Un projet, par définition, est unique, aboutit à une réalisation plus ou moins innovante mais toujours originale. Il ne peut pas exister sans son lot de doutes et d’incertitudes. Et donc, inévitablement, son lot de risques.
Qu’est-ce qu’un risque dans un projet ?
Soyons clairs : un risque est une situation problématique qui n’existe pas (encore).
Quand je "risque de tomber", je suis encore debout.
Ce n’est que l’éventualité d’un événement futur et incertain. Le souci, c’est que cet événement incertain n’est jamais souhaitable. S’il se réalise, il aura inévitablement des conséquences concrètes et néfastes sur le projet, qui vous empêcheront d’atteindre vos objectifs de coût, de qualité ou de délai. Et parfois même les trois.
La résolution de ces problèmes aura pour conséquence de produire des écarts entre prévisionnel (par exemple une charge de 10 jours de développeur) et réalisé (finalement, ce sera 15).
Ces écarts entre les prévisions effectuées en début de projet et la réalité de sa réalisation peuvent mettre le projet en péril. Le chef de projet avisé veillera donc à identifier les risques afin de limiter leurs impacts possibles.
Prenons un exemple pour bien comprendre le vocabulaire associé à la gestion des risques.
Quand je pars en weekend à La Rochelle, j’aime beaucoup aller me promener près de l’océan. 🌊 Au nord de Nieul-sur-Mer, un sentier longe de petites falaises. Si je marche trop près du bord, pas toujours très stable, le risque que j’encours est de sérieusement me blesser en tombant de la falaise. Si l’idée me prend d’aller me promener de nuit, comme je le fais parfois, je verrai moins bien le sentier et les éventuels panneaux signalant les zones d’éboulement :
la falaise peu stable représente un danger ;
la possibilité que je tombe de la falaise est un risque ;
ce risque aura des conséquences négatives sur moi ;
je constitue l’objet de ce risque (on parle aussi de cible) ;
la marche de nuit est facteur de risque ;
au contraire, les panneaux de signalisation sont un facteur de sécurité.
Les normes sont généralement mises au point par les acteurs d’un marché. Elles sont des cadres de référence qui fournissent les lignes directrices, les descriptions techniques ou qualitatives pour des produits, services ou pratiques. Il existe plusieurs normes en gestion de projet.
La norme NFX50-117 (Management de projet – Gestion du risque – Management des risques d'un projet) distingue imprévu, aléa, risque et problème. Précisons un peu ces notions.
1. Les imprévus
Un imprévu est un événement futur possible, non identifiable.
Vous ne pourrez donc pas « prévoir » un imprévu. Cet événement arrive comme une parfaite surprise en cours de projet, et tout votre talent résidera dans la manière dont vous y ferez face.
Notez bien que si je n’ai pas eu de chance avec ce projet (vous le constaterez dans la suite du cours), un imprévu peut aussi être une bonne surprise. Par exemple, l’arrivée sur le marché d’une nouvelle solution technique qui simplifie les développements, ou des validations de livrables clés qui arrivent beaucoup plus vite qu’anticipé. Mais dans notre approche de la gestion des risques, nous ne prendrons en considération que les événements préjudiciables.
2. Les aléas
Un aléa est un événement futur possible, identifiable, mais que vous ne pouvez pas quantifier. C’est un problème potentiel pour lequel vous ne pouvez pas encore déterminer les impacts concrets sur le projet. Comme il n’est pas possible de déterminer les dommages éventuels causés au projet, les aléas se rapprochent assez des imprévus.
3. Les risques
Un risque, c’est un événement futur possible, identifiable et que vous pouvez quantifier. Nous allons nous concentrer sur les risques dans ce cours. Cette quantification pourra se faire sur des valeurs précises lorsque ce sera possible, mais aussi sur des échelles arbitraires. Ne vous inquiétez pas, nous y reviendrons.
4. Les problèmes
Un problème, ce n’est plus un risque. C’est un événement dommageable qui s’est déjà réalisé. Il va donc falloir résoudre ce problème pour sécuriser le déroulement du projet.
Un problème peut être identifié dès le début du projet ; vous devriez alors le résoudre tout de suite (sauf si vous aimez avoir mal…). Mais un problème, cela peut être aussi, on l’a vu, un risque devenu réalité.
Rassemblons ces quatre notions dans un petit schéma de synthèse :
Certains risques ne concernent pas la gestion de projet
Les risques que vous devrez prendre en compte dans votre conduite de projet ne concernent que ceux pouvant impacter vos objectifs opérationnels.
C’est-à-dire, pour faire simple, ceux qui peuvent vous empêcher de réaliser le projet dans les temps prévus (axe délai), de ne consommer que les ressources octroyées (axe coût), et de parvenir à réaliser tout ce qui était prévu, rien de moins (axe qualité).
Le chef de projet porte la responsabilité d’atteindre les objectifs opérationnels qui permettront de rendre concrète la réponse à un besoin initial.
Mais c’est le résultat du projet qui représente l’enjeu réel pour son initiateur.
Ne vous y trompez pas :
les risques opérationnels liés à l’atteinte de vos objectifs opérationnels (coût – qualité – délai), ceux qui pourraient nuire à la bonne réalisation du projet, seront à considérer dans votre démarche de gestion des risques ;
les risques stratégiques, liés à la nature du projet, aux choix créatifs, à un dispositif imaginé pour les réseaux sociaux, à un axe de communication vis-à-vis d’une cible, etc., sont des risques inhérents à une stratégie de communication. Ce sont des risques assumés par les initiateurs du projet, et vous n’aurez pas à les traiter dans votre analyse des risques.
Certains problèmes ne sont pas liés à des risques mais à des fautes métier
J’ai vu dans plusieurs analyses réalisées par mes étudiants ou des chefs de projet débutants des choses comme « mésentente dans l’équipe » ou encore « non-respect des plannings ».
La gestion des relations humaines dans un groupe de travail est un des axes de la gestion de projet. Cela constitue une des compétences de base du manager de projet. C’est aussi pour faire face à ce type de difficulté qu’il est présent dans l’équipe projet.
Vous construirez vos plannings sur la base d’estimations faites en début de projet, par vous-même si vous en avez l’expertise, ou par les responsables des différents métiers impliqués. Une estimation, par définition, c’est accepter de se tromper. Plus vous aurez d’expérience, plus vos estimations seront précises.
Votre planning sera sujet à de nombreuses modifications en cours de projet, justement pour tenir compte des imprévus et des problèmes rencontrés.
L’erreur n’est pas de « ne pas respecter » le planning initial, mais de ne pas le mettre à jour en tenant compte des événements survenant durant le projet. Vous noterez que j’ai bien parlé « d’erreur », pas de « risque ». 😬
En bref
Un risque n’est que l’éventualité d’un événement futur néfaste pour le projet ;
un risque peut se transformer en problème, ou tout simplement disparaître ;
un imprévu est un événement futur possible, non identifiable ;
un aléa est un événement futur possible, identifiable mais non quantifiable ;
on peut quantifier les conséquences d’un risque sur un projet ;
la gestion des risques ne concerne que les risques opérationnels, elle exclut les risques stratégiques liés au résultat du projet.
Vous savez maintenant ce qu’est un risque dans un projet, et maîtrisez l’essentiel du vocabulaire de la gestion des risques. Voyons ensemble dans le prochain chapitre comment la mettre en œuvre. Passez vite à la page suivante !