Communiquer, c’est le secret de votre réussite
Vous aurez besoin d’exploiter des données chiffrées, fiables et ciblées. De plus, la vitesse de transmission sera très vite indispensable pour vous et vos “clients internes”. Mais vous n’avez que faire de tableaux de chiffres qui ne vous donnent pas la direction à suivre ! Il vous faut un “GPS” pour piloter votre parc machines, et impliquer vos partenaires dans ces démarches ambitieuses que sont la TPM et la MBF.
Commencez par collecter les bonnes données, puis vous apprendrez à créer les graphiques de pilotage : ce sera votre GPS.
Cas d’une intervention corrective
Votre client, un opérateur de production, vous demande d’intervenir pour une réparation. La demande de travaux “DT” doit être écrite et comporter des éléments essentiels : date/heure début, date/heure fin d’arrêt, atelier, machine, sujet, degré d’urgence.
Le degré d’urgence est essentiel pour établir un planning de charge :
U1 : urgence absolue. Production interrompue ;
U2 : urgent. Production ralentie ou intermittente ;
U3 : à planifier. Perturbations ;
U4 : à planifier. Révision demandée.
Cette DT sera transférée dans la GMAO, le logiciel de gestion de maintenance assistée par ordinateur.
Après sa réparation, le technicien renseigne la partie “compte rendu d’intervention”. Les éléments essentiels sont : date/heure début intervention, date/heure fin intervention, pièces remplacées, causes de la panne. Plus les choix sont prédéfinis dans la fiche de compte rendu, plus cette fiche sera complétée par l’intervenant, et plus votre traçabilité sera de haut niveau (cliquez ici pour afficher l'image).
Comme pour la DT, le principe du cochage est privilégié. L’intervention est soldée seulement après la validation de l’opérateur au bas du compte rendu. C’est la preuve du redémarrage de la machine et de l’intervention soldée.
Cas d’une intervention préventive
Sur le compte rendu d’intervention corrective, le technicien peut indiquer si, au cours de sa réparation, il a effectué une opération préventive annexe. Dans le cas d’une opération préventive standard, le compte rendu est simplifié. Les éléments essentiels sont : date/heure, durée, atelier, machine, type de préventif, pièce remplacée.
Les liaisons intranet, l’apport des tablettes, la codification numérique des équipements, les alertes émises par les équipements transférées par l’opérateur ou transmises par réseau à la maintenance, accélèrent le processus.
La GMAO 4.0, un outil d’aide à la décision
Vous avez constaté que pour atteindre tous ses objectifs, maîtriser la TPM et la MBF, la maintenance doit passer au numérique. Il lui faut une base de données simple d’accès pour être utilisable par tous les techniciens, personnalisable, car toutes les entreprises sont différentes, et capable d’évoluer en fonction des besoins du service.
Et vos besoins en informations sont énormes, car maintenant vous souhaitez gérer :
votre parc machines, de l’atelier aux composants à remplacer ;
votre documentation constructeur numérisée ;
vos interventions correctives et préventives, et les arrêts usine ;
vos retours d’expérience ;
votre stock de pièces de rechange ;
vos achats, de la commande à la facturation ;
votre personnel et vos sous-traitants ;
vos matériels lourds ;
vos tableaux de bord pour communiquer avec la production ;
et surtout, votre budget et vos dépenses.
Ce sont les besoins d’une véritable entreprise, non ?
Comment procéder ?
Votre responsabilité capitale, c’est le parc machines. C’est par lui que vous devez commencer. La production souhaite une disponibilité maximale des machines et vous, vous intervenez sur des composants usés. Il vous faut donc posséder l’arborescence de toutes vos installations, de la machine aux composants :
Mince ! Comment faire, sans embaucher une armée de petites mains, pour “cartographier” l’ensemble du parc machines ?
Procédez au fur et à mesure de vos interventions et en temps masqué.
Cas pratique : vous devez remplacer une électrovanne sur le circuit vapeur, mais elle n’est pas enregistrée dans votre GMAO ! Comment procéder ?
Demandez au technicien d’intervention de donner à l’agent méthode chargé d’enregistrer l’intervention dans la GMAO, le chemin de l’arborescence depuis l’atelier “Vapeur surchauffée” jusqu’au composant “EV5”. Exactement comme vous donneriez l’emplacement d’un fichier dans votre ordinateur. Ex : C:\Users\Moi\Documents\Cours\Maintenance. Ainsi, les interventions les plus courantes seront rapidement intégrées dans la GMAO.
Demandez à l’agent méthodes de compléter les arborescences déjà entamées à partir des documents du constructeur.
Au fur et à mesure et sans effort, l’arborescence sera complétée.
Le plus difficile est réalisé. Tout ce qui a été évoqué précédemment va désormais enrichir la GMAO : demande de travaux, compte rendu, plan de préventif et actions d’amélioration. Ces informations vont permettre de renseigner des modules interconnectés, et de déclencher des actions en chaîne qui faciliteront le travail du responsable de l’équipe Maintenance.
