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J'ai tout compris !

Mis à jour le 08/08/2024

Définissez et classifiez vos objectifs pédagogiques

Si vous avez complètement le choix de votre système d’évaluation et que vous voulez mettre en place une évaluation qui sert vraiment les apprentissages, cette partie du cours est pour vous.

Je vous présente une méthode d’évaluation que j’ai mise en place et expérimentée avec Olivier Sauret pendant près de 10 ans et avec plusieurs centaines d’apprenants. Cette méthode permet d’améliorer l’engagement des apprenants et donc leurs apprentissages. En revanche, elle est assez différente de ce qui se fait traditionnellement, ce qui peut être difficile à comprendre pour vos apprenants et vos commanditaires.

Définissez vos objectifs pédagogiques

Les objectifs pédagogiques sont les choses que vos apprenants doivent maîtriser à la fin de la formation. Les définir de façon pertinente est la partie la plus importante de l’ingénierie de votre formation. On peut voir ces objectifs comme le but du chemin à faire parcourir aux apprenants. Si on ne sait pas avant de partir où l'on veut que les apprenants aillent, on aura beau partir sur un très beau chemin, il est probable qu’il sera difficile d’arriver à bon port.

Rappelez-vous que les objectifs pédagogiques portent sur ce que les apprenants seront capables de faire à la fin de la formation. Il faudra donc tous les évaluer ! Et cela demandera du temps. Il est plus efficace d’avoir moins d’objectifs évalués, mais articulés correctement, que beaucoup d’objectifs qui noient l’apprenant.

Adaptez également le nombre d’objectifs à la durée de votre formation. Sur une formation d’une journée, il ne sert à rien d’avoir 4 à 5 objectifs pédagogiques. Personnellement, sur les formations longues (plusieurs semaines), je compte environ 4 à 6 heures par objectif pédagogique.

Un objectif est flou, par définition. En effet, il est soumis à l’interprétation du formateur, notamment dans le niveau d’exigence. Pour l’objectif pédagogique « Mener une réunion », par exemple, où met-on le curseur ?  Une réunion de 5 personnes, 15 personnes ? Une réunion ponctuelle, récurrente ? En français, en langue étrangère, avec des gens n’ayant aucune langue en commun ?

En revanche, les situations d’évaluation sont moins floues. La façon la plus simple de communiquer autour des exigences avec le commanditaire est donc de partir des situations d’évaluation.

Certaines fois, vous n’aurez pas le syllabus, mais au contraire les situations d’évaluation. Ce sera le cas notamment si vous préparez vos apprenants à un concours ou à un examen externe : préparation au TOEFL, aux concours de recrutement de la fonction publique. Pour définir les objectifs pédagogiques, partez donc des annales du concours ou de l’examen. Regardez les épreuves des années précédentes et demandez-vous : « Qu’est-ce que l’apprenant doit maîtriser pour réussir ces épreuves ? » Et voilà la liste de vos objectifs pédagogiques.

Les 4 niveaux d’évaluation

Une fois vos objectifs pédagogiques définis, vous pouvez maintenant réfléchir à comment les évaluer.

En 1988, Jean-Marie de Ketele, professeur de psychopédagogie à l’université de Louvain, propose 4 niveaux d’évaluation pour les objectifs pédagogiques.

  • Le niveau 1 est le niveau de la pure restitution. C’est la mémoire qui est mise en action. C’est à ce niveau-là que sont évalués tous les savoirs. Par exemple, ce sont les interrogations de cours de l’école ou les QCM auxquels vous répondez à la fin des cours OpenClassrooms.

  • Le niveau 2 est le niveau de l’application. C’est à ce niveau-là que sont évalués les procédures, les automatismes. Ce sont par exemple les exercices d’application de l’école (3 bonbons coûtent 4 euros, combien coûtent 6 bonbons ?), ou les exercices évalués par les pairs dans les cours OpenClassrooms.

  • Le niveau 3 est le niveau de la résolution de problème. On met en œuvre une nouvelle démarche, ou une démarche connue dans une situation complètement nouvelle. À partir de ce niveau-là, on peut parler d’évaluation par compétences. C’est l’exemple des pédagogies par projet où les apprenants ont un dossier à monter, puis une soutenance orale, ou encore des évaluations sur simulateur.

  • Le niveau 4 est le niveau de la réalisation. Contrairement au niveau 3, le contexte est réel. C’est par exemple la formation en alternance ou l’internat de médecine. L’apprenant est placé dans un contexte authentique de pratique, dans toute sa complexité. Dans la plupart des formations, ce niveau n’est pas accessible, car l’apprenant n’est pas en situation réelle.

Exemple de l’objectif « apprendre à conduire » :

Le niveau 1 correspond à la connaissance du Code de la route, évaluée lors de l’examen du code.

Le niveau 2 correspond à la maîtrise des automatismes de conduite : savoir passer une vitesse, contrôler ses angles morts, etc.

