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J'ai tout compris !

Mis à jour le 10/10/2023

Évaluez le risque des défaillances du produit

Avant de vous lancer dans la production à proprement parler, vous devez analyser les éventuelles défaillances de votre produit. Pour cela, la mise en place d'une AMDEC vous aidera grandement.

Découvrez un outil puissant : l'AMDEC

AMDEC signifie "analyse des modes de défaillance, de leurs effets et de leur criticité ". Il s'agit d'une méthode initialement utilisée dans le domaine de la qualité, afin d'identifier et d'analyser les risques liés à un processus ou à un produit. Elle est née dans l'armée américaine dans les années quarante et a ensuite été utilisée dans l'aéronautique et l'automobile.

Aujourd'hui, c'est un outil très répandu dans l'industrie car, comme nous allons le voir, il peut s'avérer très utile et efficace.

ll s'agit d'une analyse globale. On considère les causes des défaillances, leurs effet et leur criticité. Afin que l'exercice soit efficace et qu'il ait du sens, il convient de le faire en groupe, en mettant en commun l'expérience et les compétences de plusieurs participants. Enfin, cet exercice doit être organisé, et tout le monde doit faire preuve de rigueur, d'écoute et d'attention.

Pour évaluer la criticité, nous pouvons utiliser les critères suivants :

  • F, la fréquence ou probabilité d’apparition ;

  • G, la gravité ;

  • P, la probabilité de non-détection.

Le but est d'évaluer la criticité d'un évènement. Elle est égale à C = F x G x P.

Il existe plusieurs types d'AMDEC :

  • l’AMDEC produit : elle sert à améliorer sa conception pour la rendre plus fiable ;

  • l’AMDEC processus : elle consiste à améliorer les étapes de production pour assurer la qualité d'un produit ;

  • l’AMDEC moyen de production : elle assure la disponibilité et la sécurité d’un moyen de production, en améliorant sa maintenance.

Dans notre cas pratique, nous allons mettre en place une AMDEC produit. Sa mise en œuvre doit respecter un processus précis si l'on veut que l'exercice soit fiable, satisfaisant et efficace.

Suivez les étapes de l'AMDEC

Étape 1 : la préparation

Comme pour tout travail en groupe, une bonne préparation est essentielle. À ce stade, il convient de définir le périmètre et les objectifs de l’analyse, ainsi que les participants (typologie, nombre, niveau de compétence, etc.) et leur niveau de contribution (participation aux réflexions, suivi des plans d’action, etc.). N'hésitez pas à convier des représentants de divers services, cela élargira la vision. Je vous recommande de ne pas avoir trop de participants, car cela peut devenir compliqué en termes de gestion de temps et d'attention. La phase de préparation est aussi le moment où l’on met en place les outils nécessaires à l’analyse. Une grille permet de formaliser sur un même document les points clés de l’étude AMDEC (analyse des modes de défaillance/risques, évaluation, cotation, plans d’action, etc).

Étape 2 : la décomposition fonctionnelle

Vous allez devoir identifier toutes les fonctions à analyser. En effet, chaque fonction peut présenter une défaillance, qui elle-même aura un effet qui sera plus ou moins grave (donc critique). La décomposition fonctionnelle vient donc juste après l'étape préparatoire.

Le tableau qui suit récapitule les fonctions à étudier en fonction du type d'AMDEC :

AMDEC "moyen de production" 

AMDEC "produit" 

AMDEC "processus".

les fonctions de la machine

les fonctions du produit

les phases du processus

Dans notre cas, je vous invite à reprendre les fonctions principales et de contraintes définies dans votre analyse fonctionnelle. Par exemple : fonction "tenir à l'oreille", fonction "écouter"...

Étape 3 : l’analyse AMDEC et la définition des actions

À partir de chaque fonction , le groupe de travail doit noter la criticité de toutes les défaillances possibles, selon des critères à définir. Ces critères sont basés sur une cotation que définit le groupe.

Cet exemple simple vous permettra de mieux comprendre (source : Wikipedia) :

Note F

Fréquence ou probabilité d’apparition 

Note G

Gravité

Note D

Probabilité de non-détection

10

Permanent

10

Mort d’un homme, catastrophe environnementale

10

Aucune probabilité de détection 

5

Fréquent

5

Conséquences financières ou économiques

5

Un système de détection est en place, mais n’est pas infaillible

1

Invraisemblable

1

Pas grave

1

Le système de détection est infaillible

L'exercice consiste à estimer la criticité de chaque fonction. Concrètement, il va s'agir pour chaque fonction de coter les 3 critères : fréquence (F), gravité (G) et probabilité de non détection (P) ; et ce, avec tous les participants !

Ensuite, les criticités sont rangées par ordre décroissant. Les fonctions les moins critiques sont écartées, et le groupe va travailler à diminuer les fonctions à haute criticité.

Essayez avec la fonction "résister à l'humidité" : quelles sont les défaillances possibles ?

  • Ne plus fonctionner.

  • Fonctionner par intermittence.

  • Se désintégrer.

Pour chaque défaillance, on attribue des notes pour F, G et D :

 

F

G

D

IPR

Ne plus fonctionner 

3

5

8

120

Fonctionner par intermittence 

5

5

8

200

Se désintégrer 

1

5

8

40

Dans cet exemple, la défaillance "fonctionner par intermittence " est la plus critique.

