C’est l’histoire de vous, de moi et c’est l’histoire de ceux qui ne savent (ou ne savaient) pas dire non. Un collègue ou un ami vous demande un coup de main et malgré tout ce que vous avez à faire, eh bien vous acceptez.
Peu importe que ce soit pour faire plaisir, pour plaire ou pour ne pas déranger, dire oui n’est pas toujours une solution gagnante pour votre interlocuteur, pas non plus pour vous, et encore moins pour la relation qui vous unit.
Un changement qui m’a fait radicalement gagner du temps est le moment où j’ai commencé à dire non. C’était difficile au début. Mais maintenant je dis non régulièrement. J’ai réussi à me créer une carapace de protection et une personnalité de travail qui peut dire non. Plus on dit non, moins on nous dérange ! 🙂 – Luc, responsable de formation.
Au début, on souhaite répondre à toutes les demandes, la motivation est au top, on essaye de satisfaire tout le monde mais... ce n'est pas possible. Apprendre à dire non m’a rendu beaucoup plus productif ! – Nicolas, engineering manager.
Découvrez la valeur ajoutée du “non”
Dire non est en soit une formidable réserve de temps, mais c'est aussi parfois la meilleure chose à faire.
Supposons que vous soyez expert dans un domaine assez technique et que lors d’une réunion, votre hiérarchie vous confie un travail avec un objectif clair et vous impose une méthode pour réaliser ce projet qui n’est pas conforme ou pas optimisée. En tant qu’expert, si vous vous contentez de dire oui, vous ne montrez pas toute votre valeur ajoutée.
Cela peut sembler évident, mais c’est plus difficile de dire non pour certain d’entre nous.
Peut-être pouvez-vous répondre lors de cette réunion :
« Permettez-moi de prendre 2 heures avant de vous répondre, car il me semble que les normes ont évolué dans ce domaine, il vaut mieux que je valide ce point, sans quoi nous risquons de partir dans la mauvaise direction et de perdre un temps précieux, mettant en péril notre objectif.»
De la sorte, vous éviterez beaucoup de problèmes ; mais ce qui est intéressant, c’est que le mot "non" n’a jamais été prononcé. Votre interlocuteur ne le prendra pas comme un refus et vous faites la démonstration de votre valeur dans l’équipe en prenant une posture protectrice, dans ce cas précis.
Mesurez l'intérêt de mettre des limites
En vérité, on recherche nous aussi ce fameux non, cette limite à ne pas franchir. On a tous besoin d’un cadre de pensée ou d'un cadre de travail. Mais à l’inverse, par exemple lorsque nous demandons conseil à un vendeur ou à un entrepreneur pour des travaux, nous attendons des conseils et que l’on nous fixe des limites pour nous aider dans nos décisions.
Par exemple, si vous hésitez entre 2 machines dans un magasin, que vous demandez conseil pour vous aider dans votre choix et que le vendeur vous rétorque que ces deux machines sont parfaites, et bien il ne vous aide pas vraiment car vous devrez choisir de manière plus subjective votre machine, ou tourner les talons et vous rendre dans un autre magasin pour enfin trouver conseil.
Le non peut donc être très positif. Et comprenez que pour dire oui, il faut savoir dire non. Et j'irais même un peu plus loin en ajoutant que savoir dire non, c’est apprendre à se dire oui à soi-même.
Surmontez les difficultés à dire non
Dans le désordre, nous pourrions citer comme étant à l’origine d’une difficulté à refuser :
la crainte de l’autorité ;
l'angoisse de devoir se justifier ou s'excuser ;
la hantise de décevoir, de ne pas être aimé ou de blesser ;
l'appréhension du conflit ou de représailles ;
une peur du ridicule et du jugement par autrui.
Certaines de ces difficultés sont légitimes, mais la grande majorité d’entre elles ne le sont pas.
Donc en disant non, vous me dites que je peux rendre un service encore plus grand ?
Oui, tout à fait, chaque situation est différente mais il faut avant tout s’écouter pour savoir dans quel cas dire non. Écoutez-vous, essayez simplement à l’avenir de dire non quand vous ne voulez vraiment pas quelque chose.
Dites non avec confiance
Quelle que soit la méthode, la première difficulté sera de dire non sans trop se justifier. Étonnamment, trop de justification peut vexer ou bloquer l’autre.
Pour nous situer, posons un décor :
Un manager vous demande de faire un travail très rapidement et pour un budget très serré, il vous supplie, dit que vous êtes son dernier recours, son sauveur et que sans vous la boîte va couler, avec les yeux brillants comme dans les dessins animés...
Attendez stop ! Si vous êtes comme moi, vous seriez bien tenté pour dire oui ! Mais il faut y résister ! Voici 3 techniques pour dire non.
1. Décalez la réponse
Décaler la réponse dans le temps est en apparence la méthode la plus simple.
“Je vous réponds par mail ce soir. Je consulte mon agenda, je fais le point sur ma to-do, et je vous confirme si je peux m’engager.”
2. Posez une question ou reformulez
Questionner et reformuler consistent à demander plus de précisions.
“Pourquoi est-ce urgent ?”
“Pourquoi ne pas m'avoir contacté plus tôt ?”
“Qui devait se charger de ce projet ?”
“Pourquoi le budget est-il si faible ?”
“Êtes-vous conscient que dans un délai si court et avec si peu de budget, je risque de livrer quelque chose d’imparfait, moche ou non fonctionnel ?”
3. La méthode DESC
Ici, l’idée est de schématiser la demande en la posant quasiment comme une équation.
Phase 1 description – “Si je comprend bien, vous me demandez de réaliser en un temps très court et pour un budget très serré ce projet ?”
Phase 2 explication – en quoi c’est problématique : “Je travaille déjà sur un dossier. Je risque de livrer un travail de moindre qualité et vous serez déçu, je ne tiens pas à décevoir et là je crains fort de ne pas pouvoir rendre un travail de qualité.”
Phase 3 solutions ou conditions – “Si vous acceptiez que ce travail ne soit pas fonctionnel, c’est possible de faire quelque chose de joli, mais ça ne marchera pas ou il faudra augmenter votre budget afin que je complète mon équipe pour réaliser convenablement le projet.”
Phase 4 conséquences – “Comme expliqué ci-dessus, si vous ne pouvez pas augmenter votre budget et que vous souhaitez un projet fonctionnel, je serai contraint, à regret, de ne pas pouvoir vous aider.”
En bref
Dire non, c’est poser un cadre et commencer à se respecter.
Refuser est une formidable réserve de temps que l’on pourra utiliser à bon escient.
C’est approprié de dire non lorsque cela nous coûte trop, même sans parler d’argent.
Dire non peut-être très positif pour vous, pour les autres et pour la relation que vous entretenez.
Savoir dire non, c’est donner encore plus de valeur à votre oui.
Il existe plusieurs techniques pour apprendre à dire non, comme décaler la réponse, poser ou reformuler le problème, ainsi que la méthode DESC.
Dire non, c'est pas facile, mais il faut se forcer pour gagner du temps précieux ! Bon courage pour mettre en pratique. Passons au deuxième sujet autour de la productivité et du travail en équipe : les réunions. La réunionnite est en en effet une maladie grave qui se répand dans à peu près toutes les entreprises... Prêt à vous battre contre ? À tout de suite !