Dans cette partie, l’objectif est d’utiliser ce que vous appris dans les parties précédentes, pour établir un tableau de bord et conduire votre activité. À la fin de ce cours, vous saurez organiser vos arrêts usine, et accompagner votre équipe dans son quotidien pour diagnostiquer et anticiper les pannes. Vous serez capable d’optimiser le recours au préventif et de vous assurer un bon approvisionnement de votre magasin de pièces détachées.
La première étape est de présenter des graphiques de performance des équipements, compréhensibles et exploitables par tous, et de les rassembler dans un tableau de bord.
C’est parti !
Tracez un TRS « analytique »
Le TRS est “l’indicateur trait d’union” entre les techniciens et les financiers, puisqu’il vous donne le “temps utile”, c’est-à-dire le temps pendant lequel le chiffre d’affaire est généré. Il intéresse donc tous les services.
L’astuce est de lister les gaspillages subis en production, et de les présenter au dessus de la courbe de TRS sur une courbe à double échelle : échelle des gaspillages de 0 à - 100 %, et échelle du TRS de 0 à 100 %.
Utilisez des chiffres pour appuyer ces constats :
les pannes sont passées de 15 % de TRS à 5 %. On a gagné 10 points de TRS ;
les changements de fabrication ont raccourci de 5 % en 5 semaines ;
l’attente de la MO (main-d’oeuvre) s’est dégradée de près de 3 points en dernière semaine : c’est le seul point négatif ;
le TRS a augmenté de 15 % en 5 semaines pour atteindre 78 %, soit à 2 % de l’objectif des 80 %.
À vous de jouer :
La courbe suivante montre l’enregistrement du TRS et des gaspillages depuis 3 ans (la dernière année est décomposée en semaines).
Quelles sont vos conclusions ? Quelles sont les actions de progrès réussies ? Que reste-t-il à faire ?
Réponses :
les pannes qui représentaient près de 15 % de perte de TRS sont passées en 2 ans à moins de 2 % ;
les microarrêts ont augmenté de 8 à 13 %. En fait, les pannes se sont transformées et sont descendues au niveau des microarrêts dans la pyramide des pannes ;
les ralentissements ont totalement disparu en 2 ans ;
en revanche, la 3e année, 4 % du TRS est consacré systématiquement au nettoyage-inspection, ce qui a permis de réduire en partie les pannes ;
le seul type de gaspillage encore non traité est le changement de série qui fait perdre 10 % de TRS depuis 3 ans ;
malgré ces gaspillages, les actions de progrès ont fait passer le TRS de 63 à 73 %. Ce qui signifie que la valeur ajoutée coûte 10 % moins cher en 3 ans. Voilà le lien concret entre la technique et l’économique.
À présent, vous savez communiquer sur les progrès de votre entreprise ! Tout le personnel voit le rôle qu’il a joué dans ces résultats. Rien de tel pour impliquer les équipes à long terme. Maintenant, vous allez provoquer la même dynamique au service Maintenance.
Mettez en avant les progrès de la maintenance
L’indicateur de fiabilité : la MTBF
Nous avons déjà vu ce paramètre dans la première partie du cours : la MTBF permet de choisir l’échéance du préventif. Pour rappel, la MTBF s’obtient en calculant la moyenne des TBF (temps de bon fonctionnement), enregistrés dans la GMAO.
Dans le cas ci-dessous, la pièce défaillante de la machine tombe en panne en moyenne toutes les 29 h :
Plus la MTBF est élevée, plus la machine (ou le composant) est fiable.
L’indicateur de maintenabilité : la MTTR
Vous cernez bien l’importance pour la production de l’indicateur “Fiabilité”, avec le calcul de la MTBF. Mais il reste un indicateur propre à la maintenance : le TTR, pour “temps technique de réparation”, adaptation de l’expression anglaise “Time to Repair”.
Comme pour analyser la fiabilité avec la MTBF, il suffit de faire la moyenne des TTR enregistrés dans la GMAO ou les comptes rendus papier. Dans le cas ci-dessous, l’intervention de remplacement de cette pièce dure en moyenne 3,8 h :
Cet indicateur fournit une information intéressante sur les caractéristiques intrinsèques de la machine :
les difficultés d’accès des composants de la machine ;
sa complexité à réparer ;
la disponibilité de ses pièces de rechange.
Mais aussi sur les ressources employées :
la compétence des techniciens ;
l’effectif mis à disposition ;
les outils.
Et sur l’apport des opérateurs en MN1 et 5S.
La disponibilité des machines
Ce qui intéresse votre client, la production, c’est la disponibilité de ses moyens de production.
Cette disponibilité est la combinaison de la fiabilité de ses machines et de leur maintenabilité.
Les autres temps d’arrêts qui ont pour cause des défaillances internes à la production ne sont pas pris en compte.
La disponibilité d’une machine du point de vue de la maintenance se calcule comme suit :
D = MTBF / (MTBF + MTTR)
L’indisponibilité vue par la maintenance
Pour le service Maintenance, il est plus simple d’analyser la disponibilité sur une période donnée. Ex. : 1 mois, 1 an.
