Pour trouver votre place dans l'équipe, il vous faut apprendre à naviguer dans le groupe et cela va dépendre du type d'équipe que vous intégrez.
Dans le premier type, il y a souvent un responsable à qui l'ensemble de l'équipe reporte, mais les coéquipiers sont autonomes pour les missions et tâches quotidiennes. C'est le second type, le plus fréquent, que nous allons analyser maintenant, car la relation hiérarchique implique :
d'ajuster votre rapport à l'autorité ;
de comprendre les différents styles de management ;
de vous situer face à votre N+1 ;
d'éviter les pièges de la relation hiérarchique.
Ajustez votre rapport à l'autorité
Le manager ou chef de projet à qui vous reportez répond de la performance de l'équipe, en est responsable. Il :
vous recrute pour une mission et vous confie des tâches ;
fixe les objectifs de chaque membre de l'équipe ;
pose un cadre et définit les limites ;
fait redescendre les directives du N+2 ;
évalue vos performances régulièrement et vous propose éventuellement en fin d'année une augmentation de salaire ou une évolution de poste.
Et donc, il est amené à gratifier vos réussites et à sanctionner vos écarts !
Comment alors dissocier votre rapport à l'équipe des réminiscences de votre passé familial et scolaire ?
D'abord, évitez de projeter des ressentis anciens, et réfrénez les réflexes que vous avez développés vis-à-vis d'un professeur ou d'un parent, même si l'attitude ou la personnalité de votre manager vous y fait penser !
Il est utile ensuite de savoir décrypter les codes de l’autorité hiérarchique afin d’évaluer le niveau d’autonomie auquel vous allez pouvoir vous situer.
Comprenez les différents styles de management
Le quotidien d’une équipe, c’est une succession de problèmes à résoudre et cela consiste à identifier le sujet ou le problème, porter un diagnostic, analyser les solutions possibles, décider de la solution et répartir les tâches permettant de mettre en œuvre la solution.
De là, le manager peut accomplir ces actions seul ou associer les membres de l'équipe de diverses manières :
« j’ai pris ma décision » : prend les décisions, puis les annonce ;
« j’ai pris la meilleure décision » : prend les décisions, puis cherche à y faire adhérer ;
« que pensez-vous de ma décision ? » : présente ses idées et demande son avis à chacun ;
« révisable sous conditions » : présente une décision qu’il se déclare prêt à changer ;
« quelles sont vos suggestions ? » : présente le problème, obtient des suggestions, prend sa décision ;
« prenez votre décision dans ce cadre-là » : définit un cadre et laisse les équipiers se déterminer dans ce cadre ;
« identifiez le problème et déterminez la solution » : l’équipe récupère l’intégralité du processus.
En réalité, un manager expérimenté va recourir à tous les styles en fonction de la situation, c'est-à-dire :
de la nature du problème/sujet (concerne directement les équipiers ou plus stratégique) ;
du temps disponible ;
de la culture d’entreprise (certaines sociétés favorisent l'un ou l'autre style) ;
du profil de ses collaborateurs : niveau d’autonomie, degré d’engagement et de motivation, niveau de compétence, d'expérience ;
de la capacité de l’équipe à coopérer.
Ainsi, plus la décision est urgente et/ou d'ordre stratégique, avec une équipe peu expérimentée ou récemment constituée, plus le style de management risque d'être directif et persuasif. Plus les membres de l'équipe sont autonomes, engagés, aptes à coopérer entre eux, plus le style pourra être participatif et délégatif.
Situez-vous face à votre N+1
Intéressez-vous au parcours de votre N+1
Il est important de bien connaître votre N+1. Avez-vous lu son CV, pris connaissance de sa formation, de son parcours et de ses réalisations ?
Rien de plus facile aujourd'hui que d'accéder à ces informations : lancez une recherche sur Google et le réseau professionnel LinkedIn. Ses précédents postes et employeurs vous en apprendront sur ses motivations, compétences, centres d'intérêt. Sa formation d'origine vous instruira sur son réseau.
Évaluez ses qualités et ses défauts vis-à-vis de l'équipe
Le bon manager :
sait écouter ;
reste objectif ;
accepte les différences de personnalité, de méthodes de travail ;
donne des directives claires ;
sait animer des réunions efficaces (rapides et qui mettent en œuvre des solutions) ;
pratique tous les styles de management à bon escient ;
sait déléguer les tâches valorisantes ;
fait participer l'équipe aux décisions ;
alloue des moyens ;
sait motiver et féliciter ;
ne fait pas de préférences, ne donne pas de passe-droits à certains plutôt qu'à d'autres ;
fait ce qu'il dit ;
fait circuler l'information ;
voit et fait voir le côté positif ;
sait dire la vérité sans heurter ;
sait prendre en compte les difficultés ;
ne se laisse pas influencer par les tire-au-flanc, flagorneurs, délateurs, relayeurs de rumeurs ;
fait progresser et évoluer ses équipes ;
manifeste une éthique personnelle et professionnelle (respecte votre vie privée, sait se séparer correctement de quelqu'un) ;
sait prévenir et gérer les conflits.
