Apprenez à connaître les points forts des entreprises spécialisées dans la transformation digitale
Le cabinet d’analyse de marché IDC publie deux fois par an un « Guide mondial des dépenses liées à la transformation digitale », qui prévoit ce que les entreprises s'apprêtent à dépenser dans ce secteur.
En avril 2019, ce rapport a prédit des investissements de l’ordre de 6 000 milliards de dollars en technologies et en services au cours des quatre prochaines années, soit une solide croissance de 15 à 20 % par an. Six mille milliards de dollars sur quatre ans. Imaginez un peu !
Tout un secteur s’est développé pour aider les entreprises qui prévoient d'entreprendre, ou ont déjà entrepris leur transformation digitale. La concurrence fait donc rage parmi un large éventail de fournisseurs de technologies, de cabinets de conseil et autres entreprises de services qui luttent pour capter une part de ce marché.
Comme à chaque fois que la concurrence est rude et que le marché est plein de clients potentiellement désarmés devant l’étendue du choix, les discours commerciaux ne manquent pas de paillettes, ni d'hyperboles.
Alors, comment distinguer la réalité des argumentaires publicitaires ? La loi d'Amara, du nom de Roy Amara, ancien président de l'Institute for the Future, dit que :
« Nous avons tendance à surestimer les effets d'une technologie à court terme, et à les sous-estimer à long terme ».
Comparez les nouvelles technologies au « Cycle du Hype »
Depuis plusieurs années, Gartner publie annuellement son Cycle du Hype (“Hype Cycle”), que l'on pourrait résumer en « cycle des tendances technologiques », et dont on peut voir l'illustration ici.
Gartner démontre ainsi que, le plus souvent, les tendances en matière de nouvelles technologies sont assez proches de la courbe de ce schéma, et confirment assez bien la loi d'Amara. C'est un outil que l'on peut appliquer aux dernières innovations du marché.
Prenez comme exemple la façon dont l’intelligence artificielle est perçue par le marché. En 2018, des capital-risqueurs ont investi dans 1 028 start-up liées à ce domaine, ce qui représentait plus de trois fois et demi les investissements réalisés au cours de l'année précédente. Vingt-six de ces entreprises portaient même le sigle IA dans leur nom. En étant cynique, on pourrait extrapoler, et se dire que l’utilisation de ce sigle IA a favorisé l’obtention des financements et ce, quelle que soit la capacité de ces acteurs à développer quelque chose de réellement innovant. Bien souvent, les entreprises qui prétendent utiliser l'IA ne font, en réalité, rien de plus qu'intégrer des algorithmes qui sont déjà sur le marché, parfois depuis plus de cinquante ans. C’est une réalité du marché. Toute l'excitation que l'IA a fait naître dans les conférences et les articles de presse amène à ce type de pratiques. La méconnaissance des utilisateurs/acheteurs face aux nouvelles technologies, du champ des possibles, et le sentiment de ne pas être à la page, renforcent ce sentiment d’urgence. Nous sommes donc confrontés à un écart important entre le besoin réel, le besoin perçu et les résultats obtenus. Le plus souvent, ce n’est autre que de la “poudre de perlimpinpin” ! En d'autres termes et pour revenir au cycle de Gartner, l'IA vient tout juste de sortir de la phase de désillusion, et attaque en ce moment la pente de la révélation.
Tomber dans le “solutionnisme technologique” ne permettra pas de mener à bien une transformation. L’outil n’est pas la réponse ni la solution. Sans transformation de l’organisation et des hommes et des femmes qui la composent, la solution ne sert à rien.
On peut reprocher au Cycle du Hype de donner à chacun la possibilité d’interpréter subjectivement les tendances. C'est néanmoins un bon outil pour relativiser les promesses des fournisseurs de services et de solutions technologiques, toujours prompts à agiter une baguette magique capable de résoudre les problèmes de votre entreprise, dans l'espoir de vous faire apposer rapidement votre signature au bas d'un contrat.
Utilisez le concept de POC (proof of concept) pour lancer votre projet
Le moment où vous vous déciderez à adopter une technologie nouvelle ou une solution dépendra de la capacité de cette technologie à répondre précisément à votre problème.
Il y a deux éléments primordiaux à analyser : le coût de mise en place et de développement, et le retour sur investissement, une fois votre projet déployé. Vous pourrez ensuite prendre votre décision en toute connaissance de cause. En cas de doute, faites un essai sur une durée déterminée. C’est à cela que sert un “POC”. À partir de ressources, d'investissements et de facteurs clés bien identifiés, vous pourrez rendre votre projet viable.
Il sera également judicieux d’anticiper la roadmap du déploiement si l'essai s'avère concluant. Vous pourrez ainsi éviter les délais entre les conclusions du POC et la phase d’industrialisation. Vous pourrez ainsi continuer sur votre lancée sans avoir à obtenir à nouveau l’accord des différentes parties prenantes de l'entreprise. Mais souvenez-vous : tout comme l’appareil ne fait pas le photographe, la technologie n’est pas l’unique solution à votre problème.
Découvrez comment Blue Cross a anticipé les risques liés à son projet
Si nous revenons au projet Tap Dogs, l'utilisation de systèmes de paiement sans contact intégrés dans les gilets des chiens était une nouvelle application technologique, ce qui comportait donc quelques risques. Toutefois, la technologie de paiement sans contact était déjà bien implantée, et le grand public l'utilisait largement pour payer ses achats, d’un simple café jusqu'aux courses à l'épicerie.
Par ailleurs, le coût de mise en place de la technologie était également minime (il s'agissait essentiellement d'assembler quelques composants relativement bon marché), et le retour sur investissement potentiel élevé. Donner le feu vert au projet Tap Dogs comportait donc au final relativement peu de risques.
Pourtant, même ainsi, le déploiement du projet à grande échelle n’a pas été lancé immédiatement. Un test “grandeur nature” n’utilisant que quatre chiens pour faire la quête a d’abord été mis en place pour limiter encore les risques, avant de passer à un plus large déploiement dans les mois et les années suivant la validation du test.
En résumé
Les fournisseurs de technologies et de conseils exploitent parfois l'aura de nouveauté qui entoure les nouvelles opportunités.
Le Cycle du Hype permet de savoir où se situe votre entreprise en termes de technologie.
Réaliser une POC et élaborer un plan pour passer du test à l’adoption de la technologie est un excellent moyen de réduire les risques.