Le besoin de parler un langage commun
Bienvenue dans ce cours ! :D
Vous avez peut-être déjà entendu parler du BIM. Mais savez-vous ce qui se cache derrière cet acronyme ? Remontons un peu dans le temps pour savoir d’où vient cette notion. Apparu au début des années 90, le BIM avait pour objectif de définir la représentation numérique des constructions, c’est-à-dire un modèle 3D agrémenté de propriétés.
Initialement, les formats d'import et d'export des logiciels étaient très limités. La plupart d'entre eux possédaient même leurs propres formats, dits natifs. Mais, quand les différents corps de métiers de la conception et de la construction d’édifices ont eu besoin de s’échanger leurs modèles, ces formats natifs sont devenus problématiques.
C'est pour créer un modèle d’échange de données dédié au bâtiment, basé sur les objets de la maquette, qu'un consortium est né : l'IAI, International Alliance for Interoperability. Ce consortium deviendra Building Smart International en 2005.
Pour faciliter la coopération entre les différents acteurs du bâtiment et rationaliser les méthodes de travail, l'IAI a créé le format IFC (Industry Foundation Classes).
Les différents acteurs du consortium ont ensuite mis en place des procédures pour organiser cette coopération au niveau des maquettes et la manager au niveau de la gestion de projet. C’est ainsi qu’est né le BIM.
Que signifie l’acronyme BIM ?
Revenons maintenant à l’acronyme BIM. Il s'agit, comme vous pouvez l'imaginer, d'un terme anglophone qui signifie trois choses :
1. Building Information Modeling
Cela correspond au processus mis en place pour échanger les maquettes correctement, organiser les informations, définir les environnements numériques de travail, etc. Sur un projet, vous retrouverez notamment ces éléments dans la Convention BIM (nous en reparlerons dans les prochains chapitres).
2. Building Information Model
Il s'agit de la maquette numérique ("Digital Mock Up" en anglais). En France, le terme maquette numérique est issu des industries aéronautique et automobile.
3. Building Information Management
Le BIM Management encadre, vérifie et gère les processus et les maquettes numériques.
Les concepts de processus et de maquette vous semblent flous ? C'est normal ! Pas de panique, nous les définirons dans la section suivante.
Piliers : Stratégie / Processus / Technologie
Il serait trop réducteur de simplifier le BIM avec une des trois définitions données précédemment. Si les Anglo-Saxons le définissent avec trois notions, c’est qu’il y a une raison. En effet, le BIM repose sur trois piliers :
Et quand on dit “repose sur ces trois piliers”, c’est parce que, sans l’un de ces piliers, l’ensemble s’écroule. Ces éléments sont à la fois indépendants et interdépendants :
La technologie regroupe tout ce qui concerne la maquette numérique, la modélisation et les outils numériques.
Le processus définit les modalités d’échange et de modélisation, les responsabilités de chacun, l'environnement dans lequel échanger, et les flux de travail.
La stratégie correspond au management des deux premiers.
Si nous faisons un parallèle avec un jeu de société, la technologie serait le plateau de jeu et les pions, le processus serait les règles du jeu et la stratégie le maître du jeu !
Les niveaux du BIM
Parfois, on entend : « Vous faites du BIM de quel niveau ? »
Qu’est-ce que cela signifie ?
Il existe 3 niveaux de BIM.
Le BIM de niveau 1
Chacun réalise des maquettes numériques pour ses propres besoins, mais les maquettes ne sont pas échangées. Les échanges se font via des formats « classiques », c'est-à-dire en 2D ou sur papier.
Le BIM de niveau 2
Le BIM de niveau 1 est intégré et les collaborateurs commencent à échanger des maquettes numériques. Comme nous l’avons vu précédemment, cela implique de mettre en place des procédures, grâce à une Convention BIM. Il faudra également désigner une personne ou une équipe de personnes qui gèrera ces processus. C’est le rôle du BIM Manager, ou du BIM Management dans le cas d’une équipe.
Le BIM de niveau 3
Dans le BIM de niveau 3, il y a une maquette « unique » hébergée sur un serveur ou dans le cloud. Chaque corps de métier peut travailler en simultané et en temps réel. Aujourd'hui, certaines technologies permettent d’avoir une maquette « centrale » sur un serveur et des « sous-maquettes » par corps d’état. Ces sous-maquettes peuvent ensuite être synchronisées et venir enrichir la maquette centrale.
Une petite remarque : en fait, il y a 4 niveaux de BIM ! Le premier niveau est le BIM de niveau 0, qui consiste à ne pas faire de BIM !
Maintenant, imaginez que vous êtes BIM Manager ! Prenez quelques minutes pour réfléchir et lister quels peuvent être les freins et les avantages de la mise en place du BIM sur un projet. Quels outils et quelle organisation doivent être mis en place ?
Nous allons aborder tous ces points dans la suite du cours ! ;)
En résumé
Le BIM ne se résume pas à la maquette numérique ni à un outil numérique. Il existe des dizaines, voire des centaines d’outils numériques permettant de faire de près ou de loin du BIM, suivant les spécialités métiers. :waw:
Il ne s'agit pas seulement d'un processus ni de la gestion de la maquette. C'est un ensemble bien plus vaste.
Les acteurs d’un projet réalisent leurs maquettes numériques (Technologie), en se basant sur des méthodes ou Convention BIM (Processus). Tout ceci est encadré et géré par le BIM Management (Stratégie).
Par ailleurs, la gestion de projet en BIM nécessite une bonne connaissance du Management de Projet de Construction, mais nous verrons cela un peu plus tard.