Le niveau 3 correspond à la maîtrise de la conduite guidée. Si quelqu’un vous dit par où passer, savez-vous conduire pour aller d’un point A à un point B ? C’est à ce niveau-là que se situe le permis de conduire. On voit bien la nécessité de regarder le processus et non uniquement le résultat final. Pour le permis de conduire, cela veut dire monter dans la voiture. Si l’inspecteur m’attend au point B, comment peut-il être sûr que je n’aie pas grillé un stop avant d’arriver ?

Le niveau 4 n’est pas évalué dans le permis de conduire français. C’est par exemple la capacité de partir en vacances à une destination que je convoite. Il faut non seulement maîtriser le niveau 3, mais également « Prendre de l’essence », « Choisir un itinéraire », etc. Bref, c’est la conduite en contexte réel.

À noter que chaque niveau inclut les précédents : pour savoir conduire pour le permis, il est nécessaire de connaître le Code de la route et de savoir débrayer.

Faites le lien entre objectifs et niveau d’évaluation

Pour chacun de vos objectifs, vous allez donc définir à quel niveau vous souhaitez les évaluer.

Si vous jugez que certains savoirs ou automatismes sont indispensables à acquérir, n’hésitez pas à prévoir des évaluations de niveau 1 ou 2. Un même objectif peut être évalué à des niveaux différents, comme le permis de conduire, qui est un examen évalué niveaux 1 et 3.

Si on voulait être vraiment exhaustif, il faudrait évaluer chacun des objectifs à tous les niveaux. D’abord au niveau 1, puis au 2, au 3, et enfin au 4. Cette exhaustivité pose de nombreux problèmes, et ne s’avère donc pas très efficace.

Le premier problème est lié au temps. Chaque évaluation prend du temps. On n’a donc pas le temps de faire tous les niveaux sur tous les objectifs.

Le niveau 4 n’est pas forcément accessible. Si vos apprenants ne sont jamais en « situation réelle » (exemple : L3 en physique), ce n’est pas possible. Vous devrez vous arrêter au niveau 3.

Enfin, cette façon de faire très progressive n’est pas très motivante pour les apprenants. Pour être engagés, les apprenants ont besoin de challenges bien calibrés. Essayez donc de maintenir le nombre de niveaux évalués au minimum.

Exemple sur une formation “conduite de réunion” sur 2 jours avec 4 objectifs pédagogiques :

  • Savoir organiser une réunion et en définir des objectifs :

    • évaluation niveau 1 sur les méthodes d’organisation ;

    • évaluation niveau 4 en pratique professionnelle.

  • Développer ses qualités d'animateur de réunion, utiliser la dynamique d'un groupe pour engager les échanges :

    • évaluation niveau 1 sur les différentes dynamiques d’un groupe ;

    • évaluation niveau 3 sur des simulations de réunion lors de la formation.

  • Perfectionner son mode d'intervention dans une réunion, une assemblée, un groupe de travail :

    • évaluation niveau 2 avec analyse de vidéos d’animation ;

    • évaluation niveau 4 avec regard réflexif sur sa propre pratique professionnelle.

  • Gérer les crises qui se présentent au cours des réunions :

    • évaluation niveau 2 sur logiciel de réalité virtuelle ;

    • évaluation niveau 3 avec des réunions simulées en formation, comportant des crises.

Validez les apprenants

Dans ce système d’évaluation, pas de score, pas de moyenne. Une fois qu’un apprenant a réussi l’évaluation à un certain niveau, il sera « validé » à ce niveau sur cet objectif. Au fur et à mesure de la formation, chaque apprenant va donc valider petit à petit les différents objectifs pédagogiques. À la fin de la certification, plusieurs choix s’offrent à vous.

Si vous êtes responsable de la certification, il vous suffira donc de regarder à la fin de la formation quels sont les apprenants qui ont tout validé, et de les valider. En quelque sorte, la validation montre que les apprenants savent faire. Pourquoi rajouter un examen et un stress pour vérifier quelque chose que vous savez déjà ?

Si jamais l’examen final est obligatoire, il va donc falloir tout faire pour que tous les apprenants soient validés avant l’examen, ou du moins pour qu’ils aient eu l’opportunité d'être validés. Être validé, cela veut dire que l’on est prêt à passer l’examen, et je suis sûre que vous avez envie que tous vos apprenants soient prêts !

Sur les formations longues, gardez un œil sur le rythme de validation de vos apprenants. S’ils ne valident pas assez, c’est qu’ils n’apprennent pas assez vite et qu’ils risquent de ne pas être validés ou prêts pour l’examen.

Si l’ensemble du groupe est en retard, c’est que votre progression est trop lente ou que les évaluations sont trop difficiles. Revoyez votre système d’évaluation.

Si certains de vos apprenants seulement sont en retard, vous pouvez voir directement avec eux quels sont leurs problèmes et comment les aider.

Exemple de certificat de réussite
Exemple de certificat de réussite