

Cette action politique incitative continue de cibler le bâtiment et les TPE ayant des moyens limités.

Quelles sont les actions publiques en faveur du BIM en France ?

Vous l’aurez bien compris, la France n’a pas choisi d’imposer le BIM dans les marchés publics mais de l’encourager en accompagnant la filière bâtiment. Le PTNB a conduit différentes actions dans ce sens comme :

  • Le soutien à la création d’un guide de rédaction de convention BIM, avec le développement d’un formulaire en ligne pour remplir une convention par projet ;

  • L’expérimentation de la méthodologie de gestion des propriétés d’un objet dans une maquette, avec le développement d’une interface informatique pour administrer la création de ses propriétés (qui sont confiées à des experts métiers) et leur modification ou suppression ;

  • Une action miroir, à savoir comparer une opération qui avait été réalisée de manière traditionnelle avec la même opération refaite en BIM, le but étant de déceler les gains et les points de vigilance (atelier ABV) pour pouvoir convaincre les TPE-PME ;

  • Un site Internet où les éditeurs peuvent référencer leurs solutions informatiques afin que les utilisateurs puissent trouver le bon outil selon leurs besoins métiers et projets ;

  • Une plateforme – KROQUI – pour pouvoir gérer des projets en BIM de manière collaborative.

Les actions du PTNB sont largement en direction du « BIM pour tous », pour aider les TPE-PME à utiliser le BIM par des guides ou des outils gratuits.

Où en est-on du BIM en France ? Quelles sont les réalités du terrain ?

De manière générale, en France dans la filière bâtiment, le baromètre du PTNB (avril 2017) montre que :

  • 80 % des répondants déclarent ne pas avoir une connaissance suffisante du BIM ;

  • 65 % déclarent ne pas utiliser le BIM.

Il y a encore beaucoup de travail de démystification et de vulgarisation à faire sur le terrain pour lever les freins.

Et si l’on examine les appels d’offres publics :

  • Une analyse du CNOA (Conseil National de l'Ordre des Architectes) des avis de concours publics du JOUE (à l’exclusion de ceux conduits par l’intermédiaire d’une procédure adaptée ou d’une procédure formalisée) montre une progression du taux d’intégration du BIM de 0,49 % en 2013-2014, à 5,72 % en 2015-mi 2016 et jusqu’à 8,10 % de 2017 à début 2018. Les collectivités territoriales sont les principaux demandeurs avec 65 % des avis, loin devant l’État (19 %) et les bailleurs sociaux (9 %) ;

  • Entre 2011 et 2016, la France est en en tête des appels d’offres qui contiennent les termes ≪ BIM ≫ ou ≪ IFC ≫.

Répartition par pays des avis JOUE publiés pour les travaux et services de construction contenant les termes
Répartition par pays des avis JOUE publiés pour les travaux et services de construction contenant les termes "BIM" ou "IFC" entre 2011 et 2016.

Source de l'image : Benchmark de l’étude technico-économique relative à la diffusion de la maquette numérique du bâtiment (BIM) du PTNB, 2018 (accessible ici).

On peut dire que le BIM s’est installé en France chez les maîtres d’ouvrage. Mais il faut encore les accompagner dans la définition de leurs besoins entre « je veux du BIM » sans autre explication et « du BIM niveau 3 avec une usine à gaz » !

Comment la France se positionne-t-elle dans le monde du BIM ?

Il est difficile de savoir si la France est en retard par rapport aux autres pays, car il faudrait disposer d’un observatoire européen du BIM en termes d’utilisation et de taux de maturité avec des critères communs.

Sans avoir à rougir face à nos voisins – car le BIM progresse en France – on peut quand même noter que :

  • La France n’a pas bénéficié de l’effet médiatique du BIM, à l’inverse du Royaume-Uni où le BIM est affiché comme une stratégie gouvernementale forte, à visée « universelle » pour les citer (puisqu’ils visent bien le marché international) ;

  • Les actions publiques françaises ne s’adressent qu’au bâtiment… alors que les infrastructures représentent aujourd’hui LE marché, et que demain il est question de villes intelligentes ! D’autres pays l’ont compris, comme l’Allemagne dont le plan gouvernemental porte sur les infrastructures ;

  • La charte "Objectifs BIM" en France annonce la date de 2022, alors que d’autres pays visent 2020 et que la version 5 des IFC est prévue pour 2020 également !

  • La France a une stratégie « mixte » avec une posture publique sans obligation, sans appui gouvernemental ou ministériel décisif (le PTNB est un Plan sous tutelle de 3 ministères, ce n’est pas une entité physique). Une attention particulière est portée aux TPE-PME et à la structuration du marché par la normalisation pour créer de la confiance ;

  • Ce dernier point est à retenir ! Une action cruciale du PTNB est d’avoir établi la feuille de route stratégique pour la prénormalisation et la normalisation du BIM. C’est cette action qui donne toute sa place à la France dans l’Europe du BIM ! Elle est d’ailleurs identifiée dans le Handbook de l’EU BIM Task Group.

En résumé

Le boum du BIM en Europe est lié à la directive européenne de 2014, elle-même liée à la normalisation de l’IFC en norme ISO la même année !

La France a profité de la retombée de ces deux phénomènes, mais sa place dans le monde du BIM repose sur l’action clé du PTNB qui a établi la feuille de route de la normalisation pour conduire à la généralisation du BIM chez les TPE-PME.

Exemple de certificat de réussite
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