Alors, quelle note sur 20 votre manager obtient-il ?
Évitez les pièges de la relation hiérarchique
Évitez la sur-dépendance ou la sur-émancipation
La relation hiérarchique est incontournable. Une certaine autonomie est cependant tout à fait souhaitable et souvent encouragée. Il n'est pas toujours facile de s'y retrouver dans cette injonction contradictoire : "Suivre la vision du manager/être autonome."
Cela demande de la prudence, du temps et de la pratique afin de développer votre art du dosage. Vous pouvez cependant éviter certaines postures contre-productives.
Pour éviter la sur-dépendance à la relation hiérarchique, évitez :
d'accorder une attention surdimensionnée aux commentaires de votre manager ;
de penser que toute légitimité vient exclusivement de lui ;
les comportements de soumission appuyée : ils pourront énerver vos coéquipiers, et agacer votre manager lui-même qui y verra un manque d'autonomie.
A contrario, quelle que soit votre autonomie, ne vous affranchissez jamais d'informer votre N+1 de tout changement de cap par rapport à vos tâches et à votre mission habituelles. Vous risquez sinon d'entrer dans une sur-émancipation du lien hiérarchique.
Par exemple, si votre manager vous confie une mission dont vous doutez et que les faits vous confirment que la tâche qu'il vous a confiée est une perte de temps par rapport à d'autres très importantes, ne prenez pas l’initiative de la modifier ou de l'interrompre sans évoquer la question avec lui auparavant.
Autre exemple : imaginons que votre N+2 vous confie une tâche urgente en direct et que cette tâche est en concurrence avec une tâche habituelle pour votre N+1. Ne reportez pas celle-ci sans informer votre N+1 et votre N+2, afin qu'ils arbitrent la priorité des tâches. En principe, le N+2 doit d'ailleurs passer par votre N+1 et non vous confier une mission directement.
Tenez compte de la personnalité de votre manager
Voici quelques conseils d'attitude en fonction de la personnalité de votre manager :
Personnalité | Caractéristiques | Ne pas faire | Faire |
Autoritaire | Décide seul et attend de vous que vous mettiez en œuvre ses décisions et directives en suivant sa méthode. | Ne pas s’opposer frontalement, ne pas chercher à persuader, ne pas être revendicatif. | On ne convainc pas un autoritaire, on trouve des statu quo : être patient, tout en étant ferme sur des positions minimales, mais essentielles pour vous. |
Cool | Agréable au plan relationnel, mais pas consistant en cas de décision à prendre. Évite les désaccords et laisse pourrir les conflits. | Ne soyez pas trop confiant. | Être précis, formel sur les accords reçus. Solliciter son attention, chercher son regard (parfois évitant) et faire confirmer les engagements par écrit, tout en restant cool. 😊 |
Stressé | Multiplie les contrôles et les procédures, délègue difficilement. | Pas d’improvisation, pas de dilettantisme. | Évitez les urgences, donnez une marge de manœuvre, engagez-vous et tenez vos promesses, simplifiez, soyez ponctuel et rigoureux. |
Expert | Maîtrise technique des dossiers, a exercé votre poste et en connaît les enjeux. | N’entrez pas en compétition, ne soyez pas péremptoire. | Bénéficiez de ses feedbacks pour vous développer, soyez à la hauteur et impeccable sur vos dossiers. En cas de doute, recoupez avec d’autres expertises si nécessaire. |
Manipulateur | N'est jamais clair ou franc. Vous complimente pour obtenir quelque chose, marchande, se victimise, divise pour mieux régner, menace. | Ne réagissez pas aux provocations ni brutalement si vous surprenez un flagrant délit de manipulation. Ne vous livrez pas sur vous-même. | Repérez les manipulations, soyez mesuré et ferme, compétent et régulier sans "tomber dans le panneau". Soyez respectueux et ne laissez pas deviner que vous avez vu ni que vous portez des jugements de valeur, car le manipulateur souffre souvent d'un gros déficit d'estime de soi. |
Coach | Transmet son savoir-faire et délègue volontiers des tâches valorisantes dès que vous êtes apte. | Attention à la dépendance qui menace toujours toute relation d’aide. | C’est super : apprenez, apprenez ! Vous pouvez développer votre autonomie, en toute sécurité. |
Préparez votre entretien annuel
J'espère que cela vous a plu d'évaluer les qualités et les défauts de votre manager au paragraphe précédent, parce que la règle, c'est plutôt que votre manager vous évalue à l'occasion d'un entretien annuel d'évaluation !
Préparez-le en passant en revue vos réalisations, succès et difficultés en fonction de chaque critère de la grille fournie. Cette préparation est très importante, car l'évaluation ne sera un exercice réussi que si l'entretien est un dialogue et que les objectifs sont fixés en bonne intelligence à deux.
Préparer votre entretien vous permet aussi de formuler vos besoins de formation que vous devez envisager comme un véritable levier pour votre progression.
Enfin, une bonne préparation sera la preuve de votre motivation !
Il est temps maintenant d'aborder la question de votre rôle dans l'équipe !