Tirez le maximum de la GMAO
Le compte rendu envoie son information de pièces consommées, ce qui décrémente la quantité en stock, provoque une commande chez le fournisseur, calcule une durée de vie moyenne de cette pièce, renseigne sur la cause de la casse ou de l’usure, met en avant cette cause en priorité à traiter et déclenche une alerte dans le tableau de bord !
Les MTBF et MTTR ainsi calculées automatiquement permettent de présenter l’analyse graphique FMD, et d'affiner la stratégie de maintenance en termes de fournisseur (cause de fiabilité) ou de formation de techniciens, d’achats d’outils de diagnostic performants ou de gestion de stock (cause de maintenabilité).
Ces informations de temps passé vont faire évoluer le TRS de l’équipement, donc de l’atelier, et modifier les prévisions de la production, de la gestion de production, des commerciaux.
Le coût de l’intervention va s’ajouter aux coûts de maintenance annuels pour une comparaison avec la ligne de budget alloué, être imputé à tel atelier de production ; il va permettre de classer la machine parmi les plus critiques et de débloquer un budget de révision, avec des dates de préventifs ou de travaux neufs choisies en collaboration avec l’équipe de production.
Les dates ainsi planifiées vont combler la charge de travail prévisionnelle des semaines à venir de l’équipe de maintenance, modifier les plannings de révisions et provoquer une sous-traitance de travaux de maintenance de 2e ou 3e niveaux, pour décharger les techniciens.
En résumé : le temps passé au préalable pour paramétrer la GMAO fait gagner des jours de travail, permet d’éviter de graves problèmes de stocks, de ressources humaines ou matérielles, de pertes financières.
Machines connectées et IoT
Les machines sont connectées entre elles avec le cloud computing, par l’intermédiaire de capteurs intelligents.
Les IoT, l’Internet Of Things ou I2dO (pour Internet industriel des objets), désigne les systèmes en capacité de réaliser des mesures de tout type, de manière automatisée et sur des portées importantes. À titre d’exemple, un Airbus A380 contient près de 200 000 capteurs connectés, 10 % seulement étant exploités pleinement. Ainsi, en moyenne, chaque vol génère près de 1,6 Go de données !
Pour les informaticiens, les enjeux sur les IoT consistent à maîtriser et harmoniser les protocoles de communication, ainsi qu'à amener tous les services associés qui répondent aux besoins des utilisateurs, tels que l’assistance vocale. En effet, les IoT, au-delà de représenter des sources de données intéressantes, sont le cœur de la valeur ajoutée pour le client final. C’est pourquoi la question de la sécurité des IoT sera la principale préoccupation dans les années à venir.
C’est le prochain bouleversement de notre écosystème, à la fois pour les consommateurs et pour les fabricants. Pour ces derniers, la possibilité de suivre en temps réel un produit tout au long de sa vie et de remonter les informations sur son état et son environnement est un vecteur formidable d’innovation. Ils pourront ainsi améliorer la conception de la génération suivante, anticiper les pannes…
Digitalisation des documents
Depuis le début de ce cours, l’enjeu est la réduction des coûts. Et la maintenance a une carte à jouer, si elle est capable de justifier des profits qu’elle fait faire à son client. La digitalisation de ses documents est un passage obligé pour elle. Et en particulier celle des modes opératoires.
Comment faire pour passer d’un centre de coût à un centre de profit ?
Miser sur la simplicité : simplicité rime avec efficacité. Supprimez tout superflu. Décrivez les opérations avec le minimum d’instructions et de références nécessaires à l’opération de maintenance : c’est du 5S documentaire !
Élaborer des documents clairs et précis : éliminer les interprétations erronées. Pour cela, précisez le nom des postes, les enchaînements d’opérations et leur temps alloué, les moyens employés. Utilisez des organigrammes, des synoptiques plus clairs que des phrases ; des photos.
Objectif zéro papier : la numérisation facilite les mises à jours. Le copier/coller, tout le monde connaît.
Faire du mode opératoire un pilier du système qualité de l’entreprise : l’élaboration et le maintien d’une documentation qualité efficace est l’une des recommandations des certifications ISO 9000.
Se mettre à la place de l’utilisateur : le mieux est de faire participer l’utilisateur à l’élaboration des modes opératoires, pour être certain qu’il se les approprie.
Exemple d’application au SMED
J’ai testé ce travail de numérisation avec des opérateurs. L’objectif était de diviser par deux un changement de série de 48 minutes. Ils disposaient d’un dossier de 40 pages recto verso avec photos et tâches à exécuter très détaillées. Excellent pour un débutant. Mais pour un opérateur un peu aguerri, nous avons constaté que sur les 48 min, 15 % du temps était consacré à la recherche d’informations dans le dossier. C’était la première cause de pertes.
En élaborant le mode opératoire à plusieurs, nous sommes arrivés à 20 minutes et une page d’instructions. Cette page a demandé 3 versions, rédigées et diffusées en quelques minutes !
Vous avez vu comment collecter et gérer les données de la maintenance dans ce chapitre. C'est une étape nécessaire pour mettre en place une maintenance prédictive. Nous allons nous intéresser à ce type de maintenance dans le chapitre suivant !