En tant que travailleur freelance, vous échangez votre temps et vos capacités contre de l’argent (même si, comme nous le verrons un peu plus loin, il n’est pas toujours pertinent de facturer au “temps passé” pour vos missions).
Connaître votre seuil de rentabilité, c’est connaître le montant minimum du chiffre d’affaires à réaliser pour pouvoir vivre de votre activité.
En effet, contrairement à un emploi salarié où la rémunération est régulière et fixe, vos ressources de freelance dépendent de ce que vous facturez à vos clients pour la réalisation de missions. Une erreur sur votre stratégie de tarification pourrait réduire votre niveau de vie .
Il est donc important de connaître votre seuil de rentabilité avant de décider d’un prix pour vos prestations. Pour un freelance, calculer un seuil de rentabilité revient à calculer un taux de facturation horaire minimum, basé sur le nombre de jours facturés chaque année, et sur l’ensemble de vos charges.
Trouvez votre indicateur de rentabilité
Connaître sa rémunération minimale par heure de travail est un atout, notamment lors de votre prospection et de vos négociations. Il s’agit de votre boussole pour décider d’accepter ou de décliner une mission.
Dans certains cas, le client a déjà défini le budget alloué à la mission, sans flexibilité possible.
Par exemple, les coursiers à vélo travaillant avec des plateformes sont payés selon une grille tarifaire définie par l’entreprise (nombre de courses, kilomètres, temps…). Les agences de traduction proposent à leurs traducteurs freelances une rémunération fixe au mot traduit.
Dans ce cas, vous devez connaître le prix minimum que vous pourriez accepter par jour, et/ou par heure pour vérifier que le budget du client vous convient. En définissant votre tarif minimum horaire, vous aurez un repère d’un montant en-dessous duquel vous ne pourrez pas accepter une mission.
Pour les autres situations, il vous faudra proposer un prix pour vos différents services, qui devra être supérieur à votre taux horaire minimum.
Comment calculer votre taux horaire minimum ?
Deux éléments sont à prendre en compte pour l’élaboration de votre taux horaire minimum : votre nombre de jours facturés et vos charges.
Calculez le nombre de jours facturés pour votre activité
Chaque année compte 250 jours ouvrés (hors weekend et jours fériés). Cependant, en tant que freelance, sauf rares exceptions, vous ne serez pas rémunéré pour l’intégralité des jours ouvrés, mais uniquement durant les jours facturés.
Voici la formule pour évaluer votre nombre de jours facturés par an :
Nombre de jours facturés = (Nombre de jours ouvrés) - (Nombre de jours non facturés) - (Nombre de jours de vacances par an) - (nombre de jours d’arrêt maladie en prévision) |
Exemple : Martin est graphiste et designer spécialisé en création de logos, sur Paris. Il estime à 10 jours par an le temps passé sur sa comptabilité, et à 72 jours par an sa recherche de clients (téléphone, rendez-vous, réponses à appels d’offres…). Son nombre de jours non facturés est donc de 82 jours. Il souhaite prendre 25 jours de congés par an, et prévoit 7 jours d’arrêt maladie.
Le nombre de jours facturés par Martin est de (250 - 82 - 25 - 7) = 136 jours.
Chaque année, Martin pense passer 136 jours à travailler pour des projets de clients (leur créer des logos).
Estimez vos charges
Les charges sont toutes les dépenses que doit faire l’entreprise pour réaliser sa mission. Dans le cas d’un travailleur indépendant, il s’agit de tous les coûts liés à la prestation de services pour les clients.
Quelles sont les charges des travailleurs indépendants ?
Les charges dépendent à la fois de votre statut, de la nature de vos prestations, de votre rémunération souhaitée, et de tous les achats nécessaires à votre activité.
Voici une liste non exhaustive de toutes les charges que vous pourriez avoir à payer :
votre salaire,
votre loyer si vous avez un bureau professionnel,
les matières premières,
le matériel nécessaire à votre activité (voiture, vélo, ordinateur, abonnement à des logiciels, assurance...),
votre mutuelle,
les impôts, cotisations et contributions sociales sur votre chiffre d’affaires.
Pour calculer vos charges, c’est-à-dire la somme totale de l’argent dont vous avez besoin pour exercer votre activité (votre salaire inclus), vous devez prendre en compte les éléments suivants :
Charges = (Salaire et frais professionnels) x 1,(votre pourcentage d’imposition) |
Exemple : Reprenons le cas de Martin. Il souhaite se verser un salaire de 2200 € net chaque mois, soit 26400 €/an. Afin de ne pas travailler seul, il a rejoint un espace de coworking qui lui coûte 250 € chaque mois (3000 €/an).
À cela s’ajoutent des logiciels de création graphique (700 € par an), un ordinateur assez puissant qu’il change tous les 3 ans, ainsi qu’une tablette graphique de la même durée de vie (1500 € par an), une assurance professionnelle (400 €/an), son abonnement de transports en commun, qu’il utilise majoritairement pour aller rencontrer des clients (800 €/an) et sa mutuelle (500 €/an).
Cela représente des salaires et frais professionnels de 33300 € chaque année.
Il est auto-entrepreneur et le montant de ses cotisations et contributions s’élève à 22 % de son chiffre d’affaires.
Les charges annuelles de Martin sont donc de : 33300 x 1,22 = 40626 €
Martin doit réaliser un chiffre d’affaires de 40 646 € chaque année pour que son auto-entreprise soit rentable.
Établissez votre taux horaire minimum
Définissez votre taux horaire minimum pour vous assurer de ne choisir que les projets qui vous aideront à sécuriser votre entreprise sur le long terme.
Taux horaire minimum = {(Charges annuelles) / (nombre de jours facturés)} / nombre d’heures travaillées par jour |
Exemple : Martin est concentré environ 6 heures par jour lorsqu’il réalise une prestation de design. Son taux horaire minimum est le suivant : {(40 646 €) / (136 jours)} / 6 heures = environ 50 euros de l’heure.
Comme Martin, soyez toujours certain de la rentabilité de votre activité. Par exemple, Martin sait qu’il lui faut 30 heures pour faire un logo très professionnel. Il n’acceptera donc pas de contrats en dessous de 1500 € (30 heures x 50 euros) pour réaliser un logo.
Plus votre taux est élevé, plus le niveau de service doit être performant, spécialisé, et créateur de valeur pour vos clients.
En cas de doute, n’hésitez pas à tester différents prix. Si vous avez visé trop haut, vous pourrez toujours modifier votre offre, soit en alignant vos tarifs vers ceux pratiqués par la concurrence, soit en vous formant et en améliorant vos services pour que le prix et la prestation soient harmonieux aux yeux de vos clients.
En résumé :
Félicitations ! Vous disposez désormais de toutes les informations pour calculer votre taux horaire minimum, et vérifier votre rentabilité.
Vous pouvez désormais fixer le prix de vos prestations avec un indicateur clair de rentabilité.