Apprendre au 21e siècle, cela passe par de nombreuses stratégies, dont la plupart demandent aux apprenants d’être dans l’action. Le déclenchement de l’action est défini comme la quantité d’efforts et la qualité de la persistance face aux tâches de formation, tout autant que l’état émotif de l’apprenant. C'est ce que l'on appelle l'engagement.
Pour concevoir votre séance de formation engageante, vous allez développer des activités pédagogiques et les documents adaptés.
Mais comment rendre des activités engageantes ?
C’est ce que vous allez travailler dans cette première partie. En analysant différents exemples, vous serez capable d’en tirer des questions concrètes qui seront les boutons de réglage de l’engagement de vos apprenants.
Pourquoi partir d’exemples ? Parce qu’il est plus facile de conceptualiser à partir d’exemples concrets. C’est un modèle pédagogique couramment utilisé, n’hésitez pas à vous en servir. Ayez simplement en tête que ce modèle peut présenter un écueil : l'impression de flou, de ne pas savoir où on va, lors de la première partie du processus. Après avoir vu ces différents exemples, nous allons finir par récapituler comment régler l’engagement, à partir de quelques questions concrètes qui vont vous accompagner tout au long de votre préparation.
Afin de comprendre les facettes de l’engagement, prenons un premier exemple :
Vous êtes apprenti menuisier dans une classe de 18 apprentis menuisiers. Le programme de formation du jour est d’apprendre à monter un meuble.
Vous commencez par l’atelier scier, puis l’atelier poncer, l’atelier clouer, et enfin l’atelier “tout le monde monte le même tabouret”.
Maintenant, imaginez que la journée commence par “aujourd’hui nous allons imaginer et réaliser un salon de jardin en utilisant tous les types de bois que j’ai mis à votre disposition”.
Là, déjà, on a plus envie de s’y mettre. En un mot, c’est plus engageant.
Pour favoriser l’engagement, je vous propose de jouer sur six dimensions, comme six boutons de réglage de l’engagement :
En tant que formateur, vous allez chercher à utiliser ces leviers pour favoriser l’engagement.
Régler le niveau d’environnement revient à préparer le matériel nécessaire pour votre séance de formation, les ressources documentaires, et les rendre plus attractifs. Faire travailler la maîtrise des outils (comme la scie circulaire ou la visseuse) à des apprentis menuisiers avec du matériel entretenu plutôt que défectueux, dans un atelier spacieux avec des réducteurs de bruit, permettra aux apprenants d’être plus engagés et de mieux apprendre.
Régler le niveau d’interaction, c’est d’un côté travailler son côté “superprof” favorisant l’attention et l’écoute active lors d’un temps de transmission, mais c’est surtout favoriser le travail et la coconstruction de savoirs entre pairs. Par exemple, c'est former des équipes de trois apprenants : le premier s’entraîne à la scie circulaire, le second le coache en direct, le troisième évalue le geste grâce aux critères de réussite que vous lui avez préalablement fournis.
La construction d'un savoir, justement, peut atteindre différents niveaux. À votre avis, allez-vous faire en sorte que vos apprenants connaissent la théorie de la scie circulaire, ou plutôt faire en sorte qu’ils sachent utiliser l'outil ? Voilà un choix de niveau de maîtrise.
Régler le niveau de motivation interne, ce sera se demander ce qui a du sens pour l’apprenant. Vous approfondirez les différents aspects de la motivation dans la deuxième partie. D’ici là, proposez à vos étudiants-menuisiers de concevoir un salon de jardin plutôt que de monter tous le même tabouret.
Concevoir son propre meuble, c’est aussi faire appel à la créativité des apprenants. Vous pouvez régler ainsi le niveau des “idées naissantes”. Cela consiste à prendre en compte et s’appuyer sur les préconceptions, l’intuition, ou encore la créativité de chacun.
Enfin, monter le niveau d’implication, c’est chercher à rentrer dans les pédagogies actives : de l’apprenant passif qui écoute un cours, à participatif quand il pose des questions, vous pouvez l’impliquer davantage, en le rendant actif (il fait des exercices), acteur (il construit son savoir), voire concepteur de son apprentissage.
Remarquez que certains réglages sont plutôt extérieurs à l’apprenant (environnement, interaction), l’un étant lié au savoir à développer (le niveau de maîtrise). Les autres réglages sont directement liés à l’apprenant (motivation interne, implication, idées naissantes).
À travers cette façon de décliner l’engagement, on retrouve une construction multidimensionnelle décrite dans les modèles classiques, qui mettent en avant l’engagement affectif, comportemental et cognitif, mais qui peinent à rendre observable et actionnable l’engagement. Votre défi, dans ce cours, sera justement de rendre concrètement actionnable l’engagement.
Rendre actionnables ces six boutons de réglage, cela peut se faire en ayant en tête des questions concrètes à se poser tout au long de la préparation de votre séance.
Je vous propose d’explorer chacune de ces dimensions à partir d’autres exemples, et d’identifier les questions qui vont vous rendre plus facile le chemin vers l’engagement de vos apprenants.