Ce qui revient à relever 3 indicateurs :
l’indisponibilité causée par la somme des TTR au cours de la période, à la place de la disponibilité D calculée ci-dessus ;
le nombre de pannes en lieu et place de la fiabilité ;
la MTTR comme indicateur de la maintenabilité.
Tous ces chiffres sont facilement extraits de la GMAO.
L’analyse FMD : Fiabilité - Maintenabilité - Disponibilité
Sur un même graphique, vous pouvez représenter ces 3 résultats en histogrammes, en commençant par la synthèse qui est la disponibilité, c’est-à-dire la somme des TTR. L’objectif de cette valeur est bien de refléter l’indisponibilité de la machine.
Classez vos résultats d’indisponibilité selon le principe Pareto, par ordre décroissant.
En-dessous, représentez la fiabilité, nombre de pannes sur la période. Classez vos résultats dans le même ordre que la disponibilité.
Enfin, en bas, représentez l’histogramme de la maintenabilité (MTTR), classé dans le même ordre que les précédents.
Vous pourrez ainsi comparer la disponibilité de vos machines prioritaires et prendre des décisions stratégiques :
Décisions stratégies
Suite à votre analyse FMD, vous pouvez identifier deux machines qui sont particulièrement pénalisantes.
Machine n°1 : cette machine est dans la moyenne des fréquences de pannes, mais elle est 4 fois plus longue à réparer que les autres. Votre plan d’action va s’orienter vers des solutions pour améliorer l’indicateur de maintenabilité : la MTTR.
Machine n°2 : cette machine subit une fréquence de pannes 4 fois supérieure aux autres. Il faut donc anticiper les pannes par des actions préventives systématiques ou conditionnelles, ou remplacer certaines pièces fragiles par de plus robustes.
Vous avez maintenant les principaux indicateurs de performance en main : TRS, disponibilité, fiabilité, maintenabilité. Vous allez pouvoir construire un tableau de bord : le GPS de vos activités !
Créez vos tableaux de bord et partagez vos indicateurs
Rappelez-vous votre mission QCD (qualité-coût-délai) ! Vous devez démontrer que votre parc machines est disponible pour satisfaire la quantité demandée, que vos machines sont aptes à produire de la qualité et tout ça à un coût optimal. C’est sur la base de ces missions que vous allez bâtir votre tableau de bord en 3 parties :
une partie concerne votre client, la production ;
une autre partie vos performances internes ;
une dernière vos actions d’amélioration.
Avec votre client, définissez au préalable un barème des seuils des temps de réparation, par exemple :
MTTR < 5 min = arrêt mineur ;
5min < MTTR < 30 min = arrêt majeur ;
MTTR > 30 min = arrêt critique. Pour les dépassements de ce seuil, des actions rapides doivent être mises en oeuvre.
Les indicateurs suivants sont calculés sur une période définie ; le plus souvent, la semaine.
Partie performance Production
Vous avez classé les machines prioritaires dans la partie 2. Ce sont celles qui intéressent votre client et qui apparaissent sur votre tableau de bord. Cette partie présente vos performances vis-à-vis de la production.
Indicateur | Calcul | Graphiques et interprétations |
TRS | Calculez les 3 taux : TM, TP, TQ et le TRS (chapitre 1 de cette partie) | TM et TP vous concernent en priorité : pannes et microarrêts |
Disponibilité | D = MTBF / [MTBF + MTTR] | Graphique en % des disponibilités hebdomadaires des machines prioritaires |
Fiabilité | Nombre de pannes pendant la semaine | Graphique FMD |
Maintenabilité | MTTR = (somme des TTR) / nombre de pannes | Graphique FMD et informations spéciales sur les MTTR dépassant le seuil critique. |
Partie performance interne
Vous souhaitez optimiser vos dépenses ? Cette partie présente vos performances en interne.
Indicateur | Calcul | Graphiques et interprétations |
Performance des équipes |
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Sous-traitance | Nombre d’heures sous-traitées et cumul depuis le début de l’année | Permet de suivre l’impact de la maintenance sous-traitée |
Heures supplémentaires | Nombre d’heures supplémentaires demandées à l’équipe | Gestion du personnel et de la sous-traitance |
Coût direct | Dépenses en pièces et main-d’oeuvre de la semaine | Ces 2 analyses permettent de suivre l’évolution des coûts de maintenance au regard du budget alloué. |
Coûts des pièces | Coût des pièces et cumul depuis le début de l’année |
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Coût indirect | Pertes de production générées par les pannes | Indicateur ultime de négociation avec la production. L’augmentation des coûts indirects incite à favoriser la MN1, le 5S, les arrêts pour maintenance préventive |
Partie actions d’amélioration
Indiquez dans cette partie vos plans d’action lancés, en cours et soldés. Vous justifiez ainsi votre activité, vos dépenses et vos progrès. Cette partie présente votre mobilisation et celle de votre service. C’est essentiel pour rester serein !
À la fin, votre tableau de bord global va ressembler à cela (cliquez ici pour afficher l'image) :
Grâce à ces indicateurs, vous maîtrisez vos objectifs, vos actions et vos priorités.
Dans le chapitre suivant, vous mettrez en place des outils de gestion de votre effectif pour atteindre vos objectifs stratégiques.