Étape 4 : le plan d'action

En sortie d’analyse, le groupe de travail dispose d’un plan d’actions priorisées en fonction de la criticité de chaque mode de défaillance. Le suivi du plan d’action est ensuite soumis aux règles habituelles ("Qui ? Quoi ? Quand ?", puis mesure de l’efficacité des actions). Vous pouvez choisir le modèle avec lequel vous vous sentez le plus à l'aise.

Pour ma part, j'utilise un tableau parce que c'est assez facile à suivre et pratique à échanger :

Objectif

Action 

Qui ?

Quoi ?

Quand ?

Réalisé le 

Suivi 

 

 

 

 

 

 

 

Il est important de mettre en place une revue régulière du plan d'action. Pensez à planifier des points hebdomadaires (pour commencer) dans les calendriers des porteurs d'action.

Animez un groupe de travail pour réaliser l'AMDEC

Vous pouvez à présent concevoir que la réalisation et l'animation d'une AMDEC est un exercice particulièrement difficile. En effet, il s'agit de rassembler des personnes de compétences et connaissances différentes autour d'un même sujet. La première difficulté va résider dans le fait de bien choisir les personnes. Ensuite, il vous faudra trouver un créneau où tout le monde est disponible. Plus vous aurez un groupe important, plus la tâche sera difficile. :ninja:

Pour le choix des profils, il est toujours intéressant d'avoir des avis et des spécialités différents ! Une bonne connaissance technique du produit est bien sûr essentielle. Vous allez devoir vous appliquer sur la préparation : les objectifs doivent être clairs, le cadre aussi. Cette première étape peut tout à fait être réalisée seul.

Pour l'étape n° 2 qui consiste à décomposer les fonctionnalités et identifier leurs défaillances possibles, vous pouvez convier le groupe dans sa totalité. Vous pouvez utiliser le brainstorming pour avoir un balayage important de potentielles défaillances par fonction. Chaque post-it devra contenir le numéro de la fonction, et une seule défaillance liée à cette fonction. Par exemple :

F # : tenir dans l'oreille

Une défaillance possible :

Tombe quand on court

Après un temps donné, chaque personne déplacera ses post-it dans les colonnes correspondant aux fonctions. Cet exercice permet de se déplacer et de créer une émulsion de groupe. Le mot d'ordre est de ne pas porter de jugement sur les idées. Vous les écarterez de manière collégiale par la suite, si besoin.

Photo d'un groupe de personnes travaillant autour d'une table dans une ambiance détendue.
Le brainstorming, un exercice fédérateur

Les fonctions de chacun et leur implication dans le processus AMDEC

Ensuite, l'assemblée va devoir se mettre d'accord sur la cotation à attribuer à chaque critère. L'évaluation du critère peut parfois être subjectif et ressenti de manière différente selon les personnes. Par exemple, si nous reprenons nos écouteurs, la fonction "résister à la transpiration" peut sembler essentielle et indispensable pour une personne ayant l'habitude de pratiquer du sport en écoutant de la musique, alors qu'elle peut sembler complètement futile à une personne qui ne pratique pas de sport, ou pas en écoutant de la musique.

Votre rôle de facilitateur prend tout son sens à ce moment-là. Essayez au maximum de vous cantonner au rôle d'animateur et n'apportez que des précisions techniques. L'animation de l'AMDEC peut aussi être "sous-traitée" à une personne du service Amélioration continue. Dans ce cas, après avoir préparé l'étape 1, vous revenez dans le rôle d'un participant.

Une fois les principaux modes de défaillance identifiés, vous entrez dans la dernière étape de l'AMDEC, qui consiste à mettre en place un plan d'action. Le principe est de réduire la criticité en mettant en place les actions adéquates. Je vous conseille, dans cette étape, de réduire le nombre de participants et de ne garder que ceux qui auront le pouvoir de réaliser l'action. Inutile de donner une action technique à une personne des RH. Inversement, si l'action est "recherche d'un technicien", elle ne pourra pas être portée par une personne de la maintenance ! Pour cela, n'hésitez pas à utiliser les outils de l'amélioration continue pour la résolution de problème.

Par exemple, si vos écouteurs ont de gros risques de tomber, vous pourriez penser en changer la taille alors qu'en réalité c'est peut-être la forme, le poids ou le design qu'il faut retravailler ! L'analyse doit donc être menée jusqu'au bout.

Le suivi du plan d'action, de la mise en place de leurs actions correctives et de la vérification de leur bon fonctionnement est bien entendu indispensable. Une revue régulière (hebdomadaire) est à prévoir avec les protagonistes. Enfin, une AMDEC de contrôle peut être prévue à certaines échéances pour vérifier que les criticités atteignent le seuil d'acceptation.

La réussite de cet exercice dépend en très grande partie de la qualité de l'animation et de l'implication des personnes ! À vous de jouer. ;)

Vous avez évalué le risque des défaillances de votre produit. Vous êtes plutôt confiant; car les criticités sont faibles et les modes les plus critiques sont sous contrôle ! Maintenant, afin d'optimiser au maximum votre produit, vous devez optimiser son coût. C'est ce que je vous propose de voir dans le prochain chapitre.

Exemple de certificat de réussite
Exemple de certificat de réussite